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Eddie Comboïgo, président du CDP: «Depuis le départ de Blaise Compaoré, le Burkina Faso vit «un grand bond en arrière»

Publié le vendredi 16 novembre 2018  |  aOuaga.com
Eddie
© aOuaga.com par DR
Eddie Comboïgo, président du CDP
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Jeudi 15 novembre, Eddie Komboïgo, président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) était l’invité Afrique de la RFI. Se prêtant aux nombreuses questions de Christophe Boisbouvier sur la situation politique et socio-économique du Burkina, il a déclaré sur les ondes de la radio internationale que depuis le départ de l’ancien président Blaise Compaoré, par ailleurs fondateur du CDP, le pays a fait un grand bond en arrière. Voici l’intégralité de son entretien. Lisez !

Boisbousvier : Le temps de Blaise c’était bien ou moins bien que maintenant ?

Komboïgo : Je pense que nous avons fait un grand bond en arrière sur tous les aspects : économiques et politiques. Ce qui sont sortis, se disant insurgés, depuis le départ, ont cru avoir un changement qualitatif. Mais il faut reconnaitre que la gestion d’antan était meilleure à celle d’aujourd’hui.

Boisbouvier : Vous dites que si les gens votent pour vous en 2020, il n’y aura plus d’attaques terroristes. Est-ce que ce n’est pas démagogique ?

Komboïgo : Ce n’est pas ce que j’ai dit. J’ai dit simplement que pour arrêter ces forfaitures, ces attaques barbares dans nos frontières, il faut travailler à l’unité des Burkinabé dans un premier temps, à réconcilier le peuple pour qu’il puisse appuyer une armée forte, bien équipée, bien préparée pour ce genre de choses. Ce qu’il faut également, c’est de travailler à ce qu’il y ait un renseignement conséquent et préventif. Il faut aussi travailler à occuper les jeunes qui sont appelés à faire cette basse besogne

Boisbouvier : Au temps de Blaise Compaoré, le Burkina faso faisait médiation entre Bamako et les rebelles du Nord. Au Mali, Ag Gali était reçu au Burkina par exemple. Est-ce qu’en échange Blaise Compaoré n’avait pas négocié la sanctuarisation du Burkina ?

Komboïgo: Je pense qu’il faut poser la question à Blaise Compaoré. Moi, c’est Eddie Comboïgo. Je pense aussi qu’il n’existe aucun pays au monde qui ne cherche pas à développer son service de renseignement et à négocier quand c’est nécessaire de négocier pour avoir la paix de son pays. Je n’ai pas géré, j’étais seulement député en 2012-2013-2014. Je pense que ceux qui ont géré avec Blaise sont ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir. Alors si c’était le cas, ils auraient la solution

Boisbouvier : Vous dites aussi qu’au temps de Blaise Compaoré, l’économie se portait mieux mais, n’est-ce pas à cause de la détresse économique et sociale que les gens sont descendus dans la rue pour renverser Blaise Compaoré en fin octobre ?

Komboïgo : Il faut resituer les choses. Les gens sont descendus demandant qu’il n’y ait plus de pouvoir à vie, qu’il n’y ait pas la révision de l’article qui consacrait que Blaise Compaoré puisse reconduire un nouveau mandat. Après 27 ans, ils avaient certainement raison. Les autres disent que 27 ans de règne, c’est trop, ils ont raison, à tord ou à raison. Mais nous constatons qu’aujourd’hui, la relève que nous attendions soit qualitative, qu’elle fasse monter l’économie, donner de l’emploi aux jeunes. Mais nous attendons toujours de voir. Nous avons constaté qu’il y a 473 écoles qui ont été fermées, mettant à la rue 64 000 élèves et plus de 2000 enseignants. Qu’est-ce qu’il sont devenus ces gens là ? Nous constatons que la vie devient de plus en plus chère, qu’on a augmenté le prix du carburant, de l’eau. Nous pensons que le CDP est le meilleur parti qui peut ramener une meilleure qualité de vie aux Burkinabé.

Boisbouvier : Donc avec le recul, vous dites, 27 ans de pouvoir, ça suffit. Blaise a eu tord de vouloir réviser l’article 37 de la constitution pour se maintenir ?

Komboïgo: Ce n’est pas ce que j’ai dit. Je dis qu’à ce moment, ceux qui sont sortis souhaitaient qu’on ne révise pas l’article 37. Nous sommes partis pour voter une loi qui devait consacrer la modification de l’article 37. Je vous dis que jusqu’à la fin du monde on ne sauriez pas l’issue de ce vote puisqu’on n’a pas pu voter

Boisbouvier :Donc, vous ne répondez pas par oui ou non. Vous vous dérobez à cette question quoi?

Komboïgo: Pas du tout. Je réponds à votre question, monsieur Boisbouvier (rires)

Boisbouvier : Le putsch avorté de 2015 mené par le Général Diendéré, vous êtes pour ou contre ?

Komboïgo : La prise de pouvoir par la force n’est pas l’arme du CDP. Le CDP compte revenir au pouvoir en reconquérant le cœur des Burkinabé, en allant aux urnes. La meilleure manière, d’avoir l’autorité, pour pouvoir bien gérer un pays c’est d’avoir les voix des Burkinabé. Et c’est pourquoi le CDP n’entend pas conquérir le pouvoir autrement que par les urnes.

Boisbouvier : Pourtant au moment de ce putsch, sur France 24, l’un de vos camarades, Léonce Koné, qui était vice-président du directoire de votre parti, a légitimé le putsch en disant, à propos du régime de transition, quand on se comporte de cette manière, ces choses arrivent.

