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Migration : A Casa, les femmes journalistes lèvent les barrières

Publié le mercredi 7 novembre 2018  |  aOuaga.com
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© Autre presse par DR
Migration : A Casa, les femmes journalistes lèvent les barrières
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Faire en sorte que partout dans le monde on ne perçoive plus la migration comme un problème mais plutôt comme une chance. C’est le désir des femmes journalistes du continent africain dont 200 d’entre elles se sont retrouvées pour échanger et trouver des stratégies en vue de faire des migrations un levier de développement. C’était les 26 et 27 octobre 2018 à Casablanca au Maroc.

Venues des 54 pays d’Afrique, les unes francophones, les autres arabophones, anglophones ou lusophones, 200 journalistes femmes (dont 80 du pays d’accueil) se sont retrouvées pendant quelques jours dans le Royaume Chérifien. A la base de cette rencontre panafricaine, le groupe de média marocain, 2 M, à travers son Comité Parité et Diversité. Pour la deuxième fois ainsi, ce média fondé en 1984 en tant que première chaine de télévision privée du Maroc et du monde arabe et qui est aujourd’hui devenu une société publique multimédia (1), offrait git, couvert et un agréable cadre de réflexion à des «consoeurs» du continent.

«Les migrations africaines : une chance pour le continent, une responsabilité pour les médias » est le thème qui a réuni les journalistes femmes les 26 et 27 octobre 2018, dans un hôtel 5 étoiles de Casablanca, la capitale économique, à l’occasion de la deuxième édition du forum des Panafricaines. Le moins qu’on puisse en dire est que Radio 2M et ses partenaires ont mis les petits plats dans les grands pour donner un éclat particulier à cet événement, unique en son genre.

Le 25 octobre déjà, à J-1 du forum, comme pour planter le décor, les Panafricaines ont eu droit à une excursion sur la ville de Rabat (capitale administrative, à 80km de Casa) où en plus d’une visite de quelques sites touristiques, d’une rencontre avec les étudiants du continent, elles ont eu l’honneur d’échanger avec le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita. Accueillant la forte délégation féminine, le chef de la diplomatie marocaine, dans un air de « dominé », a confié se sentir aujourd’hui en minorité comme les femmes le sont très souvent. En effet, seuls quelques reporters photos, cameramen et des membres de l’organisation étaient du sexe opposé. Pour l’une des rares fois, les femmes avaient donc le pouvoir.
N’empêche, le diplomate marocain a eu le courage nécessaire et même l’éloquence qui va avec pour tenir tête ou plutôt pour un tête-tête avec les femmes.

La question migratoire a été au centre d’un débat passionnant de plus d’une heure de temps. Pourquoi les migrants sont si maltraités dans de nombreux pays ? Pourquoi les européens n’ont pas besoin de passer par une voie régulière, comme on l’exige aux Africains, pour venir prendre des richesses en Afrique ? De quel droit veut-on restreindre à l’être humain son droit de mobilité ? Migrer, est-ce un problème? Quelle est la position du Maroc sur les migrations ?

Des chiffres éloquents sur la migration

Les panafricaines ont submergé le ministre de questions non sans au préalable traduire leurs avis sur ces différentes préoccupations. Le diplomate marocain a loué l’initiative des femmes de traiter de ce thème d’actualité qui sera en discussion le 10 décembre prochain à Marrakech, au cours d’une conférence internationale sur les migrations, à l’occasion de la Journée internationale des droits humains.

Les statistiques des Nations unies indiquent en effet que le nombre de migrants a atteint 258 millions en 2017, dont près de la moitié sont des femmes. Et selon les prévisions, d’ici à 2050, le nombre de personnes déplacées augmentera de 6 millions au minimum par an, à cause du changement climatique, de phénomènes météorologiques extrêmes, de la baisse des réserves d’eau et d’une dégradation des terres agricoles.

Mais que de préjugés, de clichés négatifs sur les migrants, surtout africains, très souvent considérés comme des clandestins. Et pourtant. «Contrairement aux perceptions dominantes sur la migration, dépeinte à tort comme un fléau ou une déferlante, la migration est régulière à hauteur de 80%. Sur 10 migrants, seuls 2 sont en situation irrégulière. Au niveau africain, il ressort des derniers chiffres que sur 258 millions de migrants dans le monde en 2017, moins de 14% (36 millions), sont africains ».

Selon, le mythe également, le migrant transfère tout son revenu dans pays d’origine. Ce qui n’est pas vrai non plus d’autant plus que les transferts des africains vers leur pays d’origine coutent très chers (20%) contre pour les européens (1%).

Selon Nasser Bourita, il est grand temps de faire changer ce regard dévalorisant du migrant : « Il est temps de déconstruire, un à un, les mythes associés à la migration… un phénomène naturel qui constitue la solution et non pas le problème », a t-il lancé citant Sa Majesté Mohammed VI lors de sa déclaration au dernier sommet de l’Union africaine.

