Certains le qualifient de fou pour ses déclarations incendiaires, d’autres le traitent d’aigri pour ses critiques acerbes à l’endroit du pouvoir en place. Et pourtant, le Pr Laurent Bado, puisque c’est de lui qu’il s’agit, est un intellectuel lucide mais qui ne mâche pas ses mots. Il s’était emmuré dans un silence pour le moins étonnant car il dit avoir pris sa retraite politique mais il a accepté de s’ouvrir aux Editions « Le Pays » le 7 août 2013. Mise en place du Sénat, révision de l’article 37, émergence du Burkina, situation au Mali, ce sont, entre autres, les sujets d’actualité sur lesquels le Pr Bado s’est prononcé.
Le Pays : Laurent Bado : On ne vous entendait plus vous exprimer sur les questions d’actualité. Quelles en sont les raisons ?
Laurent Bado : Mon silence devait satisfaire l’opinion publique, elle qui me traitait de bavard quand moi je m’efforçais de sensibiliser mes compatriotes, de transformer la masse passive en un peuple de citoyens conscients et responsables. Eh bien, je me tais pour un repli sur soi-même utile. J’ai fait ce que je pouvais par mon pays et j’ai rempli le contrat conclu au moment de la création du PAREN (Parti de la Renaissance nationale). En effet, pendant les vingt-six premières années de ma vie publique (1973-1999), j’ai choisi de ne pas me mêler de politique active, mais de tout faire pour éduquer, conscientiser, responsabiliser. En somme, faire de tout Burkinabè un homme libre et digne, capable de discernement et de convictions propres. Après l’assassinat de Norbert Zongo, de jeunes cadres m’ont demandé de créer un parti politique pour amplifier mon message et jeter une bouteille à la mer pour les générations futures au lieu de me cantonner dans un cadre intellectualiste. Nous nous sommes entendus : ce n’est pas le pouvoir que nous visons (on ne peut même pas rêver de le conquérir avec les réalités du moment), mais l’éducation des masses, la transformation des mentalités et des comportements, condition sine qua non du progrès. On s’est alors donné dix ans au moins pour cette mission ingrate, chacun étant libre, au bout de ce délai, d’abandonner. Et comme notre objectif premier était de transformer l’Homme burkinabè, nous avons choisi de ne pas chercher à plaire mais à satisfaire par un langage direct, choquant, d’où le Laurent Bado mal causeur, qui n’a que les insultes dans la bouche (or, je n’ai jamais insulté quelqu’un comme des présidents l’ont fait à travers le monde, me contentant de dire que ce peuple est mouton, bête, comme d’autres peuples sont traités de pingres, de vantards, de fourbes, de méchants, d’escrocs, de violants, de rustres et d’orgueilleux). En 2009, le PAREN avait dix ans. Je n’étais déjà plus président du parti. Mais j’étais député (on allait aux élections, non pas pour avoir des postes, mais pour mesurer le degré de réceptivité du message du PAREN. Quand même, j’avais décidé de quitter l’Assemblée et permettre à mon suppléant de se faire une assise électorale. A la dernière minute, sur avis de mes plus proches, j’ai dû reculer : mon suppléant est de Koudougou et est gourounsi. Donc les militants de Ouagadougou seront révoltés et ne comprendront pas. Et n’ayant pas été réélu en 2012 pour fraudes électorales de haute technologie, la voie de ma retraite tactique était ouverte.
Voilà les raisons de mon silence. Je me tais d’autant plus que le PAREN a un président qui est plus grand que moi en courage, en détermination et en rage de vaincre.
Quel commentaire faites-vous sur la dernière sortie du président du Faso en Côte d’Ivoire sur la mise en place du Sénat, et comment expliquez-vous le fait que Blaise Compaoré s’exprime généralement sur les sujets d’intérêt national à l’extérieur du pays ?
