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Sénat burkinabè : entre chemin de non-retour et repli tactique
Publié le mardi 20 aout 2013   |  Burkina24


Le
© Présidence par DR
Le président du Faso, Blaise Compaoré, prononçant son discours après avoir été fait, le 16 août 2013 à Ouagadougou, Grand croix de l`Ordre national du Mali, par le président par intérim de ce pays, Dioncounda Traoré


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Le Président du Faso a demandé un rapport circonstancié sur la mise en place du sénat. Certaines personnes voient là un recul sage du pouvoir. D’autres, par contre, interprètent cette décision présidentielle comme une mascarade. Mais, au fond, à quoi doit-on s’attendre le plus ?
La réunion d’urgence du comité de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre des réformes consensuelles intervient à moins de deux semaines après la déclaration, et l’élection des sénateurs de la diaspora. En apparence, aucun événement spécial n’expliquait cette décision du Président du Faso.

Cependant, il était clair que le Burkina vivait une accalmie précaire. L’opposition préparait un nouveau mot d’ordre, qui, vraisemblablement, devait coïncider avec l’installation des sénateurs. Les protestataires, selon notre confrère L’Événement, concoctaient une déclaration de rejet du sénat.

Le chef de l’État, qui venait de réussir une énième médiation (avec un pas de géant dans la résolution de la crise malienne) a dû mesurer l’éventuel impact des marches et contremarches sur la cohésion sociale au « Pays des Hommes intègres« .

« …Le Président du Faso soucieux de garantir l’unité nationale, de préserver les acquis démocratiques, et fidèle à la longue tradition de dialogue et de paix qui ont toujours caractérisé le peuple burkinabè… ». Ce passage du communiqué de Kossyam illustre le fait que le premier responsable du pays est conscient des graves conséquences de l’institution du sénat, et s’engage à les prévenir. Il faut également noter la probable inquiétude des partenaires techniques et financiers, à propos de la tournure des événements.

La suspension du sénat à l’horizon

Ceux qui assimilent l’acte de Blaise Compaoré à une mascarade s’attendent à ce que le comité fasse des propositions d’ouverture du sénat, des concessions mais jamais un abandon pur et simple du projet : Avec notamment la réduction du nombre de sénateurs, de l’âge des élus, la prise en compte de la question genre, et la baisse du budget alloué à la seconde chambre.
Mais, si effectivement le comité venait à faire de telles propositions, il faudra s’attendre à de nouvelles élections sénatoriales. Puisque, hormis la question budgétaire, les autres critères n’étaient pas pris en compte aux élections du 28 juillet dernier. En plus, il faudra réviser le code électoral, pour inclure ces nouvelles données. Du côté de l’opposition et des autres acteurs défavorables au sénat (quelle qu’en soit la forme), le mécontentement risquerait alors d’être plus profond.

Dans l’hypothèse où les propositions se pencheront plutôt du côté des sénateurs nommés par le Président du Faso, les acteurs qui critiquaient uniquement la forme du sénat (comme l’ADF/RDA), ne trouveront pas satisfaction, en ce qu’ils seront devant le fait accompli. En effet, les sénateurs sont déjà élus, et rien ne garantirait l’indépendance de tous les sénateurs à nommer.

Concernant le budget du sénat, une réduction significative ne serait pas la solution. D’ailleurs, les pro-sénat avaient tenté entre temps le coup, en expliquant que le budget du sénat n’était pas de 6 milliards, mais de 3 milliards de F CFA. « Qu’importe ! C’est une affaire de milliards. Et même si le sénat coûterait 5 francs, ces 5 francs pourraient être dépensés à bon escient », avait rétorqué Zéphirin Diabré.

La démarche la plus plausible serait donc la suppression, ou au moins la suspension du sénat. Mais, de façon à sauver la face de ceux qui défendaient à cor et à cri cette institution à polémique.

L’opposition, moins sceptique que stratégique

L’attitude de l’opposition (qui dit douter de la bonne foi du Président), prend source des gymnastiques observées à l’époque du Collège de Sages, aux élections couplées et, tout récemment, au CCRP. Cette attitude s’explique également par la stratégie de « Pression continue », qui consiste à mobiliser toujours les citoyens, de sorte à ce qu’un relâchement ne profite au camp adverse.

Cependant, à la loupe, il nous semble que le sénat cessera d’être d’actualité, tant il a été étouffé dans l’œuf, sous les pieds des marcheurs. Le temps n’est plus suffisant pour d’ultimes manœuvres, et la nouvelle reconfiguration politique donne peu de chances à la marche forcée. N’empêche que, pour les anti-sénat, la prudence demeure de mise.


Michel KONKOBO

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