Komboïgo : C’est son analyse. Ce n’est pas l’analyse du CDP

Boisbouvier: Mais il était l’un des patrons du CDP quand même

Komboïgo : Je suis le président du CDP. Je ne l’ai pas dit et après moi il y avait un vice-président qui ne l’a pas dit

Boisbouvier : Est-ce qu’il n’a pas dit tout haut ce que vous pensiez

Komboïgo: Il aurait fallu qu’une instance se réunisse, que le bureau exécutif du CDP se réunisse pour porter la position du CDP. Cette réunion n’a jamais eu lieu.

Boibouvier : Certains disent que malgré ses imperfections, le régime issu de l’insurrection de 2014 a au moins une qualité, sait défendre la liberté d’expression.

Komboïgo: Oui mais la liberté d’expression est battue en brèche aujourd’hui quand on sait qu’il y a des membres de la société civile qui sont attrapées et enfermées, je veux citer Pascal Zaïda, Naïm Touré et Safiatou Lopez. Il nous ont combattu à l’époque mais aujourd’hui ne peuvent même pas s’exprimer.

Boibouvier : En décembre 98, sou le régime de Blaise Compaoré, notre confrère Norbert Zongo a été assassiné. Aujourd’hui, François Compaoré, le frère cadet u président de l’époque est l’un des 4 inculpés dans l’affaire judiciaire. Est-ce qu’au moins aujourd’hui les journalistes n’ont pas la vie sauve ?

Komboïgo: Jusqu’à présent je ne pense pas qu’il y a une juridiction qui a reconnu la culpabilité de François Compaoré ou de qui que ce soit

Boisbouvier : Donc pour vous, l’affaire Norbert Zongo n’a rien à voir avec le régime Compaoré ?

Komboïgo : Ce n’est pas à moi de le dire. Je pense que ceux qui pensent que ça à voir avec le régime de Blaise sont allés devant les juridictions puisqu’il appartient aux juridictions de dire le droit

Puisque moi même j’ai été emprisonné en 2015 parce que moi-même, on m’a faussement accusé d’avoir soutenu le putsch mais après deux ans d’instruction la justice m’a blanchi complètement

Boisbouvier : En 2020 qui sera le candidat de votre parti CDP, son président, c’est-à dire, vous-même ?

Komboïgo : Le CDP a des manières de choisir et il appartiendra aux instances de choisir le candidat du cdp pour la présidentielle et également pour les législatives

Boisbouvier : A l’issue de votre dernier congrès, en mai dernier, Blaise Compaoré est le président d’honneur de votre parti et doit valider le nom du futur candidat pour 2020. Est-ce à dire que depuis son exil d’Abidjan il reste l’homme qui tire toutes les ficelles du CDP ?

Komboïgo: Non, nous pensons simplement que Blaise est un homme qui a complètement donné la moitié de sa vie à servir le Burkina, qui a géré le pays pendant 27 ans, qui est pétri d’expériences. On a voulu lui faire honneur, en lui permettant également de donner son avis sur le choix du prochain candidat à la présidentielle. Mais nous pensons que c’est un homme très réservé, très posé et il ne s’immiscera pas d’une manière désordonnée comme vous le pensez, il laissera faire les instances.

Boisbouvier : Mais d’après votre congrès de mai dernier, il valide le nom de votre futur candidat , il valide votre futur programme. C’est fort, il a un pouvoir

Komboïgo : Non, c’est parce que nous ne voulons pas l’écarter. Il doit également avoir son avis, le CDP reste un parti de Blaise Compaoré

Boisbouvier : Votre parti est divisé entre ceux qui veulent s’émanciper de Blaise Compaoré et ceux qui veulent lui restez fidèles, Vous vous êtes dans la deuxième catégorie, les fidèles ?

Komboïgo : Je ne vois pas un seul membre qui veut s’émanciper de blaise compaoré dans le CDP. Nous avons dit que Blaise ne souhaite pas revenir à la direction du parti, encore moins moins à la direction du pays. Blaise est un homme politique comme tant d’autres. Je veux parler de Mélégué Traoré, de Yéro Boli, de Topa Sané, Arsène Bognessan yé et j’en passe, qui sont là et qui sont des personnes ressources qui sont toujours avec nous et qui peuvent nous pousser à aller de l’avant en évitant les erreurs du passé

Boisbouvier : Donc pour vous, Blaise peut revenir dans l’action du quotidien comme il était avant octobre 2014

Komboïgo : Je ne lui ai pas demandé

Boisbouvier : La dernière fois que vous l’avez vu à Abidjan, qu’est-ce qu’il vous a dit ?

Komboïgo : Il m’a souhaité bon courage. Il sait que ce n’est pas facile ca c’est la première fois que notre parti vit l’opposition, il sait que nous avons des épreuves, il faut continuer le travail, il a confiance en nous

Boisbouvier : C’est après le congrès de mai dernier ?

Komboïgo : Juste après le congrès et une deuxième fois encore

Boisbouvier : Récemment

Komboïgo : Oui

Boisbouvier : Il va revenir au pouvoir ?

Komboïgo : Je ne lui ai pas demandé. Je ne crois pas que ce soient les ambitions de Blaise Compaoré, il ne l’a pas dit. Par contre, revenir dans son pays et vivre comme un citoyen normal et contribuer par ces conseils avisés au développement du pays, ça oui

Boisbouvier : Mais il est poursuivi par la justice de son pays, notamment dans le dossier Thomas Sankara

Komboïgo : Ecoutez, sur le dossier Thomas Sankara, s’il doit répondre, il répondra. Si on estime qu’il faut une justice transitionnelle où on permette aux uns et aux autres pas de faire table-rase mais de dire la vérité sur Thomas Snkara et permettre une réconciliation nous sommes tout à fait favorables.


Retranscription de Halima K
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