Ouagadougou - Les avocats de la partie civile ont tenté mercredi, par une série de questions, de prouver que l’ex-parti au pouvoir, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a été la branche civile du putsch de septembre 2015, affirmation, niée par l’accusé Léonce Koné.
Au second jour de l’audition de l’ex-président de la Commission ad hoc du CDP sous la Transition Léonce Siméon Martin Koné, les avocats de la partie civile ont tenté de prouver que son parti n’a pas simplement pris acte du putsch mais en a été un des commanditaires, notamment la branche civile.
Selon Me Prosper Farama, les 50 millions qui ont été acheminés à Ouagadougou, au profit de Léonce Siméon Martin Koné émanent du chef d’Etat-major particulier du président de la république de Côte d’Ivoire le général Vagondo Diomandé.
L’avocat pense que ce dernier n’a pas simplement facilité l’acheminement de la somme mais est plutôt celui qui a débloqué les fonds contrairement aux dires de Léonce Koné qui affirme que l’argent est le fruit d’une collecte de fonds qu’il a réalisé auprès d’amis privés à l’étranger.
«Pourquoi, n’avez-vous pas envoyé l’argent par les canaux normaux ?», a demandé Me Prosper Farama à l’accusé.
«Au moment, où on s’apprêtait à envoyer l’argent, on s’est rendu compte que les banques et les frontières étaient fermées», a répondu Léonce Koné.
Selon Me Farama, si tel était le cas, comment les amis privés de l’accusé ont pu avoir l’information d’autant plus que lui-même dit n’avoir pas communiqué avec eux.
«Ils ont peut-être communiqué avec René Emile Kaboré qui est allé chercher l’argent», a répondu Léonce Koné.
«Pour moi, ce sont des suppositions qui ne peuvent pas prospérer. Emile Kabore dont vous faites allusion est en fuite parce qu’il se reproche des choses», a déclaré Me Prosper Farama.
Selon Me Guy Hervé Kam, c’est troublant que des civils qui disent ne rien avoir avec le putsch, fassent convoyer leur argent au moment où celui-ci se déroule par le biais des auteurs dudit putsch.
«En droit pénal, on n’a pas besoin d’aveu. On peut faire une liste de faits pour corroborer que M. Koné savait pertinemment à quoi l’argent devait servir», a-t-il affirmé.
Selon Léonce Koné, il n’a fait qu’expliquer les faits comme ils se sont déroulés et cela n’a rien de troublant.
«Si cela ne vous satisfait pas, la Côte d’Ivoire n’est pas loin. Envoyez une commission rogatoire pour interroger les personnes qu’il faut. Tout le reste n’est que pure spéculation», a-t-il déclaré.
Selon Me Prosper Farama, le coup d’Etat est intervenu peu de temps après que le président du CDP Eddie Komboigo ait affirmé qu’il n’y aura pas d’élections s’il n’y a pas d’inclusions.
«Cela fait une logique implacable que votre parti a fait le choix de soutenir le putsch», a-t-il déclaré à l’accusé.
«En Côte d’Ivoire, par rapport aux élections locales en cours, le PDCI (l'ex parti au pouvoir) a dit qu’il va installer la chienlit dans le pays si on lui vole sa victoire. Est-ce pour autant que Bédié (son président) a été arrêté», a demandé l’accusé à l’avocat.
Me Guy Herve Kam, lui, estime curieux que dans la soirée du 16 septembre 2015, alors que le coup d’Etat, n’était pas encore annoncé officiellement, Léonce Koné affirme à une journaliste française qui est venue aux nouvelles, qu’apparemment un coup d’Etat est en cours.
Les deux avocats de la partie civile ont fait remarqué que le CDP a fait des déclarations pour soutenir le putsch mais n’a pas jugé utile d’en faire sur les tueries qui l’ont suivi.
«Affirmer que nous sommes indifférents face aux victimes est vexatoire et injurieux», s’est offusqué Léonce Siméon Martin Koné.
Selon les avocats de l’accusé Me Antoinette Ouédraogo et Me Thiam, la partie civile fait des affirmations sensationnelles sans preuve.
L’audition de l’accusé se poursuit ce vendredi 19 octobre 2018 à partir de 9 heures (GMT et local) .