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Procès du putsch : le général Diendéré attendu à la barre lundi

Publié le vendredi 23 novembre 2018  |  Sidwaya
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© AFP par AHMED OUOBA
Le général Gilbert Diendéré, au palais présidentiel de Ouagadougou, le 17 septembre 2015.
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L’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats burkinabè, Mamadou Traoré, a comparu devant le tribunal militaire le jeudi 22 novembre 2018 pour son deuxième jour d’interrogatoire. Les débats ont porté sur des principes juridiques au-delà des faits de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, de meurtre et de coups et blessures volontaires.

Les avocats se sont époumonés à souhait sur leurs visions de la justice et de leur profession, le jeudi 22 novembre 2018, lors du deuxième jour de passage de l’ancien bâtonnier du barreau burkinabè, Me Mamadou Traoré, devant le tribunal militaire. Les deux conseils de l’accusé (des bâtonniers du Niger et du Cameroun) ainsi que les avocats de la partie civile se sont longuement prononcés sur les valeurs d’une justice démocratique, neutre et impartiale en lien avec la place et le rôle des avocats dans le système judiciaire. Ces développements faisaient suite à une réflexion de l’avocat de la défense, Me Patrice Monthé du Cameroun, estimant que les confrères de l’accusé aurait dû se liguer pour sa défense, plutôt que de se prêter au jeu de la poursuite. « Nous avons un devoir de confraternité », a-t-il notamment signifié à ses « jeunes » confrères de la partie civile. Il a trouvé « un peu désagréable » de voir un bâtonnier, poursuivi pour des charges « infâmantes » et de son avis, les confrères auraient dû se garder d’intervenir d’autant plus que le dossier de l’accusé est vide. Quoiqu’il ait apprécié la « grande courtoisie », l’humilité et la force du propos de Me Prosper Farama de la partie civile qui, la veille, avait déclaré sa gêne de devoir interrogé Me Mamadou Traoré en tant qu’accusé dans ce procès. Ce sur quoi, ce dernier « se sentira obligé » de réagir. « Il faut se garder de faire en sorte que la notion de la confraternité se transforme en une cabale de sorciers », a-t-il relevé. Il a dit refusé que les avocats se présentent comme le glaive de la justice et cherchent à s’en soustraire dès qu’ils sont en cause. « Même Dieu, on l’attaque », a-t-il clamé, soutenant qu’en termes de respect des droits de l’accusé, ce procès est une référence au Burkina. Mais avant d’en arriver à ce débat de philosophie juridique, les membres du parquet militaire s’étaient succédé à prendre la parole pour démontrer l’implication du bâtonnier Mamadou Traoré, au point de revenir sur des questions déjà posées la veille. Il s’est surtout agi de connaître l’heure exacte où l’accusé a rencontré le général Diendéré pour lui transmettre, comme il le prétend, des messages du président Sénégalais Macky Sall. L’accusé a maintenu être arrivé au camp Naaba Koom II aux alentours de 22h30, avoir attendu le général Diendéré plus d’une quarantaine de minutes, s’être entretenu avec lui « 2 à 3 minutes, 5 minutes au maximum », et être rentré chez lui directement. Ce que le parquet a trouvé « curieux ». Parce que le médecin de la Présidence du Faso, le colonel Yonaba a affirmé dans ses déclarations avoir aperçu l’accusé entre 6H et 7H du matin. « Comment cette rencontre a pu être possible si vous avez quitté le camp aux alentours de minuit ? », a-t-il demandé. Puis de poursuivre en relevant les dépositions du général Pingrenoma Zagré qui a fixé leur rencontre avec les militaires du RSP entre 00H et 3H du matin, et de l’archevêque Paul Yemboado Ouédraogo, également formel sur le caractère tardif de l’heure à laquelle ils ont discuté avec les éléments du RSP. « La courtoisie m’empêche de dire des choses sur les déclarations des uns et des autres. De toute façon il se pose un problème de logique que j’arrive au camp vers 22h et y reste jusqu’à 7h du matin…En terme poli et courtois, le colonel Yonaba ne peut pas m’avoir vu à 7h du matin au camp Naaba Koom II », a répondu l’accusé.

Rendez-vous avec le Général Diendéré

Pour lui, les questionnements du parquet tournent autour de la déclaration du CND, quoique personne n’ait déclaré l’avoir vu la rédigeant. Pourtant, a insisté le parquet, les déclarations du capitaine Oussène Zoumbri, du commandant Abdoul-Aziz Korogo montrent bien que l’accusé était bien dans la salle au moment de l’amendement de la déclaration du CND dans le bureau du chef de corps du RSP. L’accusé a répondu qu’il ne pouvait entrer dans le schéma mental des autres, notant que le colonel Yonaba a été préalablement entendu comme accusé avant de bénéficier d’un non-lieu et d’être cité comme témoin dans le même dossier. Il a fait remarquer que son interrogatoire tournait en spirale depuis la veille autour des mêmes questions tandis que les parquetiers ne le trouvaient pas convaincant. Le procureur militaire a ensuite demandé si l’accusé pouvait produire toute pièce (écrit ou autre) du président sénégalais prouvant que Me Traoré était bien son émissaire, parce que, a-t-il soutenu, s’il est vrai qu’il a été missionné par le président sénégalais, il aurait dû exister d’autres moyens de preuve. « Votre déclaration m’inquiète. En tant qu’avocat, c’est largement suffisant », a rétorqué le bâtonnier. Ce à quoi, l’un de ses avocats, Me Patrice Monthé du Cameroun, va réagir en rappelant au parquet qu’il n’appartient pas à l’accusé d’apporter la preuve de son innocence. L’ancien bâtonnier du Cameroun s’est à son tour échiné à relever des contradictions dans les dépositions qu’on oppose à son client. Il a aussi invoqué d’autres déclarations qui lui sont favorables, reprochant au parquet de manquer à son devoir de poursuivre à charge et à décharge : « on ne peut pas passer sous silence une déclaration favorable à l’accusé juste parce qu’on veut lui faire rendre gorge ». A propos des déclarations contradictoires, Me Zalyatou Aouba de la défense trouvera grave le fait de faire peser des accusations graves sur des accusés. Et de s’interroger : « sur quoi se fondent-ils pour choisir de croire tel accusé et non tel autre ? » A la fin de l’interrogatoire du bâtonnier, celui-ci s’est également fendu d’un long développement sur la perception qu’il a de ce procès (voir encadré). A sa suite, le général Diendéré a été appelé à la barre, mais, l’un de ses conseils, Me Mathieu Somé étant alité, le président du tribunal a reporté son interrogatoire au lundi 26 novembre. En attendant, les accusés dont l’interrogatoire a été entre-temps suspendu sont appelés à la barre, en premier lieu, Ousséni Faysal Nanema ce vendredi.

Fabé Mamadou OUATTARA
Jean Philibert SOME
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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