Financement du G5-Sahel : Des promesses circonspectes venues de Nouakchott

Publié le dimanche 9 decembre 2018 | Aujourd`hui au Faso

© Présidence par DR
G5 Sahel : le président du Faso à la Conférence de coordination des partenaires et bailleurs de fonds à Nouakchott.

Près de deux milliards d’euros. C’est le montant des promesses faites à Nouakchott, lors d’une conférence des donateurs. Les besoins sont «largement couverts», assure pour sa part Mahamadou Issoufou, président en exercice du G5-Sahel.

Bonne nouvelle donc venue de la Mauritanie pour une institution, dont l’idée est bonne, mais qui peine à tenir sur ses jarrets. Jambes flageolantes, affaiblies par des sources de financement pas régulières, pas fiables et pas solides, elle chancelle depuis le début de sa création, engrangeant quelques victoires, mais trébuchant toujours.

Cette annonce de financement est une bouffée d’oxygène qui devrait en principe lui redonner du punch et lui permettre d’embarquer résolument enfin vers sa destination : éradiquer le terrorisme et ses adjuvants dans le Sahel. Le financement des besoins globaux du Programme d’investissement prioritaire (PIP) devrait en effet apporter le corollaire indispensable à la lutte militaire qu’est le tronçonnage des causes et de l’engrais de la radicalisation des jeunes sahéliens, force nourricière du terrorisme dans la région.

Rien ne sert en effet de se battre contre les feuilles d’un arbre si son tronc tient toujours solidement sur ses racines non moins fermement ancrées dans le sol, nourri par les frustrations, les désillusions, le sentiment de marginalisation, la pauvreté, le manque d’information et la persistance des lavages de cerveaux pratiqués dans certains lieux dits saints. Les projets structurants annoncés par le G5-Sahel, s’ils sont efficacement mis en œuvre, généreront des emplois, des opportunités et contribueront à déchirer le voile sombre qui bouche l’horizon de ces nombreux jeunes africains en perte de repères, de guides et d’espoir. C’est un humus aux vertus aphrodisiaques pour le radicalisme, l’extrémisme violent et ses «motards» que sont les trafics de tous genres.

Cependant, il est dit que chat échaudé craint l’eau froide. Les promesses de financement, il y en a plu sur la table du G5-Sahel. Et si cela ne tenait qu’à elles, il y a des calendes que l’institution serait dans les limbes de son apogée. Les intentions ont été nombreuses à avoir été manifestées, mais leur effet dans les caisses n’était pas aussi dithyrambique.

Conséquence, cette annonce peut être prise avec de gigantesques pincettes et sans grande manifestation d’euphorie. Et ce, en attendant leur concrétisation sur le terrain. Vivement donc que ces promesses ne s’égarent pas une fois de plus dans les dédales de la concrétisation.

Ahmed BAMBARA

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