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Burkina/Putsch manqué: Minata Guelwaré aurait été agent de renseignement des putschistes

Publié le jeudi 18 octobre 2018  |  AIB
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© Autre presse par DR
Tribunal militaire de Ouagadougou: 27 militaires et 2 civils à la barre
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Ouagadougou - Minata Guelwaré, ex secrétaire Adjointe des mouvements associatifs du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), a nié lundi et mardi devant la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou, avoir servi d’agent de renseignement pour les putschistes de septembre 2015.

Elle a expliqué qu’elle a rendu «un service» à l’adjudant-chef Moussa Nébie dit Rambo à la demande de celui-ci.

Et ce service selon ses dires, consistait à se rendre à Bourtenga pour voir la position des forces loyalistes dont l’arrivée imminente était annoncée à Ouagadougou pour déloger le Régiment de sécurité présidentiel (RSP).

Pour l’exécution de «ce service», elle reconnait avoir reçu 20 litres de carburant de la part de l’adjudant-chef Moussa Nébie dit Rambo.

Pour le parquet militaire, l’acte posé par Minata Guelware et qualifié par elle de «service», n’est rien d’autre que du renseignement pour la collecte duquel, elle s’est rendue contrairement à ses dires, au de-là de Bourtenga, mais précisément à Zorgho, où une radio de la ville a été incendiée.

L’adjudant-chef à qui Minata Guelwaré dit avoir rendu service, aurait déclaré devant le juge d’instruction, ne l’avoir jamais demandé d’aller saccager une radio à Zorgho, mais plutôt de se positionner dans un endroit stratégique pour lui faire parvenir les renseignements sur les déplacements des forces loyalistes.

Plusieurs accusés dont les sergents chefs Ali Sanou et Mohamed Zerbo et leurs équipes, avaient déjà déclaré lors de leur audition devant le Tribunal militaire que c’est Minata Guelwaré qui leur a servi de guide pour aller à Zorgho où la radio Laafi a été incendiée.

Selon le parquet militaire, le directeur de ladite radio Albert Tarpaga a déclaré devant le juge d’instruction que parmi les militaires qui ont fait irruption dans les locaux de sa radio pour l’incendier, se trouvait une femme.

Une femme que Albert Tarpaga aurait identifiée sur les photos, lors de son audition, en la personne de Minata Guelwaré, a affirmé le parquet militaire.

«Je n’ai jamais vu Albert Tarpaga, ni été à Zorgho, ni saccagé de radio», a nié en bloc l’accusée, estimant aussi n’avoir «jamais donné de renseignements à Rambo».

Face aux déclarations de ses co-accusés et du directeur de la radio Laafi, elle demande des confrontations.

Minata Guelwaré est poursuivie pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre sur 13 personnes, coups et blessures sur 42 personnes et dégradation volontaire aggravée de biens. Pour ces quatre chefs d’accusations, l’accusée a plaidé non coupable.

Dans son récit des faits, Minata Guelwaré a affirmé qu’elle a appris l’arrestation des autorités de la Transition dans l’après-midi du 16 septembre 2015, puis un peu plus tard, elle a entendu sur la radio Oméga, l’acteur de la société civile Hervé Ouattara appelant à manifester pour exiger la libération desdits autorités.

En réaction à cet appel, Minata Guelwaré qui était la deuxième secrétaire aux mouvements associatifs et des organisations de la société civile du CDP, s’est rendue, selon ses dires, accompagnée de jeunes de son parti, à la radio Oméga pour inviter la population à ignorer l’appel de Hervé Ouattara pour "éviter de se faire tuer inutilement".

Le lendemain 17 septembre 2015, lorsqu’elle apprend le coup d’Etat, elle se rend de nouveau à la radio Oméga pour cette fois-ci appeler à sortir pour soutenir «l’inclusion» et des élections ouvertes à tous les partis politiques.

Pour le parquet militaire, l’accusée accompagnée de « ses guerriers » a menacé le journaliste Jean Paul Badoum qui était d’antenne à la radio Oméga et ce dernier lui a remis le micro pour s’exprimer.

«Elle a parlé et demandé à soutenir le putsch croyant qu’elle était en direct or elle était simplement enregistrée», a affirmé le parquet militaire.

«Je n’ai pas soutenu le putsch mais plutôt soutenu le D (Démocratie) du Conseil national de la démocratie (CND)», a précisé l’accusé.

Selon l’avocat de l’accusée, Me Silvère Kiemtaremboumbou, sa cliente n’a nullement menacé le journaliste Jean Paul Badoum, ni ne s’est rendue à Zorgho, ni brûler de radio.

«Elle n’a pas demandé de soutenir le putsch mais de prendre en compte les aspirations du peuple», a-t-il affirmé regrettant que le parquet «s’acharne» sur son client, qui de son avis fait «pitié».

Selon lui, les communiqués de sa cliente ont été «traficotées afin de la charger».

«Monsieur le président du Tribunal, si on vous donne les bandes authentiques des communiqués de ma cliente, elle va rentrer chez elle car il n’y aura rien contre elle», a-t-il affirmé.

Pour Me Séraphin Somé, de la partie civile, l’avocat de l’accusée ne peut pas dire que sa cliente fait pitié après qu’elle ait «apporté des renseignements stratégiques à des acteurs de premiers plans du putsch».

Selon lui, l’arrestation des autorités de la transition le 16 septembre 2015, était en phase avec les aspirations de l’accusé, c’est pourquoi, elle a demandé aux gens de ne pas sortir s’opposer à l’illégalité.

Une demande de liberté provisoire au profit de Minata Guelwaré a été introduite le 9 octobre dernier par Me Silvère Kiemtaremboumbou au profit de sa cliente.

Pour le parquet militaire, si le Tribunal prend le risque de mettre l’accusée en liberté provisoire, ce sera «lui donner la possibilité de se soustraire à la justice car 60% de sa famille se trouve en Côte d’Ivoire».

Le président du Tribunal militaire Seidou Ouédraogo a décidé de réserver sa décision pour le vendredi 19 octobre prochain.

Avant Minata Guelwaré, c’est le journaliste Lassina Ouédraogo qui a été appelé à la barre. Faute de charge retenu contre lui, il a été invité à regagner sa place.

Agence d’information du Burkina

Wurotèda Ibrahima SANOU
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