Je ne peux pas vous répondre avec assurance. Depuis neuf mois, je me suis enfermé dans une zone d’isolement intérieur, cultivant mon jardin, fermant mes oreilles au monde extérieur, occupé seulement à laisser des écrits aux générations futures. Je me suis fait sourd et aveugle pour ne pas avoir l’hypertension, tellement ce monde est troublé. Je vous dirai seulement que Blaise Compaoré a sa logique à lui, à partir de ce qu’il croit être le peuple burkinabè.
3) Comment prévoyez-vous la situation nationale avec l’insistance du CDP à mettre en place le Sénat et l’opposition qui s’y oppose ? Allons-nous vers une impasse ? Et que préconisez-vous pour éviter le pire au Burkina ?
Pour Blaise Compaoré, ce qui est fait est fait. Pour l’opposition, ce qui est fait peut être défait. A qui le dernier mot ? Dans la démocratie gouvernée, le Césarisme démocratique, le dernier mot appartient au dépositaire du pouvoir politique : la volonté du représentant du peuple l’emporte toujours sur celle du peuple qui l’a élu. Dans la démocratie gouvernante (c’est une distinction chère à Maurice Duverger), le dernier mot doit appartenir au peuple qui n’est plus commandé, dirigé, réglementé, imposé, mais actif, participatif. La solution se trouve donc du côté du pouvoir dans la mesure où l’opposition au Sénat dépasse le cadre partisan. Les choses prenant une allure « guerrière » des deux côtés, il y a lieu de craindre, à moins que Dieu inspire à tous l’humilité et le vrai sens de l’intérêt général.
L’opposition burkinabè estime que le but de la mise en place du Sénat est de modifier l’article 37 pour permettre à Blaise Compaoré de briguer un troisième mandat. Partagez-vous cet avis ?
Je ne peux pas vous répondre pour la simple raison que mon parti fait partie de cette opposition.
L’Eglise catholique a lancé un appel au pouvoir afin qu’il renonce à la mise en place du Sénat. Partagez-vous sa démarche ?
L’Eglise catholique a une doctrine sociale qui est une application de la théologie morale aux questions éthiques soulevées par les sociétés humaines. Elle relève donc de l’ordre éthico-social et déontologico-moral (Cf. Jean Paul II, « Laborem Exercens » du 14 septembre 1981). Elle porte sur l’aspect éthique de l’existence humaine et prend en compte les aspects techniques des problèmes, mais toujours pour les juger sous l’angle moral (Cf. Congrégation pour la doctrine de la foi, instruction « Libertatis Conscientia » du 22 mars 1986). Les rapports entre l’Eglise et l’Etat, qui ont affaire aux mêmes hommes, sont présidés par un principe directeur : il faut les distinguer sans les séparer, les unir sans les confondre. Au nom de ce principe directeur, l’Eglise se reconnaît le droit d’interpréter et de sauvegarder toutes les lois naturelles ou révélées qui doivent régir la vie sociale, de juger si, dans tel cas concret, les décisions prises par l’Etat sont conformes ou non à ces lois ; de porter, pour tout dire, un jugement moral en des matières qui touchent le domaine politique quand les droits fondamentaux de la personne ou le salut des âmes l’exigent.
L’Eglise se démarque du Sénat parce que le bon sens, guidé par l’intérêt général, n’en fait pas une priorité au Burkina comme ailleurs : dans l’antiquité, les Sénats étaient les principaux organes du pouvoir d’Etat ; Sénat dérive de l’adjectif senex qui veut dire vieillard ; les sénateurs étaient donc les plus anciens dans le sens des plus sages qui représentaient le peuple. A Sparte, le Sénat s’appelait Gerousia, Boulé à Athènes, Senatus à Rome et à Carthage. A Rome, on avait cette formule célèbre : « Senatus populusque romanus intelligit » (le Sénat et le peuple romain comprennent. Dans les démocraties contemporaines, l’institution d’une deuxième chambre (Sénat) à côté de la chambre représentant le peuple, répond à des besoins de représentation des classes (cas historique anglais) ou des Etats (cas des Etats fédéraux) ou simplement à des manœuvres politiciennes : par exemple, les deux chambres ont été introduites pour la première fois en France avec la Constitution de l’AN III dans le dessein d’émietter, de morceler, de diviser les organes d’Etat après la dictature de l’exécutif, puis du législatif ; pour éviter la dictature du législatif, on a institué deux chambres qui se neutraliseraient mutuellement (le Conseil des 500, imagination de la République et le ¬¬¬¬Conseil des anciens, raison de la République, selon Boissy d’Anglas) ; pour éviter la dictature de l’exécutif, on a prévu cinq directeurs, nommés par le législatif. C’est de là que le Sénat français a été conservé pour représenter les collectivités rurales.
