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Procès putsch manqué: Le commandant Abdoul Aziz Korogo refuse d’indexer des officiers supérieurs

Publié le dimanche 11 novembre 2018  |  AIB
Crimes
© aOuaga.com par A.O
Crimes commis lors de l`insurrection populaire : le MBDHP porte plainte tous azimuts
Mardi 31 mars 2015. Ouagadougou. Centre national de presse Norbert Zongo. Le Mouvement burkinabè des droits de l`homme et des peuples (MBDHP) a animé une conférence de presse pour annoncer qu`il a porté plainte auprès du Tribunal de grande instance de Ouaga et de la Haute cour de justice dans le cadre des crimes commis lors de l`insurrection populaire des 30 et 31 octobre et 2 novembre 2014. Photo : Me Prosper Farama, avocat à la Cour
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Ouagadougou - Au Tribunal militaire de Ouagadougou, les avocats de la partie civile ont, à travers une série de questions, mis la pression, vendredi sur le commandant Abdoul Aziz Korogo pour l’emmener à situer la responsabilité des officiers supérieurs dans le putsch manqué de septembre 2015, en vain.


Pour son quatrième jour de comparution à la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou, le dernier chef de corps du défunt Régiment de sécurité présidentiel (RSP), le commandant Abdoul Aziz Korogo persiste et signe qu’il n’a nullement participé au putsch manqué.

L’avocat de la partie civile Me Prosper Farama, se dit «embêté» de savoir que des soldats du RSP aient arrêté les autorités de la Transition dans leurs locaux sans que leur chef, le commandant Korogo n’en soit informé.

Soit, clame l’avocat avant d’interroger l’accusé pour savoir si ses soldats et sous-officiers échappaient à son contrôle, est-ce à dire qu’ils obéissaient à des officiers supérieurs.

Si le commandant Korogo affirme que c’est le général Diendéré qui l’a informé de l’arrestation des autorités de la Transition en affirmant «excusez-moi mais on ne pouvait pas informer tout le monde», il refuse d’indexer celui-ci comme la tête pensante du putsch.

«Est-ce à dire que le général Diendéré a fait partie de la préparation du putsch contrairement à ce qu’il a dit qu’il n’a fait que l’assumer», a demandé Me Prosper Farama.

«Ce que je sais, c’est que je n’ai pas ordonné d’aller arrêter les autorités de la Transition. J’étais outré de l’apprendre. C’est pourquoi, j’ai manifesté le désir de quitter mon poste», a répondu l’accusé.

«En apprenant l’information de l’arrestation, aviez-vous le commandement de vos hommes ?», a encore demandé Me Prosper Farama.

«L’arrestation prouve que ceux qui ont agi ne reconnaissaient pas mon commandement sinon, ils ne l’auraient pas fait», a répondu l’accusé.

«Est-ce que le général Diendéré pouvait donner un commandement aux hommes sans passer par vous ?», a poursuivi Me Farama.

«Je ne peux pas répondre à cela», a répondu le commandant Korogo. Au premier jour de son audition, il avait affirmé que le Général Diendéré était leur «père spirituel au RSP».

Me Prosper Farama de poursuivre. «Si le Général Diendéré n’était pas une barrière entre vous et vos hommes, pourquoi n’avez-vous pas rassemblé vos officiers afin de rétablir l’ordre en libérant les autorités de la transition ?».

Pour l’accusé, «la crise était complexe», il n’avait pas les moyens pour exiger la libération des autorités de la Transition, cependant, il dit avoir usé de stratégie.

«Malgré ma frustration, mon humiliation, j’avais une responsabilité envers mes hommes. J’ai usé de stratégie pour dire au général Diendéré de laisser tomber (le putsch)», a-t-il affirmé.

A la suite de Me Farama, Me Guy Hervé Kam a estimé que l’accusé ne dit pas vrai quand il affirme que le RSP était placé sous l’autorité du Chef d’Etat-major particulier de la présidence du Faso (CEMPPF).

Si tel était le cas à la création du régiment en 1995, il n’en était plus depuis 2000 suite aux pressions populaires, a déclaré l’avocat de la partie civile.

Selon Me Guy Hervé Kam, le RSP depuis 2000 était sous l’autorité directe du chef d’Etat-major de l’Armée de Terre (CEMAT).

«Si je suis votre raisonnement, vous voulez dire que le CEMAT ne sait pas que le RSP était exclusivement sous sa coupe ?», a demandé l’accusé en précisant que lui le chef de corps a toujours rendu les honneurs au CEMPPF le colonel-major Boureima Kéré qui à son tour les rendait au général Diendéré.

Pour Me Guy Hervé Kam, les différents CEMAT depuis 2000 savaient que le RSP était sous leur responsabilité mais ils avaient peur d’affirmer leur autorité face au général Diendéré.

Le commandant Korogo estime que l’avocat doit modérer ses propos qui de son avis, n’honorent pas l’armée burkinabè.

L’avocat lui affirme que l’idée qu’il se faisait de l’accusé à savoir «un officier exemplaire qui s’est trouvé au moment endroit au mauvais», est en train de s’effriter au vu des réponses données par celui-ci aux questions qui lui sont posées.

Le Commandant Abdoul Aziz Korogo est poursuivi pour trois chefs d’accusations. A savoir complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre sur 13 personnes et coups et blessures sur 42 personnes. Il a plaidé non coupable.

Il a pris fonction comme 7e chef de corps du RSP le 1er septembre 2015, soit 16 jours avant le début du putsch manqué.

Créé le 21 Novembre 1995 par le président déchu Blaise Compaoré, pour assurer sa sécurité et celle de toute personne désignée par lui, le RSP, était de fait sous le commandement du Général Gilbert Diendéré qui a occupé le poste de chef d’Etat-major particulier de la présidence du Faso sans discontinuer pendant 21 ans (21 juillet 1993- 5 décembre 2014).

L’interrogatoire du dernier chef de corps le Commandant Abdoul Aziz Korogo se poursuit le lundi 12 novembre prochain à 9 heures au Tribunal militaire de Ouagadougou.
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