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Manifestation à la mine d’or de Bagassi

Publié le vendredi 12 octobre 2018  |  Sidwaya
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Les jeunes de Bagassi, dans la province des Balé, ont barricadé la voie, le mercredi 10 octobre 2018, à 4 heures du matin, pour empêcher les véhicules de la société minière canadienne Roxgold d’accéder au site. Le mouvement d’humeur a dégénéré en heurts entre manifestants et forces de l’ordre, occasionnant des dégâts matériels. Le calme est revenu après, et un comité de crise a été mis en place pour désamorcer les probables rebondissements.


La commune rurale de Bagassi, située à environ 40 kilomètres au Nord-Ouest de Boromo a été, le matin du mercredi 10 octobre 2018, le théâtre d’affrontements entre manifestants et policiers. Selon des témoins, il s’est agi d’un mouvement d’humeur des jeunes qui a dégénéré.

Le mouvement, a-t-on appris, avait pour objectif de transmettre une liste de doléances aux responsables de la société minière Roxgold qui exploite l’or de la localité. Cette marche dite pacifique, toujours selon les témoignages, a consisté à bloquer la voie et empêcher les véhicules de la mine d’accéder au site.

Une situation, qui a viré à l’affrontement, car des hommes en treillis, qui seraient venus en renfort de Boromo, ont pris d’assaut les lieux, faisant usage de gaz lacrymogènes et de matraques. C’était le sauve-qui-peut et les jeunes dans leur passage ont déversé leur colère sur des biens des responsables miniers et de la population.

A notre arrivée sur les lieux, dans l’après-midi du mercredi 10 octobre, l’on notait une accalmie totale. Toutefois, des dégâts matériels étaient visibles. Aussi avons-nous appris la mise en place d’un comité pour désamorcer la crise. Selon le préfet du département de Bagassi, Aboubacar Sanogo, la situation qui prévaut dans la localité est liée à un manque de communication entre les jeunes et la société minière.

Pour lui, c’est un mouvement d’humeur dû à un malentendu. «Quand les gens sortent pour manifester, les dégâts ne manquent pas au niveau de la population», a- t-il laissé entendre. Le préfet de Bagassi a invité les populations à toujours s’informer auprès de l’administration et à utiliser les voies légales pour leurs revendications.

De son avis, un consensus a été trouvé avec les acteurs concernés, avec la mise en place d’un comité de crise. Il a soutenu que la société minière Roxgold doit communiquer suffisamment sur ses actions qu’elle mène au profit de la population pour éviter de tels dérapages à l’avenir. «La manifestation n’a pas occasionné de perte en vie humaine ni de blessé», a ajouté Aboubacar Sanogo.


Engagement

à juguler la crise


Le Directeur général (DG) de la société minière Roxgold, Eric Gratton, joint au téléphone, affirme avoir une bonne communication avec les autorités locales et les populations riveraines de la mine depuis le début des activités de l’entreprise. A l’entendre, la société a une feuille de route, qui définit les différentes actions à réaliser et va communiquer davantage avec le gouvernement sur celle-ci.

«45% des employés sont originaires de la commune de Bagassi», a indiqué le DG de la société Roxgold. D’après lui, des pourparlers ont été engagés entre les autorités locales et la société minière pour prendre en compte leurs préoccupations. Il a souligné que le dialogue va permettre de ramener la sérénité et la paix sur le site. Eric Gratton a, par ailleurs, expliqué que les jeunes ont remis une liste de doléances depuis un certain temps et la mine était en train de réfléchir à comment améliorer leurs conditions de vie et de travail.

«Nous allons travailler dans la même dynamique pour le bien-être des jeunes», a-t-il précisé. Pour sa part, le porte-parole des manifestants, Lawa Yé, a expliqué que c’est depuis le 30 septembre 2018, que les jeunes voulaient remettre leurs préoccupations aux responsables de la mine. A l’en croire, les doléances de la jeunesse locale s’articulent sur, entre autres, le licenciement abusif, le recrutement, les locaux, le problème de l’exploitation artisanale, et la fissuration des maisons.

«Avant l’installation de la mine, on ne connaissait pas ça et après son installation nous constatons que nos maisons sont en train d’être fissurées», a- t-il ajouté. A l’écouter, la mine doit être à l’origine de cette situation, parce qu’elle est située non loin du village. M. Yé note que leurs préoccupations, partagées par le bureau du Comité villageois de développement (CVD) et des relais communautaires, ne sont pas communiquées aux responsables de la mine et c’est ce qui explique la marche des jeunes contre la société.

Il soutient que l’objectif de leur mouvement est de faire partir le directeur des relations communautaires de la société, afin qu’il ne sème pas la zizanie entre les fils du village. Le porte-parole des manifestants estime que le responsable des relations communautaires ne joue pas correctement son rôle, d’où la non-réaction à leurs doléances. «Nous avons des problèmes et nous sommes là pour transmettre un message au DG de la mine», a souligné Lawa Yé.

Le porte-parole des manifestants affirme qu’au moins quatre personnes ont été grièvement blessées pendant la course poursuite. Il a invité le gouvernement à suivre de près l’application du Code minier, afin de permettre aux populations riveraines de bénéficier des retombées minières du pays.


«La jeunesse de Bagassi abandonnée par la mine»


Pour le chef du village de Bagassi, Amédée Z. Yé, la marche contre la société minière s’explique par un mécontentement général de la jeunesse. A l’en croire, les jeunes se sentent délaissés dans le traitement de l’activité minière de la zone.

Le chef coutumier révèle que les revendications des manifestants sont basées sur le recrutement, la formation et les projets de la mine. «La localité ne profite pas de l’activité de la société minière Roxgold», a-t-il confié. Selon ses dires, des employés ont été recrutés ailleurs et les jeunes estiment qu’ils ont été délaissés dans leur zone.

Amédée Yé a signalé que lors de la manifestation d’humeur, il n’y a pas eu de dégât sur la mine, mais que par contre, la population a enregistré des blessés et des dégâts matériels. «Nous sommes en échange avec les jeunes mais pour l’apaisement total de la crise, il faut que la mine revoie beaucoup de choses pour le village», a exhorté le chef.

Dieudonné Bassolé est un riverain de la zone d’exploitation minière. Il soutient que les jeunes ont marché pour le bien-être de leur localité. «Nous sommes de ce village et pourquoi employer d’autres jeunes sans nous ?», s’est-il interrogé. De son avis, les manifestants ont pacifiquement marché pour exprimer leurs préoccupations et ce sont les forces de l’ordre qui les ont provoqués.

Quant à la commerçante Flora Kaba, exerçant non loin du site minier, elle pense que la société doit favoriser le recrutement des locaux au lieu des allogènes. Mme Kaba a fait observer qu’avec la pauvreté des jeunes, ses recettes sont passées de 100 000 francs CFA à 15 000 francs CFA par jour.

Elle a signifié, que les manifestants voulaient exprimer leur mécontentement à la mine et la police les a dispersés en les bastonnant. «Ils n’ont rien fait de mal et les forces de l’ordre les maltraitent comme ça, c’est dommage», a-t-elle conclu. Contactés, les responsables en charge de la sécurité sur place n’ont pas voulu se prononcer sur le sujet, évoquant une question de hiérarchie.


Nida OUEDRAOGO
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Sidwaya N° 7229 du 8/8/2012

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