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Burkina/ Putsch: La défense du Colonel-major Kéré relève «des contradictions et des contrevérités» dans les propos de l’ex hiérarchie militaire

Publié le vendredi 23 novembre 2018  |  AIB
Attaque
© aOuaga.com par A.O
Attaque de Nassoumbou : les militaires tués décorés et inhumés
Mardi 20 décembre 2016. Ouagadougou. Les 12 militaires tués dans l`attaque terroriste du 16 décembre dernier à Nassoumbou dans le Nord-burkinabè ont été décorés à titre posthume et inhumés au cimetière municipal de Gounghin. Photo : général Pingrenoma Zagré, chef d`Etat-major général des armées
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Ouagadougou- Les avocats du Colonel-major Boureima Kéré ont qualifié mercredi, au Tribunal militaire de Ouagadougou, les déclarations de l’ex hiérarchie militaire qui incriminent leur client, de « contradictions et de contrevérités ».

Au cinquième et dernier jour de l’audition du Colonel-major Boureima Kéré à la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou, ses avocats se sont inscrits en faux face aux propos de la hiérarchie militaire devant le juge d’instruction.

Le Chef d’Etat-major Général des Armées (CEMGA) au moment des faits, le Général Pingrenoma Zagre aurait déclaré devant le juge d’instruction qu’il n’était pas informé du décollage de l’avion de l’armée de l’air ni du matériel de maintien d’ordre que ce dernier est allé récupérer à la frontière de la Côte d’Ivoire, a rapporté le parquet militaire.

Et pourtant, ledit matériel récupéré par le capitaine Gaston Ouédraogo sous instruction du Colonel-major Boureima Kéré, a été acheminé selon ce dernier, à la demande de cette hiérarchie militaire auprès du Général Diendéré.

Aussi, ce mercredi, Me Traoré, l’un des avocats du Colonel-major Boureima Kéré a estimé que «c’est malheureux» que la hiérarchie militaire accuse son client, de complicité dans le putsch de septembre 2015, alors qu’elle-même (la hiérarchie militaire) l’a validé (le putsch), selon ses dires.

Il a rappelé à cet effet, l’engagement du Général Pingrenoma Zagré devant le Général Gilbert Diendéré pour assurer le maintien d’ordre.

A sa suite, il a noté que c’est le chef d’Etat-major de la Gendarmerie d’alors le colonel-major Marcel Tuandaba Coulibaly qui a demandé au Général Diendéré du matériel de maintien d’ordre qui a été livré par ce dernier.

Un matériel dont des éléments de la police et de la gendarmerie sont venus chercher avec décharge, a-t-il affirmé.

«Pourquoi avoir accepté ce matériel si ceux qui vous l’ont livré (le Général Diendéré et le Colonel-major Kéré) sont des putschistes ?» a demandé Me Traoré.

Le Directeur général de la police nationale de l’époque Lazare Tarpaga a affirmé devant le juge d’instruction que la demande de matériels au Général Diendéré était une astuce de leur part pour ne pas cautionner le putsch sinon qu’ils avaient bien du matériel de maintien d’ordre, a également rapporté le parquet militaire.

Mais pour Me Traoré, «Ils (la hiérarchie militaire) étaient (seulement) de mauvaise foi car ils avaient peur d’assumer leurs responsabilités. C’est extrêmement grave» a-t-il estimé.

Pour lui, il est inconcevable que le Général Zagré affirme que le Général Diendéré a fait pression sur le Chef d’Etat-major de l’Armée de l’Air pour prendre l’avion qui est allé récupérer le matériel militaire.
«Quand on est responsable, quand on porte des galons, il faut assumer ses responsabilités sinon c’est malheureux » a-t-il affirmé à l’attention de la hiérarchie militaire.
Me Traoré estime donc que la responsabilité face aux morts, aux blessés et aux dégâts survenus pendant le putsch, incombe aux responsables de la gendarmerie et de la police d’alors, qui n’ont pas fait le travail de maintien d’ordre pour lequel ils s’étaient engagés et pour lequel ils avaient reçu du matériel.

Selon lui, si le Colonel-major Boureima Kéré était complice des putschistes, pourquoi, c’est lui que le Général Zagré a envoyé pour une mission de médiation à savoir demander au Général Diendéré de remettre le pouvoir aux civils.

Il a aussi rappelé que c’est le Colonel-major Boureima Kéré et le Commandant Abdoul Aziz Korogo, que le Général Zagre a appelé pour s’assurer du désarmement.

«Comment peut-on envoyer en mission un putschiste ?» a-t-il demandé avant de poursuivre qu’ « un putschiste ne facilite pas pour faire libérer un chef d’Etat comme le Colonel-major Kéré l’a fait pour le président Michel Kafando».

Selon Me Traoré, le Colonel-major Boureima Kéré a fait «beaucoup pour le Burkina Faso».

«La crise qui a fait fuir Blaise Compaoré (l’ancien président renversé en 2014) de son palais en 2011, c’est lui qui a œuvré auprès des troupes pour dénouer la crise. Il aurait pu utiliser sa position pour autre chose (putsch) mais il ne l’a pas fait», a-t-il affirmé.

Me Traoré a estimé que les différentes crises survenues au cours de la transition jusqu’à l’aboutissement du coup d’Etat de septembre 2015, n’étaient pas le fait de l’ex Régiment de sécurité présidentiel (RSP) mais de l’ex hiérarchie militaire.

Une hiérarchie qui de son avis, a laissé le politique se mêler des affaires militaires.

Il a cité à cet effet, le Premier ministre sous la Transition le Lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida qui selon ses dires, s’est ingéré dans les affaires militaires alors qu’il était devenu un politique.

Démarré le lundi 12 novembre dernier, l’audition du Colonel-major Boureima Kéré a pris fin ce mercredi devant la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou.

L’accusé était au moment des faits, le Chef d’Etat-major particulier de la présidence du Faso.

Il est poursuivi pour trois faits : complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre sur 13 personnes et coups et blessures sur 42 personnes. Il a plaidé non coupable.

Le Colonel-major Boureima Kéré avait été affecté en 1988 au Centre national d’entrainement commando de Po (CNEC) qui deviendra en 1995, le RSP, au terme de sa formation d’officier au Maroc.

Wurotèda Ibrahima SANOU
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