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Burkina: Nous avons pris acte du putsch car la transition courait à la dérive (Léonce Koné)

Publié le jeudi 18 octobre 2018  |  Autre presse
CDP
© aOuaga.com par Séni Dabo
CDP : la commission ad hoc fait son bilan à mi-parcours
Dimanche 2 juillet 2017. Ouagadougou. La commission ad hoc du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, ex-parti au pouvoir) a rencontré la presse avant une réunion de ses membres pour faire le bilan à mi-parcours de son travail. Photo : Léonce Koné, président de la commission ad hoc
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Ouagadougou - L’ex deuxième vice-président du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) Léonce Koné a déclaré mardi que son parti avait pris acte du putsch de septembre 2015 car ayant été exclu par la Transition, de l’élection présidentielle qui était prévue la même année.

Président de la Commission ad hoc du CDP sous la Transition, Léonce Siméon Martin Koné a déclaré ce mardi à la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou, avoir appris la nouvelle du coup d’Etat comme tout le monde dans la matinée du 17 septembre 2015.

Après des concertations entre responsables politiques, ils ont appelé le général Gilbert Diendéré pour comprendre les raisons du renversement des organes de la Transition. Celui-ci, leur a donné rendez-vous à 17 heures au palais de Kosyam.

C’est donc une délégation du CDP et alliés comprenant Achille Tapsoba, Moise Nignan Traoré, Me Herman Yaméogo, René Emile Kaboré et Léonce Koné qui s’est rendu à cette rencontre, selon l’accusé.

Ils ont trouvé le général Diendéré tout seul qui leur a expliqué que l’initiative du coup d’Etat a été pris par de jeunes militaires et que lui avait pris la direction et décidé de l’assumer.

Selon Léonce Siméon Martin Koné, le général Diendéré a affirmé que la hiérarchie militaire qu’il avait rencontré, acceptait d’accompagner le mouvement mais en restant en retrait pour maintenir l’ordre.

Comme motif du coup d’Etat, le général Diendéré aurait donné trois raisons à la délégation, a expliqué Léonce Koné devant le Tribunal militaire.

La première raison serait liée aux mesures prises «par la Transition d’exclure une franche de la classe politique du Burkina Faso sur le motif que ces partis avaient soutenu la modification de l’article 37 de la constitution».

La seconde raison était la mesure d’annulation du vote des burkinabè de l’étranger pris par la Transition et la troisième raison était la modification de la loi organisant l’armée pour permettre d’élever le Premier ministre Yacouba Isaac Zida du grade de Lieutenant-colonel à celui de général de division.

Face à ces justifications du général Diendéré, Léonce Siméon Martin Koné dit que sa délégation et lui ont « pris acte du putsch » parce qu’ils étaient «persuadés que la Transition avait trahi (et) courait à une dérive».

Selon ses dires, son parti avait soutenu la transition malgré«les harcèlements, les menaces, les arrestations» dont ses militants et responsables étaient victimes, pour la seule raison qu’elle organise des élections inclusives, ouvertes à tous.

«Si à l’approche des élections, il s’avère que le but de la Transition était d’empêcher que nous participions à cette élection, nous n’avions aucune raison de rester loyauxà ce régime. Nous étions d’accord avec le changement», a-t-il expliqué.

Léonce Siméon Martin Koné a expliqué qu’à l’arrivée des présidents de la CEDEAO, les présidents Macky Sall et Boni Yayi pour les négociations, son parti et ses alliés ont exposé leur position à ceux-ci.

Ces derniers, selon Léonce Koné, ont affirmé n’avoir pas été surpris du putsch du moment où l’Etat burkinabè avait refusé d’appliquer la décision de la CEDEAO qui exigeait des élections inclusives.

Cependant, les chefs d’Etats auraient déclarés que leur institution ne pouvait cautionner un coup d’Etat a également affirmé Léonce Koné.

Selon lui, son parti et ses alliés étaient favorables au retrait des militaires du pouvoir comme l’exigeait la CEDEAO mais ils réclamaient un nouveau pouvoir civil autre que le président Kafando et son gouvernement.

«Nous n’étions pas favorable à la réinstallation de Kafando et de Zida à la tête du pays», a déclaré Léonce Siméon Martin Koné estimant que ces derniers n’avaient pas respectés leurs engagements.

«Le président Kafando a pris devant moi des engagements pour l’organisation d’élections inclusives qu’il n’a pas respecté. Je ne voulais plus qu’il soit reconduit», a-t-il affirmé.

«Que savez-vous de la déclaration de soutien au Conseil national de la démocratie (CND) du 20 septembre 2015 ?», a demandé le parquet militaire à l’accusé.