Je donne raison à mon Eglise catholique. Comme elle, je me démarque des flagorneries officielles (du genre « Burkina Faso, pays des Hommes intègres », « N’est pas Burkinabè qui veut », le Burkina Faso est le pays où il fait bon vivre, le 17e en Afrique, le 2e dans l’Ouest-africain, le 1er dans la sous-region, « le Burkina émerge », etc.) quand le chômage fait enrager les jeunes ; quand l’école rend stupide ; quand la maladie est la santé du citoyen lambda ; quand la pauvreté est la richesse du plus grand nombre ; pendant que les richesses nationales sont pillées, l’impunité érigée en méthode de gouvernement, le désordre régnant dans tous les ordres de la société.
Au total, l’Eglise catholique n’est pas contre une deuxième chambre (elle existait avant), mais plaide pour les urgences des Burkinabè d’abord.
Pensez-vous que le CCRP (Conseil consultatif sur les réformes politiques) a été une vaste comédie ?
Notre pays n’est pas sérieux. Il est le champion des inflations législatives et institutionnelles. Tenez : combien de fois on a modifié la Constitution, la CENI, la Justice, le, la , les ? On voit bien que ces modifications ne visent pas l’intérêt général, mais un intérêt partisan circonstanciel ! De grâce, faisons l’effort d’aimer notre pays et ce peuple perdu, éperdu, sans repères, avec un vrai amour et non pas celui du boucher pour son mouton qu’il veut plus gras.
Que pensez-vous de l’avenir du Burkina avec ou sans Blaise Compaoré ?
Et vous, que pensez-vous de l’avenir du Burkina avec Laurent Bado qui a prédit, il y a 32 ans, la ruine du libéralisme avec son capitalisme privé, exploiteur, et la ruine du socialisme avec son capitalisme d’Etat oppresseur dans « Refaire la Haute-Volta/ni l’Est, ni l’Ouest » et dans « Au-delà du libéralisme et du socialisme/pour une société africaine de liberté et de solidarité » ? Blaise Compaoré a servi le pays avec ses qualités et ses défauts. Il faut lui dire merci pour ses loyaux services. Mais Blaise n’est pas indispensable, pas plus indispensable qu’un Laurent Bado : les indispensables dorment dans les cimetières et les républiques avancent…
Les universités publiques du Burkina connaissent de nombreux problèmes, en témoigne la dernière sortie des étudiants suite à leur expulsion des cités. Y a-t-il des solutions à ces problèmes ?
Les bailleurs de fonds occidentaux se trompent. Pour eux, il n’y a pas de développement économique sans l’éducation, d’où l’Ecole pour tous (EPT) d’ici à l’an 2015. C’est bien. Mais, voilà que l’école n’est qu’une usine de production de déperditions (sur 100 écoliers parvenus au CM2, le quart n’accède pas au secondaire et sur 100 élèves parvenus en classe de terminale, le dixième n’accède pas à l’université) et de chômeurs pour les diplômés (mais en 2008, on nous a dit que 10,5% seulement des diplômés n’ont pas d’emploi). C’est le dilemme de la poule et de l’œuf. Qui est premier ? C’est le développement économique qui doit accompagner l’éducation ou l’inverse ? Les faits sont là : on n’en est pas encore à 100% de scolarisation, mais les fruits de cette scolarisation sont amers.
