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Le Quotidien N° 843 du 17/8/2013

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Guillaume Soro dans le fief de Gbagbo : un exemple de courage politique
Publié le samedi 17 aout 2013   |  Le Quotidien


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© Abidjan.net par DR
Une délégation des présidents d`Assemblées nationales d`Afrique reçue par le Président ivoirien
Jeudi 25 avril 2013. Plateau. Le Président Alassane Ouattara accorde une audience à une délégation des Présidents des Assemblées Nationales africaines invités à la 1ère Session ordinaire de l`année 2013 de l`Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire.


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Cela parait surréaliste. Guillaume Soro prêchant la paix et la réconciliation sur les terres de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé, c’est une scène pour le moins inattendue et inespérée. Le président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire est, on le sait, l’ex-patron des Forces nouvelles qui ont croisé le fer avec Laurent Gbagbo, d’abord en tentant de le renverser par une insurrection armée, puis en le déboulonnant avec l’aide de l’armée française et des forces de l’ONU, après la présidentielle controversée de 2010. Il est de ce fait le principal acteur de la chute du régime Gbagbo et de la perte du pouvoir par son clan, étant entendu qu’en Côte d’Ivoire, comme dans bien des pays africains, le pouvoir se gère d’abord avec la famille.

Y a-t-il pire ennemi que celui qui vous a fait perdre le pouvoir, ses privilèges et de surcroit a fait déporter votre frère de président dans une prison au-delà des mers ? C’est cette haine viscérale, en tout cas, qui continue d’animer le parti de Laurent Gbagbo dont les héritiers ne veulent aucunement entendre parler de dialogue, de paix et de réconciliation. Mais les ressortissants de la région natale de Gbagbo, ses « frères de sang », comme on le dit en Côte d’Ivoire, semblent avoir, eux, opté pour une autre approche. Ils ont accepté d’accueillir le « bourreau » de leur fils. Vont-ils pour autant accepter, sans condition, de tourner la page ? Ont-ils compris que leur fils a aussi commis de graves erreurs ? Guillaume Soro a fait le premier pas, pour aller à la rencontre des populations d’une région qui aurait pu être oubliée par le pouvoir actuel par vengeance. Mais, il ne l’a pas fait. Au contraire, il a pris l’initiative de renouer le fil du dialogue. C’est à la fois un courage et une humilité politiques rares en Afrique.

Reste à savoir si ses hôtes reconnaitront à sa juste valeur cet effort de Guillaume Soro. On peut penser qu’il y a eu au préalable un travail de fond, avec les notabilités, pour permettre ce voyage. Donc, Guillaume Soro a obtenu la bénédiction des Bété, l’ethnie de Gbagbo, avant d’entreprendre son périple. Il ne peut aller rendre visite à des gens sans leur accord. C’est le minimum, si réellement on s’inscrit dans la dynamique de la réconciliation. C’est en tout cas une attitude de sagesse que les « parents » de Gbagbo ont adoptée. Ils doivent transcender la
douleur de la perte du pouvoir et de l’éloignement de leur fils pour discuter avec le pouvoir.

Le réalisme politique l’exige, d’autant que toutes les tentatives de déstabilisation du régime de Alassane Ouattara, dont Guillaume Soro est le bras armé, ont échoué. D’ailleurs, Guillaume Soro l’a répété : c’est illusoire de croire à un retour au pouvoir de Gbagbo par la force. Alors, quand on est en position de faiblesse, la meilleure stratégie est de faire profil bas, en attendant les jours meilleurs. Car les pro-Gabgbo doivent se rendre à l’évidence : il ne sert à rien de se replier dans son cocon, voire de se braquer contre les institutions. Le Front populaire ivoirien, le parti de Laurent Gbagbo, campe toujours sur sa position extrémiste, réfractaire à tout contact avec le pouvoir. Si Soro réussit à avoir la confiance du clan familial de Gbagbo, il court-circuiterait et marginaliserait ainsi le parti. Et ce serait tant pis pour les barons de cette formation politique. La traversée du désert n’en serait que plus longue et plus difficile pour eux, à cause de leur politique de la chaise vide.

Mais rien n’est encore joué dans les contacts engagés entre Guillaume Soro et la famille de Laurent Gbagbo. Même s’il a choisi de jouer sur la fibre familiale, en contournant la difficulté politique posée par le FPI, le président de l’Assemblée nationale devra donner des gages autres que ceux d’avoir fait le premier pas. Les vaincus d’aujourd’hui espèrent de la part des vainqueurs des signaux encore plus forts, à même de les rassurer. Le retour du vivre-ensemble en Côte d’Ivoire passe par une confiance mutuelle et sans faille entre tous les Ivoiriens. Ce séjour de Soro dans le « Gbagboland » va-t-il sceller la réconciliation entre deux rivaux politiques, et au-delà, deux régions de la Côte d’Ivoire, le Sud et le Nord ? Il faudra donc attendre des semaines, voire des mois, au fil des actes que poseront les uns et les autres, pour mesurer l’impact réel de cette visite historique .

La Rédaction

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