Dans quelques jours, précisément le 6 septembre prochain, les Etalons séniors croiseront les crampons contre les Panthères du Gabon au stade du 4-Août ; match comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde Brésil 2014. Avant cette date importante pour Moumouni Dagano et ses coéquipiers, nous avons rencontré le président de la Fédération burkinabè de football (FBF), Sita Sangaré, pour un entretien. Lequel a porté non seulement sur ce match des Etalons séniors, sur la qualification de ceux locaux pour le Championnat d’Afrique des nations (CHAN) mais aussi sur la bisbille qu’il y a eu entre Sita Sangaré et les journalistes concernant l’affaire Paul Put.
"Le Pays" : Est-ce qu’au lendemain de la qualification des Etalons locaux au Championnat d’Afrique des nations, on peut dire que 2013 est l’année du football burkinabè ?
Sita Sangaré : Je souhaite plutôt que 2014 soit l’année de notre football parce que 2013 est déjà derrière nous. C’est vrai qu’avec la grâce de Dieu, l’année 2013 a été globalement une très bonne année pour le Burkina Faso dans le domaine du football mais nous espérons que 2014 soit meilleure.
C’est vrai qu’il faut penser déjà à 2014, mais il y a le match décisif pour la qualification du mondial qui aura lieu en septembre prochain. Les Burkinabè ont bien envie d’y aller.
Oui, c’est le souhait de tout le monde. Il nous faut croiser les doigts pour que tout se passe relativement mal pour la République démocratique du Congo qui va croiser le Niger et que notre équipe batte le Gabon ici au Burkina.
Le CHAN est pour janvier 2014, comment comptez-vous préparer les Etalons locaux pour qu’ils puissent faire des exploits en Afrique u Sud ?
Comme le championnat n’est pas encore terminé, les entraîneurs vont continuer à observer les joueurs jusqu’à la fin pour détecter les meilleurs. Pour la préparation des Etalons locaux, je pense que nous avons un match amical qui est prévu contre la formation de l’Afrique du Sud le 17 août prochain. Ce match nous servira de préparation pour le CHAN 2014. Nous prévoyons aussi de démarrer le championnat national avant janvier 2014 pour permettre au groupe d’avoir quelques matches dans les jambes avant de se rendre en Afrique du Sud.
Revenons sur l’affaire Paul Put qui a fait beaucoup de bruit au Burkina. Laquelle affaire avait trait au renouvellement de son contrat. Peut-on savoir dans quelles conditions les tractations se sont passées pour que finalement vous parveniez à un consensus ?
Je pense que j’ai eu l’occasion de le dire. C’est un processus quasi normal. Il y a un contrat qui est signé avec l’entraîneur sur une certaine période. A priori, on se dit qu’avant l’échéance, il ne doit pas demander à négocier les termes de son contrat. Il se trouve que, malheureusement ou heureusement, le football est un monde assez particulier dans lequel les entraîneurs tout comme les joueurs, dès lors qu’ils prennent une certaine valeur marchande, ont tendance à renégocier leur contrat. C’est ce que Paul Put a fait. Je dois dire que par la grâce de Dieu et par la sagesse des uns et des autres, nous avons pu parvenir à un consensus avec lui. Ce sont des négociations et chaque partie a eu à faire des concessions. Toute chose qui nous a permis d’avoir un juste milieu que nous pensons satisfaisant pour toutes les parties.
Selon certaines sources, il y a eu des pressions de la part des plus hautes autorités pour que vous régliez le problème très rapidement.
Non. Il est vrai que les plus hautes autorités de ce pays s’intéressent à la gestion du football et cela est normal, mais je dois vous dire qu’elles font confiance à l’équipe fédérale et au ministère des Sports. Pour cela les affaires de football ne souffrent pas d’immixtion de ce genre au niveau des autorités, même s’il est vrai que de façon responsable et naturelle, nous rendons compte de temps à autre de notre gestion. Nous avons tout simplement rendu compte aux autorités des résultats des tractations qui ont eu lieu pour aboutir au consensus avec l’entraîneur national. Sinon, je vous assure qu’il n’y a pas eu d’ingérence ni directe ni indirecte de la part des autorités dans cette affaire.
On aurait également appris que de concert avec le ministre des Sports, vous avez proposé à Paul Put un salaire à la hauteur de ce que gagnait son prédécesseur Paulo Duarte.
Est-ce vrai ?
(Rires). Vous savez, les salaires se négocient librement. Chaque entraîneur négocie son salaire quand il vient. Personnellement, je ne sais pas combien Paulo Duarte touchait comme salaire parce que je n’étais pas à la fédération quand il était là. Ce qui est vrai, c’est que l’entraîneur national a demandé à ce qu’il puisse être traité à un niveau proportionnel avec ce qu’il a pu engranger comme résultats sur le terrain.
Les Burkinabè veulent savoir combien gagne leur entraîneur, parce que quoi qu’on dise c’est l’argent du contribuable qui est utilisé pour le payer.
