Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Procès du putsch : ’’ Militairement, je n’ai pas failli’’, Abdoul Aziz Korogho

Publié le mardi 6 novembre 2018  |  Sidwaya
Comment


Le procès du putsch manqué s’est poursuivi hier lundi 5 novembre 2018, avec l’audition du chef de corps adjoint de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), le commandant, Abdoul Aziz Korogho. Il est accusé de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, de meurtres, de coups et blessures volontaires.

Le « feuilleton » du procès du putsch manqué passe toujours sur « l’écran » du tribunal militaire sis à Ouaga 2000. Ce lundi 5 novembre 2018, c’était l’épisode Abdoul Aziz Korogho qui a été visionné. En effet, âgé de 38 ans, le commandant, chef de corps adjoint de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) au moment des faits, est poursuivi pour complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, de meurtres, coups et blessures volontaires. Comme ses prédécesseurs, il a plaidé non coupable. Selon lui, le 16 septembre 2015, alors qu’il était à table aux environs de 14 heures, il a reçu un appel du général Gilbert Diendéré, lui demandant de venir «urgemment» chez lui à domicile. Chemin faisant, le général l’a encore joint au téléphone et sommé de rassembler les officiers au camp Naba Koom. « Là, j’ai compris que quelque chose se passait. Alors, j’ai cherché à comprendre. J’ai donc appelé Dianda et Korgo pour en savoir davantage. Mais ils ont signifié ne rien savoir », a-t-il indiqué. Le général Diendéré, selon lui, est arrivé au camp entouré d’éléments armés. «Ne vous offusquez pas si vous n’avez pas été mis au courant de ce qui se tramait. Les autorités de la Transition ont été séquestrées », aurait affirmé « Golf », si l’on en croit le commandant Korogho qui dit avoir demandé au général et au colonel-major, chef d’état-major particulier de la Présidence du Faso, Boureima Kyéré, si la hiérarchie militaire était au courant de la situation. « Si l’armée ne vous suit pas, on ne pourra pas tenir », a ajouté M. Korogho. D’après lui, Gilbert Diendéré a précisé qu’une rencontre était prévue pour connaître la position du reste de l’armée. Après cela, s’est tenue, en présence de l’ancien chef d’Etat, Jean-Baptiste Ouédraogo et de Monseigneur Paul Yemboado Ouédraogo, une autre entrevue qui s’est soldée par un échec. L’ancien président s’est dit déçu de voir la vacance du pouvoir, selon le récit de l’ex-chef de corps adjoint de l’ex-RSP. « Tous en chœur, on va assumer », auraient scandé les officiers de l’ex-RSP, d’après le commandant, surpris de leur attitude. « J’ai été touché, car l’heure était grave. J’ai donc demandé à l’ensemble du corps de rester militaire, c’est-à-dire se conformer uniquement aux ordres militaires et rester au camp », a-t-il mentionné. Il a ajouté qu’au cours de cette rencontre, les capitaines Dao et Zoumbri ont pris la parole pour évoquer des questions touchant à la vie nationale, contrairement à ses instructions. Le commandant a dit ne pas comprendre pourquoi des problèmes politiques ont des répercussions militaires, notamment au sein du RSP.

« Diendéré est le père spirituel du RSP»

Aziz Korogho a admis avoir échoué sa mission de protéger le Président du Faso, Michel Kafando, à l’époque. Il a dit avoir décidé de démissionner parce que le coup de force, l’œuvre de ses soldats, avait entaché sa dignité et son honneur. L’accusé a appelé des amis et le commandement militaire, en l’occurrence l’ex-SG du ministère de la Défense, Alassane Monè, le Chef d’Etat-major général des armées, Pingrénoma Zagré pour leur faire part de sa décision. Le commandement l’aurait instruit de rester et jouer le rôle d’interlocuteur entre lui et le RSP. Ce qu’il a fait avec la collaboration de ses hommes. Il a dit être resté, à partir du 18 septembre 2015, en contact avec la hiérarchie militaire, et leur rendait compte de ce qui se passait au quotidien. Le commandant a expliqué qu’il était aux ordres de la hiérarchie. « Militairement, je n’ai pas failli (…) A mes subordonnés, je tire mon chapeau, vous êtes de bons soldats », s’est-t-il félicité. Le prévenu a souligné aussi avoir veillé à la sécurité des chefs d’Etat de la CEDEAO, de l’aéroport à l’hôtel Laïco, le 18 et le 20 septembre, lors de leur rencontre avec l’ex-RSP. Il a fait savoir qu’il a pesé de tout son poids pour éviter le pire. Le chef de corps adjoint de l’ex-RSP a été initiateur de plusieurs réunions, les 21 et 22 septembre au camp Sangoulé Lamizana, entre le chef d’état-major de l’armée de terre et les chefs des garnisons des régions. Des rencontres qui ont abouti au désarmement du RSP. Le procureur militaire a salué les efforts de M. Korogho qui ont amené à éviter un affrontement. Mais « étant médiateur, pourquoi avoir envoyé Boureima Zagré à la frontière du Togo récupérer du matériel ? », a interrogé le président du Tribunal, Saïdou Ouédraogo. Et Abdoul Aziz Korogho de répondre, qu’il a juste obéi à un ordre de son chef, le colonel-major Kyéré. « C’est du matériel de maintien d’ordre et c’est à la demande de la police et de la gendarmerie. Dès son arrivée, il a été dispatché aussitôt », a confié l’accusé. A la question du procureur militaire, Alioun Zanré de comprendre la présence des soldats à la place de la Nation, le prévenu a rétorqué que c’était sur instruction du général qu’il a envoyé des soldats pour empêcher tout rassemblement en ce lieu. « Mais Gilbert Diendéré n’était plus en fonction, comment se fait-il que vous lui obéissiez ? », a fait remarquer le procureur militaire. « Le général est le père spirituel du corps. Qu’à cela ne tienne, je me suis toujours référé à mon supérieur hiérarchique direct, M. Kyéré. C’est lui qui présentait les troupes au général. Alors posez-lui la question », a répliqué l’accusé. Pour lui, il n’a ni coordonné, ni participé, encore moins approuvé le coup de force. A ses dires, c’est l’œuvre d’éléments indisciplinés, en l’occurrence, Ollo Poda, Roger Koussoubé, Mohammed Zerbo, Ali Sanou et autres. Il a déploré les propos du général à travers la presse quand celui-ci a fait croire qu’il est l’auteur du putsch et lui, général, le médiateur. Son avocat, Me Arnaud Willi a salué l’œuvre et le courage de son client qui a risqué sa vie pour sa patrie. Dans le P. V. des auditions, le commandant a affirmé son impuissance face aux événements. « La situation dans laquelle je me suis retrouvé, c’est mon destin. Si c’était à refaire, je ne sais pas si je l’aurais fait », avait-il dit. Pour son conseil, Abdoul Aziz Korogho a pris service officiellement en tant que commandant du corps par intérim le 1er septembre 2015, deux semaines avant le coup d’Etat. « Si ce n’est pas le destin, on ne peut pas tomber mieux », a argué Me Willi.
Commentaires