Notre système éducatif n’est pas bon. Il ne pouvait pas en être autrement quand le primaire, donc la base, est grippé. Aujourd’hui, l’enseignant du primaire, le premier fonctionnaire utile (suivi de l’infirmier) dans nos pays, parce qu’il a pour tâche ingrate de faire passer des enfants de la tradition à la modernité, du savoir traditionnel au savoir moderne, est celui-là même qui n’a plus de considération et de motivation, pendant que les effectifs s’accroissent exponentiellement. Et comme de surcroît, le marché du travail peut être cité pour mémoire (cette année, 500 000 candidats pour 8 000 postes), nous sommes en train de fabriquer une bombe artisanale. Le bon système éducatif consisterait à pouvoir scolariser tous nos enfants, sans coûts exorbitants, sans déchets en cours de formation, sans chômeurs en fin de formation. Le PAREN propose un tel système dans son programme de gouvernement.
Mais je tiens à souligner que nos étudiants connaissent l’enfer ; ce qu’ils viennent de faire, c’est l’expression d’un esprit blessé par une injustice inimaginable : devant la déliquescence de l’institution universitaire en face de l’arrogance des nouveaux riches, des gabegies (tel que le Sénat), de l’impunité institutionnalisée, il fallait qu’ils se fassent entendre comme la biche traquée par le lion qui brame, non pas pour que la forêt la sauve, mais pour que la forêt sache qu’elle va mourir. Je signale que quand j’étais député, j’avais proposé d’ajouter des « centimes » à la taxe unique sur les produits pétroliers aux fins de prendre en charge les étudiants de parents non salariés ou assimilés.
Que pensez-vous de l’incivisme et de l’impunité ?
Ils s’expliquent : le pays est à la croisée des chemins, comme le président Blaise Compaoré a été franc pour le reconnaître en décembre 2001. Mais jusqu’ici, il n’y a pas un élan commun, une âme commune autour d’un projet d’avenir commun. Du coup, c’est le chacun pour soi. Et comme nous aimons prendre des lois sans les appliquer (par exemple, où est l’interdiction de la pharmacie ambulante, de la mendicité, des lieux de culte dans les simples parcelles d’habitation, du bruitage de jour et de nuit réglementé par un arrêté municipal de 1997, etc. ?), nous bâtissons une jungle où triomphe la loi du plus fort ou du plus rusé. Tant qu’on n’aura pas un gouvernement qui indique au peuple le port à atteindre (et quand le port n’est pas connu, le naufrage est inévitable), les étapes à franchir, les conditions de la cohésion sociale, nous rêvons debout et il n’est jamais bon d’avoir un bon sommeil pour avoir un mauvais réveil.
Quel regard portez-vous sur l’opposition burkinabè ?
Le PAREN, parti d’idées conçues hors des sentiers battus, a tout fait pour l’unité des partis d’opposition : il a cherché à fusionner avec le PDP/PS une année après sa création ; il a été à l’initiative de la création du groupe parlementaire « Justice et démocratie », de la Coordination de l’opposition burkinabè (COB), de l’Opposition burkinabè unie (OBU) ; il a défendu âprement le candidat unique de l’opposition aux élections présidentielles de 2005 et de 2010 ainsi que les listes communes aux élections couplées de décembre 2012. Ce refus de l’union est la preuve que les opposants sont animés individuellement des mêmes ambitions œsophagiques que leurs adversaires et non pas de l’amour pour ce peuple qui ne sait plus à quel saint se vouer. D’ailleurs, le nombre de partis politiques dans les pays pauvres révèle la soif de l’ascension sociale individuelle et non des différentes conceptions du bien commun et des moyens pour le réaliser.
Comment expliquez-vous le fait que le PAREN n’a plus de député à l’Assemblée nationale ?