C’est une bonne question que vous me posez. Il faut dire que les Burkinabè ont tout à fait raison de vouloir connaître le salaire de leur entraîneur. Sans vouloir éluder la question, je peux vous dire que nous sommes venus trouver cette situation qui existait depuis longtemps. La pratique au niveau de la fédération a consisté à insérer une clause de confidentialité au niveau des salaires des entraîneurs. Toute chose qui est compréhensible parce que si vous dévoiler le salaire d’un entraîneur, je me dis que les gens vont penser tout de suite que c’est un salaire beaucoup élevé par rapport au niveau des salaires pratiqués au Burkina Faso. Mais il faut dire qu’au niveau du football, si vous voulez avoir des résultats, il faut que l’entraîneur ait une certaine autorité sur les joueurs. Et il se trouve qu’au niveau des joueurs, la majorité sont des professionnels qui perçoivent dans leurs clubs des salaires très confortables ; au regard de cela, il faut que l’entraîneur national ait un salaire assez raisonnable qui puisse lui permettre d’avoir une certaine autorité sur ses joueurs. Je peux vous assurer que, malgré la récente revalorisation du salaire de Paul Put, il ne perçoit pas la moitié des salaires des cadres de l’équipe. C’est tout ce que je peux dire sur le salaire de l’entraîneur national.
Qu’en est-il des entraîneurs des équipes locaux ?
A ce niveau aussi, je peux vous assurer que nos prédécesseurs ont fait des efforts conséquents pour permettre aux entraîneurs locaux d’être à l’aise pour remplir leurs missions. A leur niveau aussi, il faut qu’ils aient un peu de hauteur par rapport aux joueurs dont ils ont la charge. En tout, je vous rassure qu’ils ont des salaires assez conséquents qui leur permettent de faire leur travail.
L’une des conséquences de l’affaire Paul Put a été la bisbille qu’il y a eu entre les journalistes sportifs et vous. Et on a eu l’impression que vous attendiez cette occasion pour régler vos comptes avec les journalistes.
Merci de me donner l’occasion de revenir sur ce sujet. Je ne pense pas qu’entre les journalistes et moi il y a une quelconque bisbille. De même, je ne pense pas avoir profité de l’affaire Paul Put pour régler mes comptes comme vous le dites. Vous savez, j’ai un franc-parler et pour cette affaire, j’ai tenu à éclaircir certaines choses. Sur l’affaire en question, j’ai trouvé que certains journalistes étaient allés trop vite en besogne. On ne peut pas empêcher un journaliste de publier une information, mais lorsque l’information n’est pas vérifiée, il appartient au journaliste de la traiter avec beaucoup de prudence, de ne pas être trop affirmatif. Mais pour l’affaire Paul Put, certains journalistes ont affirmé, par exemple, que les avocats de l’entraîneur ont déposé sa démission à la Fédération alors que Paul Put n’a pas d’avocat au Burkina Faso. C’est cela que nous avons déploré parce que cela n’a pas facilité les négociations qu’il y a eu avec l’intéressé en question. Mais, enfin, tout cela est derrière nous, le problème a été réglé. Sinon je n’ai rien contre les journalistes, au contraire je les invite à nous accompagner.
Est-ce qu’on peut dire que tout est fini entre vous et les journalistes et que ces derniers ne se verront plus interpellés s’ils venaient à faire des critiques ou à publier des informations qui ne sont pas du goût du comité exécutif de la fédération ?
Non. Une fois encore, je vous rappelle que ce n’est pas la critique qui est mon problème ou celui du comité exécutif. Des critiques qui ne sont pas du goût du comité exécutif ne constituent pas un problème du moment où chacun analyse une information selon sa compréhension. Seulement, je demande aux journalistes de faire l’effort de ne pas donner à la population des informations qui sont fausses. C’est tout ce que je demande. Pour exemple, il a été dit que la nouvelle fédération a changé le mode de tirage de la Coupe du Faso et cela a eu pour conséquence la confrontation de l’EFO contre l’ASFA. Toute chose qui n’est pas vraie. Lorsque l’on dit que les avocats de Paul Put ont déposé sa démission alors que Paul Put n’a même pas d’avocat au Burkina, comment voulez-vous que nous restions silencieux face à des informations qui ne sont pas vraies ? Nous n’avons pas pour ambition d’empêcher la presse de travailler mais lui demander de bien assurer son rôle d’accompagnement.
Doit-on donc comprendre que la hache de guerre est finalement enterrée entre les hommes de médias et le président de la Fédération ?
Je pense qu’entre les hommes de médias et le président de la fédération que je suis, il y a eu des incompréhensions. Il ne saurait y avoir des tensions. J’espère qu’on finira par s’entendre. De mon côté, je ne suis animé d’aucune mauvaise intention vis-à-vis de la presse. Si certains journalistes se sont sentis offensés par mes attitudes et mes propos, je leur demande humblement pardon.
Récemment, vous avez conduit une délégation en France où vous avez rencontré la Fédération française de football. Peut-on savoir ce que le football burkinabè va bénéficier de ce séjour français ?
Il faut dire qu’à la veille de la Coupe d’Afrique des Nations qui s’est jouée dernièrement en Afrique du Sud, le ministre des Sports et moi-même avions été en France pour une mission auprès des principaux cadres de notre équipe pour les interpeller sur la nécessité pour eux de travailler pour que nous ayons une bonne prestation à la CAN. Profitant donc de ce séjour en France, nous avons rendu une visite de courtoisie au président de la Fédération française de football. Au cours de ces échanges, il a été fortement question de la possibilité d’avoir des relations de partenariat entre nos deux fédérations. Après la CAN, nous avons été relancés par la Fédération française de football. Voilà ce qui a justifié notre récent séjour en France. Nous nous sommes déplacés donc pour jeter les bases de notre collaboration. Avant la fin de l’année, il y aura une mission française au Burkina pour des échanges approfondis.
Propos recueillis par Antoine Battiono et Yannick SANKARA