“Si vous ne reprochez rien à la hiérarchie militaire, il faut aussi laisser les petits gars-là sortir. Je suis prêt à rester 100 ans à la MACA s’il le faut” a lâché un brin excédé Gilbert Diendéré ce mercredi matin à la barre. Une réaction applaudie par une poignée de l’assistance.
Ce comportement d’une partie de l’assistance amène le président du tribunal Seydou Ouédraogo à sortir de ses gonds: “on n’applaudit pas. Si vous persistez, je vais vous faire vider de la salle” tonne-t-il.
La parole est redonnée au procureur, il revient à charge sur des noms de certains accusés civils et militaires, éléments incontrôlés selon des dires du Général qui les a dénoncés au juge d’instruction. Le parquet se dit surpris des propos du général car selon lui, c’est le général qui a dénoncé certains de ces coaccusés. Il cite notamment le cas du commandant Abdoul Aziz Korogho qui avait bénéficié d’un non-lieu dans le dossier, qui a été cité par la suite par le général Diendéré comme celui qui assurait les aspects opérationnels pendant les événements ainsi que le cas de Ouédraogo Adama dit Damiss journaliste qui a été cité par le général comme l’un des rédacteurs de la déclaration du CND.
«Est-ce que ce sont les sous-officiers qui ont agi ? Est-ce que c’est le parquet qui a prononcé les noms pour qu’ils se retrouvent ici? », S’interroge le parquet.
Puis ironise-t-il, “que ce matin, le Général ne vienne pas dire qu’il est surpris de les voir sur le banc des accusés”.
À ces mots, le général ajoute : »Le parquet me fait dire des choses que je n’ai pas dites. Si le parquet estime que j’ai dénoncé des gens qui sont ici, qu’il sache que j’ai cité la hiérarchie militaire en premier, mais les chefs ne sont pas là. Les premiers que j’ai dénoncés, c’est la hiérarchie militaire. Pourquoi elle n’est pas là? Ceux qui ne sont pas là, sont plus complices que ceux qui sont.”
“Arrêtons de divertir les gens”, ajoute Diendéré d’un ton énervé.
Il refuse d’ailleurs de répondre ensuite aux questions du parquet tout en précisant qu’il est à la barre pour s’expliquer.
Pour montrer sa bonne foi et sa volonté de faire libérer ses coaccusés, le général Diendéré explique aussi avoir écrit plusieurs fois au chef d’état-major général des armées, afin qu’ils laissent les jeunes (inculpés dans le dossier) continuer à travailler, mais il dit n’avoir jamais eu de réponse.
Me Dieudonné Bonkoungou après avoir interrogé son client à la barre a conclu citant des écrits saints: « la justice est un peu comme le sel de la société. Ceux qui doivent conserver cette saveur qui est la paix, ce sont les juges. » Il s’est par ailleurs interrogé: «où est Zida? Il aurait pu être là pour faire face à ses bourreaux. Qu’à la fin de ce procès, qu’ils puissent se réconcilier et non garder des rancœurs. »
Maître Antoinette Ouédraogo, autre avocate de la défense, est allée dans le même sens, elle souhaite que «le procès aboutisse à une justice de réparation et qu’après tous puissent se regarder sans complaisance mais avec amour».