L’audition du président du Conseil national pour la démocratie (CND), le général Gilbert Diendéré, accusé dans le dossier du putsch manqué du 16 septembre 2015 au Burkina, s’est poursuivie ce mardi 4 décembre 2018 devant la Chambre de jugement du tribunal militaire. Lors de son interrogatoire à la barre, il a soutenu que l’arrestation des autorités « n’a pas été préparée », sinon « les choses allaient être différentes ».
Répondant à une des questions de ses avocats, le général Gilbert Diendéré a dit que pour lui, ce qui s’est passé le 16 septembre 2015, notamment la prise en otage des autorités de la transition, « était un mouvement d’humeur » et que l’action posée laisse apparaitre que ça « n’a pas été préparé ». « Je pense qu’il n’y a pas eu de réunion avant l’exécution », a affirmé le général présumé putschiste.
Selon le président du CND, s’il était l’auteur du putsch manqué, comme les gens le pensent, et si cela « a été préparé les choses auraient été » autrement. Il a noté que si ce qui est arrivé le 16 septembre 2015, était son œuvre, il n’allait pas laisser des gens venir « négocier », mieux, au lieu qu’il quitte son domicile pour aller au camp, quand il a reçu l’information de l’arrestation des autorités, il allait se rendre directement à la télévision pour faire sa déclaration.
Il est resté sur sa position en ce qui concerne la paternité du coup d’Etat manqué. Dès le début de son audition, il a fait savoir qu’il n’a « ni commandité, ni organisé, ni exécuté » le putsch. Mais également, il a déclaré n’avoir pas cherché à connaitre les exécutants de cette action, qui les a conduits aujourd’hui devant le juge. « Rien ne justifie qu’il y ait un coup d’Etat dans ce pays », a laissé entendre l’ex-chef d’état-major particulier de la présidence du Faso sous Blaise Compaoré.
Selon Me Stéphane Somé, de la partie civile, dont les échanges entre lui et l’accusé n’ont pas été tendres, a indiqué qu’au regard de la déposition du général Diendéré, des facteurs comme « la frustration » justifieraient le putsch, et que si le général a fait le coup d’Etat, c’est dans le but de « restaurer un régime déchu », notamment celui de Blaise Compaoré avec qui il a « servi » pendant de longues années. « Pour vous les choses ne se sont pas bien passées. Vous n’avez pas digéré ce qui s’est passé (en octobre 2014) et vous venez en réaction », a soutenu Me Somé.
« Ce que j’ai assumé, c’est seulement la prise du pouvoir le 17 septembre 2015, après qu’on ait constaté la vacance du pouvoir, et non ce qui a suivi cette date et qui a causé des morts et des blessés. Je n’ai jamais donné des ordres d’aller tirer sur quelqu’un », a dit le général Gilbert Diendéré.
L’accusé a tenu à faire une déclaration dans laquelle il a demandé pardon aux victimes du putsch et à leurs parents avant que leurs conseils ne prennent la parole. « J’étais conscient que je risquais la peine capitale car elle n’avait pas été abolie. Mais, j’ai bien voulu assumer mes responsabilités », a-t-il dit, déclarant que son « ambition » en acceptant de prendre le devant des choses, était pour sauver le pays.
« Je n’ai jamais fui mes responsabilités. J’ai décliné tous les offres d’exil qui m’avaient été proposés quand j’ai décidé de remettre le pouvoir. Ce qui apparaissait important pour moi, ce n’est pas ma vie. Pour moi qui a servi le pays pendant 40 ans, ce qui importait c’était de me mettre à la disposition de la justice pour que les victimes et leurs parents aient la vérité », a-t-il déclaré, demandant à ceux-ci d’accepter ses « excuses les plus sincères ». Mais pour Me Prosper Farama, « c’est aux familles des victimes de décider de (le) pardonner ou pas ».