Le quartier Tampouy était en pleine effervescence ce lundi 19 août 2013. La cause, le décès d’un jeune de 24 ans du nom de Moumouni Zongo dans la nuit du mercredi 14 au jeudi 15 août 2013, alors interpellé par la Gendarmerie nationale. Cette manifestation a commencé le dimanche 18 août 2013.
« Encore un Zongo !» Tels sont les mots que l’on pouvait lire sur une pancarte qu’exhibe un jeune homme sur la RN2 au quartier Tampuy à Ouagadougou. Il fait partie d’une centaine de jeunes ayant pris d’assaut la RN2 au niveau du quartier Tampouy pour réclamer la lumière sur le décès d’un jeune homme, Moumouni Zongo, au cours d’une opération de la gendarmerie.
Deux versions des faits courent sur les lèvres. La première indique que la Gendarmerie nationale a interpellé quatre jeunes qui auraient séquestré une jeune fille. La seconde soutient que ces jeunes auraient été interpellés parce qu’ils s’adonneraient à la drogue.
Bavure ?
Le frère du défunt, Zongo Budnooma Abdel Aziz, lui, fait la synthèse de ces deux versions. Selon lui, « les jeunes ont été interpellés parce qu’il y avait des drogués qui détiennent une fille et lors de ladite interpellation, le petit (Moumouni Zongo, NDLR) s’est enfui. Il a alors été pourchassé et rattrapé.
Une fois arrivé à la gendarmerie, le petit avait des problèmes de respiration et c’est aux environs de 2h du matin (du 15 août 2013, NDLR) que les parents du jeune ont été informés de son décès ». Sur les causes du décès, le frère croit savoir que « l’enfant a été tabassé ».
Sur les raisons de la manifestation débutée depuis la veille, Abdel Aziz Zongo informe qu’elle a pour but de « demander la libération pure et simple des trois personnes qui ont été attrapées avec Moumouni qui sont toujours à la Gendarmerie. Et en plus, qu’on donne les faits réels qui ont conduit à sa mort ».
La gendarmerie clame son innocence
La gendarmerie nationale, approchée par Burkina 24, a souhaité ne pas communiquer sur le sujet. Toutefois, selon le quotidien burkinabè « Le Quotidien » de ce lundi 19 août, le groupement départemental de la gendarmerie de Ouagadougou, a procédé le 14 août 2013 à l’interpellation de quatre jeunes gens, dont une jeune fille et le défunt, dans le quartier de Markousi, non loin de Tampouy. Cette opération est basée sur une plainte d’un citoyen dont la fille a découché et se trouverait avec des jeunes gens qui consomment de la drogue.
Moumouni Zongo, selon le Capitaine Jean Bosco Sawadogo dudit groupement, a pris la fuite mais a été rattrapé par la population puis remis aux gendarmes.
A la gendarmerie et gardé sous un hangar, toujours selon le Capitaine Sawadogo, le défunt, se plaignant de douleurs (qui auraient commencé « moins de 3 minutes » après l’arrivée à la gendarmerie), a succombé avant l’arrivée des sapeurs pompiers.
Le Procureur du Faso a été saisi dès le décès du jeune homme, assure le Capitaine. Le corps a ensuite été déposé à la morgue de l’hôpital de Ouagadougou et les parents du défunt ont été informés le 15 août.
« Si la gendarmerie avait une quelconque responsabilité dans cette affaire, elle l’aurait assumée et tirer les conséquences », a affirmé le Capitaine Sawadogo.
L’autopsie, faite le samedi 17 août 2013, devrait situer définitivement les responsabilités. Moumouni Sawadogo était âgé de 24 ans et exerçait le métier d’électricien.