«La déclaration a été rédigé par différents partis. J’en approuve les termes et je les assume», a répondu Léonce Siméon Martin Koné.

Cependant, il a estimé que la déclaration telle quelle a été publié dans le procès-verbal de son interrogatoire devant le juge d’instruction, a été «tronqué» expliquant l’omission de certains paragraphes.

«Quand on veut prendre un texte dans une procédure, on le prend en entier», a-t-il déclaré puis il a lu, avec l’accord du Tribunal, les paragraphes omis.

Pour le procureur militaire Alioun Zanré, l’accusé doit arrêter de faire des déclarations politiques pour expliquer des coups d’Etats car les militaires, selon ses dires, ont une vocation.

Sur ces propos, l’accusé a invité le procureur militaire à faire preuve d’humilité quand il affirme que les militaires ont une vocation vu que «depuis 1966, il y a toujours eu les militaires dans la politique».

«En 2014, il y a eu le coup d’Etat du général Nabéré Traoré avant même que le président Compaoré ne démissionne. A sa suite, il y a eu le coup d’Etat de Zida», a-t-il déclaré et demandé si le procureur militaire a ouvert une instruction sur ces événements.

Devant la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou, Léonce Siméon Martin Koné a aussi reconnu avoir reçu la somme de 50 millions FCFA en provenance de la Côte d’Ivoire et acheminé à Ouagadougou par le biais des services du général Diendéré, a-t-il précisé.

Il a expliqué que la somme était le fruit d’une collecte de fonds qu’il a réalisé auprès d’amis privés à l’étranger afin de soutenir les actions de son parti politique le CDP et ce, à la veille des élections couplées présidentielle et législatives qui étaient prévues en octobre 2015.

Cependant, il a refusé de citer les noms de ses amis privés qui selon lui, ne tiennent pas à être connus.

«Comment l’argent est arrivé à Ouagadougou ?», a demandé le parquet militaire.

L’accusé reconnait avoir demandé au général Diendéré de faciliter l’arrivée de l’argent mais dit ignorer les conditions dans lesquelles, la somme est finalement arrivée.

«Quand l’argent est arrivé, le général Diendéré m’a appelé pour m’informer et René Emile Kaboré que nous avions désigné comme trésorier, est allé le récupérer à ma demande», a-t-il expliqué.

Le parquet militaire a expliqué que les 50 millions sont la somme que le capitaine Saidou Gaston Ouédraogo avait été chargé d’aller récupérer dans «une valise» ainsi que du matériel de maintien d’ordre à la frontière de la Côte d’Ivoire.

«Ne trouvez-vous pas les conditions d’acheminements de l’argent dans un contexte de putsch, assez troubles ?», a demandé le parquet militaire à l’accusé.

«Le procédé pour faire venir l’argent est certes inhabituel mais il n’est pas trouble», a répondu Léonce Siméon Martin Koné qui estime que le procédé pouvait se comprendre «dans un contexte de putsch où les frontières et les banques étaient fermées».

Le parquet militaire a demandé si une partie de cette somme n’a pas servi à mobiliser des militants pour soutenir le putsch et à confectionner des banderoles appelant au retour de Blaise Compaoré.

«C’est tout à fait possible que ces fonds aient servi à confectionné des banderoles et acheter du carburant pour les manifestants réclamant l’inclusion. Je ne vois rien de répréhensibles», a répondu l’accusé.

«Pouvait-on soutenir l’inclusion sans soutenir le putsch ?», a de nouveau demandé le parquet militaire.



«Il y a des gens qui voulaient l’inclusion mais pas le CND car la position de la CEDEAO était claire, pas de militaire au pouvoir. Même si la Transition devait être remplacée, il fallait la remplacer par une Transition consensuelle», a de nouveau répondu l’accusé.

«Ne trouvez-vous pas curieux que vos revendications politiques ont été repris par les auteurs de l’Attentat à la sûreté de l’Etat ?», a de nouveau demandé le parquet militaire.

«Je ne trouve pas anormal que les revendications des auteurs du putsch conviennent à nos revendications», a répondu l’accusé.

Le parquet militaire a ensuite lu une série de messages que l’accusé aurait envoyés et reçus durant la période du putsch. L’accusé a reconnu certains et récusé d’autres.

Léonce Siméon Martin Koné est poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat et coups et blessures volontaires sur 42 personnes. Il a plaidé non coupable.

Son interrogatoire se poursuit ce mercredi devant le Tribunal militaire de Ouagadougou.



Wurotèda Ibrahima SANOU
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