Chose promise, chose faite. Les généraux au pouvoir en Egypte ont mis à exécution leur décision d’arrêter le guide suprême des Frères musulmans, Mohamad Badie. En effet, ce dernier a été interpellé par la police dans la nuit du lundi 19 au mardi 20 août 2013, alors qu’il se trouvait dans un appartement aux alentours de la place Rabaa al Adawiya au Caire, où le sit-in des membres de la confrérie avait été violemment dispersé mercredi dernier. Cette arrestation constitue un véritable coup dur porté à la confrérie. Elle intervient après les répressions violentes subies par ses partisans depuis le début de la crise. Faut-il, pour cela, pleurer les Frères musulmans, eux qui continuent d’exiger le retour au pouvoir du président déchu, Mohamed Morsi, et ce, au prix de leur vie ? Rien n’est moins sûr. Mais si cette arrestation du guide suprême peut contribuer à apporter un peu plus de paix et de sécurité à l’Egypte, c’est tant mieux. Du reste, le langage de la fermeté utilisée par la junte militaire au pouvoir, semble produire ses effets. Croisons les doigts pour que les choses s’améliorent de sorte à ce que le pays trouve les voies d’une paix durable.
Dialoguer pour survivre
En tous les cas, au regard de l’évolution de la situation, il est préférable que la confrérie fasse marche arrière. La voie qu’elle a décidé de prendre semble sans issue. Les multiples marches et sit-in observés jusque-là se sont soldés par un échec cuisant, et le président déchu, Mohamed Morsi, reste en prison. Les nombreuses arrestations déjà opérées et celles en cours risquent d’affaiblir davantage la confrérie, toute chose qui doit donner à réfléchir à ses partisans, notamment les extrémistes. Le désordre dont les Frères musulmans sont à la base, contribue à les discréditer aux yeux du monde et peut donner raison aux généraux décidés à leur faire entendre raison par les bruits des canons. Il est temps pour eux de revoir leur stratégie de lutte, vu que la manière forte semble avoir montré ses limites. Pouvait-il en être autrement d’ailleurs dans la mesure où ils ont, face à eux, plus fort qu’eux ?
Critiqués du bout des lèvres par la communauté internationale pour la répression violente, le général Al-Sissi et sa troupe sont, aujourd’hui et plus que jamais, en position de force. Ils sont, d’ailleurs, soutenus par plusieurs pays arabes qui se disent prêts à compenser toute aide quelconque dont ils viendraient à être privés par l’Occident. Une déclaration qui sonne comme une carte blanche donnée au gouvernement pour mettre hors d’état de nuire les Frères musulmans.
La fermeté affichée par les généraux semble porter déjà des fruits car les appels à des manifestations dans le camp de la confrérie, se font de moins en moins entendre. Mais les Frères musulmans doivent encore aller plus loin, par des paroles et des actes concrets d’apaisement. Repoussés dans leurs derniers retranchements, ils ne semblent plus avoir d’autre choix que de négocier. Il faut qu’ils en aient le courage. Cela semble la voie la plus réaliste et, de toute manière, il y va de leur survie dans une crise où les généraux au pouvoir sont en position de force.