Je vous rappelle que le PAREN ne participait aux élections municipales, législatives, présidentielles que pour prendre la mesure de son ancrage dans la société. Nous ne nous sommes jamais attendus à un triomphe quelconque, non seulement parce que les pauvres, les analphabètes, les sujets du droit coutumier, ne sont pas libres et les élites s’accrochent au parti gouvernemental pour engranger des promotions ou des marchés et autres faveurs, mais encore parce que les idées du PAREN n’intéressent pas les gens qui ignorent que la politique, ce sont les idées. Ces gens ne se retournent que vers les tenants réels ou supposés d’espèces sonnantes et trébuchantes. Enfin, dans nos pays africains, les résultats des élections dépendent, pour une grande part, du bon vouloir du pouvoir. Mais contrairement à ce qui m’est parvenu, à savoir que le PAREN a reculé, passant de 4 députés en 2002 à 1 en 2007 et 0 en 2012, je fais savoir que la réalité est ailleurs : en 2002, le PAREN avait en tout non pas 4 députés, mais un seul (moi). Les trois autres étaient des militants du CDP, déçus de se battre à la base comme des lions sans jamais bénéficier d’une position favorable à leur élection. Ils ont donc profité du tout petit PAREN, créé et dirigé par un Laurent Bado, pour fructifier leur base électorale. C’est pourquoi un an et demi à peine après leur élection (en septembre 2003), ils sont allés (sans la dame) plaider leur retour au CDP auprès de Rock Marc Christian Kaboré ! Le PAREN les a traînés comme des boulets à ses pieds jusqu’à leur démission collective. Alors, ils s’en sont allés avec leur base, leur monde et le PAREN, dans sa grande surprise, n’a pas pu trouver des militants de substitution, surtout qu’il n’a pas d’argent pour attirer les gens. C’est pourquoi, j’ai été le seul élu en 2007. En 2012, le PAREN n’était pas préparé aux élections, le président du parti se battant pour renouveler les structures, sans moyens encore et toujours. Et comme au fond de moi-même, notre mission était accomplie, je n’ai pas eu d’entrain à battre la campagne et les fraudes ont fait le reste.
Le journal « Le Pays » a fait récemment un commentaire dans lequel il faisait la différence entre un homme d’Etat et un homme politique. Y a-t-il effectivement une différence selon vous ?
Oui, il y a une différence : qui parle d’homme d’Etat parle d’un homme (ou femme) qui a des dons, des capacités, des aptitudes à diriger alors que l’homme politique est un animateur, un joueur sur la scène politique, à la recherche du pouvoir pour la satisfaction de ses ambitions personnelles.
Y a-t-il des hommes d’Etat en Afrique ?
Nos dirigeants africains actuels sont des hommes politiques, pas des hommes d’Etat. Il y a d’abord ceux qui se croient nés pour diriger (nati ad imperium) parce qu’ils se sont battus pour arracher l’indépendance de leur pays. Il y a ensuite ceux qui sont parvenus au pouvoir par accident initial et qui occupent tous leurs mandats à préparer l’accident final. Il y a enfin les nouveaux riches, ayant occupé des postes internationaux, qui sont parachutés par les puissances étrangères dans leur pays.
Quelles leçons peut-on tirer de l’expérience du Mali, ce pays qui a été envahi par des Djihadistes et sauvé par la France et actuellement en passe de sortir de cette tourmente ?
Tout Africain doit comprendre que la politique n’est pas le domaine du vice mais de la vertu (la démocratie est d’ailleurs fondée sur la vertu), pas de la corruption mais de l’intégrité, pas de l’enrichissement personnel mais du service du peuple, pas du laisser-faire/laisser-passer mais de l’ordre, pas de l’amateurisme mais des idées les plus fécondes.
Quel commentaire faites-vous sur l’alternance politique en Afrique ?
Il ne peut pas y avoir d’alternance sereine quand on accède au pouvoir pour se sucrer et qu’on s’y accroche par tous les moyens illégaux et illégitimes pour jouir de tous les plaisirs de ce monde de plus en plus athé et impur : celui-là seul est digne de commander qui sait obliger ses hommes à s’enorgueillir de leur œuvre, a dit ST Ex. Or, en Afrique, se croient dignes de commander les autres, ceux-là mêmes qui sont incapables de se commander pour être dignes.
Propos recueillis par Dabadi ZOUMBARA et Françoise DEMBELE