Considéré par beaucoup comme la "boîte noire" du putsch manqué, l’audience du Général Gilbert Diendéré était très attendu des Burkinabé. Mais à la barre depuis ce lundi 26 novembre 2018, celui qui avait dit endosser toute la responsabilité de ce coup de force a nié les faits.
«Je n’ai ni commandité, ni planifié, ni organisé, ni exécuté ce que d’aucuns ont appelé coup de force» a t-il confié avant de porter des accusations sur le colonel Zida : « Le coup d’État des 30 et 31 octobre 2014 a permis au Lieutenant-colonel Zida de prendre le pouvoir au grand dam de la hiérarchie militaire »
« Le plus grand tort a été d’avoir fait ce putsch ... Je n’ai pas peur d’affronter la justice. Je prends toutes mes responsabilités, j’assume pleinement ma responsabilité, je répondrai aux questions qu’on me posera, je ne vais pas nier qu’il y a eu des morts. Il faut aller vers la recherche de la paix et de la stabilité et je pense que nous allons y aller... ».
Tels étaient les propos du général Gilbert Diendéré le 23 septembre 2015, à la fin du putsch. Ce qui a fait pensé à de nombreuses personnes qu’il détenait des secrets sur ce coup d’Etat qui a endeuillé de nombreuses familles.
Depuis lors, le Général est considéré, par certains comme la boîte noire du putsch, par d’autres comme le cerveau. A ce titre, son audience était des plus attendues, d’autant plus que le Général a été pendant plus de 30 ans le bras droit de Blaise Compaoré dont il était le chef d’état-major particulier. Egalement, patron de l’ex RSP, le régime de sécurité présidentielle, c’était la personne la mieux renseignée du pays selon plusieurs analystes qui n’hésitaient pas à dire qu’il était au courant de tout ou presque tout.
C’est donc tout naturellement que le public qui avait déserté la salle des Banquets de Ouaga 2000 quelques jours après l’ouverture du procès a repris du service ce lundi 26 novembre. Mais à la barre, devant les juges et face aux 5 charges qui pèsent sur lui, à savoir, « attentat à la sûreté de l’Etat, meurtres, coups et blessures volontaires, incitation à commettre des actes contraires au devoir et à la discipline militaire », le général de l’armée va plaider non coupable. « Je n’ai ni commandité, ni planifié, ni organisé, ni exécuté ce que d’aucuns appellent aujourd’hui coup de force », a déclaré Diendéré.
Durant toute son audition, le Golf portera des accusations sur l’ex Premier ministre, Yacouba Isaac Zida, en exil au Canada. « Le coup d’État des 30 et 31 octobre 2014 a permis au lieutenant-colonel Zida de prendre le pouvoir au grand dam de la hiérarchie militaire », a t-il indiqué avant d’énumérer des problèmes que le RSP a connus dès ces moments.
Selon le général Gilbert Diendéré, le lieutenant-colonel Isaac Zida voulait contrôler l’administration, les finances publiques, la rue à travers les OSC, ainsi que les FAN. « Zida a vidé les caisses de la Présidence à son arrivé, il a financé (à hauteur de 50 millions) des OSC pour une campagne de dénigrement du RSP à travers les médias et les réseaux sociaux, pour amener le RSP à fauter, l’ancien Président du Faso Michel Kafando voulait se décharger de son Premier ministre Isaac Zida, mais il avait peur, on a retrouvé de la drogue dans le bureau de Zida à son départ… » ce sont entre autres déclarations faites par Diendéré sur Zida
Son audience suspendue aux environs de 16h30 reprendra mardi à 9H. C’est dire que les regards sont toujours suspendus aux lèvres du Général. Va t-il dire mieux que ça ? On attend de voir.