La faute aux médias

Ce travail de déconstruction relève de la responsabilité des africains. Le Maroc, a t-il indiqué est déjà dans cette dynamique. Une campagne initiée en 2013 a, en effet, permis de régulariser près de 50 000 migrants (soit 80 % des demandes de régularisation) dans le Royaume, a annoncé le chef de la diplomatie avant d’ajouter que cet élan s’est accompagné d’une satisfaction de besoins élémentaire comme la santé, l’eau et l’éducation.

Dans cette action de donner un nouveau visage aux migrations, les média jouent un rôle crucial, notamment celui de militer pour un traitement juste des questions migratoires devenues un enjeu politique majeur. Là encore, les médias doivent se sentir interpellés : «Les messages xénophobes doivent être combattus », a-t-il martelé, appelant les journalistes à se mobiliser pour rectifier l’image biaisée de la migration africaine, auprès des opinions publiques, qu’elles soient du continent ou en dehors de ses frontières.

C’est d’ailleurs tout le sens donné au forum des Panafricaines, tenu les jours suivants, les 26 et 27 octobre notamment, à Casablanca. Massivement mobilisées, les journalistes femmes du continent s’offraient ainsi une grande tribune pour parler des questions migratoires.

« Je formule l’espoir que votre forum porte en lui les prémices d’un traitement plus juste, plus équitable de la question migratoire et que la voix de la migration soit portée par nous africains», a émis le Directeur général de 2M, Salim Cheick, à l’ouverture des travaux.

Comme pour réaffirmer son engagement à les soutenir, le Patron de la diplomatie marocaine était encore présent aux côtés des femmes et se présentera d’ailleurs comme un partenaire. « Si l’ambition des Panafricaines est de montrer le vrai visage des migrations, alors, sachez que votre action est commune », leur a t-il lancé. Se référant toujours aux chiffres, les plus concrets, il a indiqué que contrairement aux idées reçues et entretenues par une partie de la presse des pays du Nord, 80 % de la migration africaine en Europe est légale, et 88 % des revenus des migrants sont dépensés dans les pays d’accueil.

Rappelant une fois la position favorable du Royaume Chérifien sur la migration, a t-il soutenu, le Maroc n’est pas, n’a jamais été et ne sera jamais le gendarme de quiconque.
C’est à nous média de donner la bonne information sur les migrants, dira Fathia Elaouni, Rédactrice en chef principale, en charge de l’antenne de la radio 2M, par ailleurs, Présidente du comité d’organisation (PCO).

« Les migrants sont montrés du doigt, parfois stigmatisés parce que nous ne connaissons pas très souvent leur histoire. Nous, médias, sommes tous responsables de ce regard parce que c’est nous qui informons l’opinion publique, c’est nous qui relayons chaque jour les drames, c’est aussi nous, mais aussi nos confrères européens qui montrons sans cesse une Afrique en souffrance, des familles jetées sur des routes, des jeunes sur des embarcations de fortune qui tentent de rejoindre au péril de leur vie les côtes européennes.

C’est certes une réalité mais ce n’est pas la seule. L’information est certes incomplète. Il n’y a pas de déferlante migratoire puisque 4 migrants sur 5 reste sur notre continent. C’est à nous de corriger », a t-elle relevé. C’est pourquoi, a t-elle ajouté ce forum ne sera pas un simple forum car il sera celui de prise de décision pour donner un nouveau visage aux migrations.

Le réseau se dote d’instances dirigeantes

« Nous Panafricaines, nous nous réunissons pour décider de la première action que nous allons mener à l’échelle continentale », a t-elle ainsi décliné l’objectif du forum.
Les deux jours de travaux ont été marqués d’une part, par un grand débat intitulé « D’une rive à l’autre, pour un regard juste sur les migrants » animé par des spécialistes des questions de migration de différents pays du continent et, d’autre part, par des travaux en ateliers qui ont permis aux Panafricaines d’aborder, à travers six thématiques, six facettes des migrations. Pour réaliser ses objectifs, le réseau s’est doté de structures organisationnelles comprenant :
- un comité permanent, qui constitue la cheville ouvrière des Panafricaines pour les deux prochaines années ;
- un comité de suivi chargé de la mise en œuvre du plan d’action voté lors de cette deuxième édition ;
- un conseil de Sages constitué de dix Panafricaines qui occupent une place centrale au sein du paysage médiatique africain.

A travers la mise en place de ces instances, les participantes se sont engagées ainsi à faciliter la collaboration professionnelle, soit une entraide et une solidarité constante entre tous les membres du réseau. Foi de la responsable du réseau, Fathia Elaouni, des formations et autres cadres de partages d’expertises seront très bientôt initiés pour bénéficier d’aides auprès d’institutions et d’organismes internationaux.

Halima K
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