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Procès du putsch : «Si vous devez trancher, on est mort»

Publié le mercredi 10 octobre 2018  |  Sidwaya
Burkina
© aOuaga.com par Séni Dabo
Burkina : dédicace d`un livre sur le règne de Blaise Compaoré
Vendredi 5 août 2016. Ouagadougou. Le journaliste Adama Ouédraogo dit Damiss a dédicacé son tout premier ouvrage sur le règne de l`ancien président du Faso, Blaise Conpaoré, intitulé "Blaise Compaoré : de l`ascension à la descension"
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Le journaliste Adama Ouédraogo dit Damiss, a nié, le mardi 9 octobre 2018, devant les juges du tribunal militaire, toute complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, lors du putsch de septembre 2015.


Dans l’affaire du coup d’Etat manqué, Damiss se dit blanc comme neige. C’est du moins ce qu’il a fait savoir, ce mardi 9 octobre 2018, à la barre du tribunal militaire. Poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, de coups et blessures volontaires, le journaliste à l’Observateur Paalga, Adama Ouédraogo, au moment des faits, avait plaidé non coupable, la veille. A la barre, hier matin, il a dit avoir appris la séquestration des autorités de la Transition, le 16 septembre 2015, aux alentours de 17h sur la télévision France 24. Ayant appris vers 23h, qu’il y aura une médiation à Kosyam, il décide de s’y rendre. A proximité du palais présidentiel, un élément en faction l’a informé que la rencontre se tenait au camp Naaba Koom II. « Les éléments échangeaient entre eux dehors, j’ai senti que ma présence les dérangeait », a précisé M. Ouédraogo. Le lendemain, il devait se rendre à Bobo-Dioulasso pour un décès, mais son conducteur lui a fait faux bond. Il décide alors de faire un tour à Kosyam où il a aperçu le Gal Diendéré. A la recherche de frais de carburant pour son voyage, le journaliste dit avoir reçu un appel de Halidou Ouédraogo, protocole de Djibrill Bassolé, qui lui a remis la somme d’un million de francs CFA, de la part du général de gendarmerie. Pour l’accusé, cela n’a aucun rapport avec le putsch. Car, a-t-il indiqué, ce n’est pas la première fois qu’il reçoit de l’aide de Djibrill Bassolé qu’il connaît depuis Nouna et qu’il considère plus comme « un oncle » qu’un homme politique. Aussi, Adama Ouédraogo a indiqué qu’il a déjà élaboré une stratégie de communication au profit de M. Bassolet, sur requête de son épouse. « On utilise un fait pour me charger ou charger Djibrill Bassolé. C’est un fait qui n’a rien à avoir avec le coup d’Etat », a argué Damiss. Selon des transcriptions d’appels téléphoniques, le parquet militaire a soutenu que le journaliste aurait échangé avec le Gal Bassolé au moment des évènements sur le putsch. Dans l’un des extraits lu à l’audience, Djibrill Bassolé lui aurait affirmé qu’il ne s’arrêterait pas à là. « Je n’ai jamais échangé ce type d’appel avec le général. Aussi, l’élément sonore n’est pas précis, n’a aucune date, ni heure. La voix aurait pu être truquée. Cette écoute n’est que des histoires », a rétorqué l’accusé. Il a dénoncé l’acharnement du parquet militaire contre sa personne. « On remercie Dieu, sinon, si c’est vous qui devez trancher, on est mort », lui a-t-il signifié. Sur ce, le président du tribunal l’a rappelé à l’ordre, car chacun fait son travail.


Passe d’armes entre Damiss et Me Hervé Kam


Pour ce qui est de la déclaration du Conseil national de la démocratie (CND), il a nié toute implication dans la rédaction dudit document. Dans son procès verbal d’interrogatoire, le général Diendéré a d’abord affirmé, avant de se rétracter, que c’est à Damiss, actuellement directeur de publication de « Le Dossier » qu’il a demandé de « recenser les griefs politiques » contre la Transition. Dans une autre déposition, un an après, le général a indiqué avoir été inspiré par les analyses et échanges avec le chef de desk politique de « L’Obs » de l’époque. « Je n’ai pas rédigé de déclaration, je ne l’ai pas lu avant publication (…). Tout le problème, c’est parce que je suis allé là-bas (…) Si le simple fait de se rendre au camp Naaba Koom II est une infraction pénale, alors qu’on arrête les audiences et qu’on me guillotine », a-t-il déclaré. Le procureur militaire est aussi revenu sur sa supposée fuite hors du Burkina. Pour Damiss, ce sont des ragots de bar. Il s’est tout simplement rendu au Mali, au Maroc et en Côte d’Ivoire pour des soins. Il dit avoir même écrit au tribunal militaire pour l’en informer et aussi préciser sa date de retour, dès qu’il a appris qu’il était cité dans le dossier. Une fois au pays, Adama Ouédraogo a soutenu qu’il a passé son temps à « bousculer » la gendarmerie, avec les documents médicaux, pour être auditionné. La partie civile a précisé qu’en matière pénale, les moyens de preuve ne sont pas limités et que plusieurs indices incriminent Adama Ouédraogo. Pour Me Hervé Kam, l’accusé était le seul journaliste sur les lieux, et plusieurs personnes l’ont reconnu. Damiss n’a pas nié y avoir été. Au moment des faits, il était en congé et n’avait donc pas obligation de résultat vis-à-vis du journal. Il a dit être allé sur initiative personnelle. Il a soutenu avoir vu aussi des enseignants d’université notamment le Pr Augustin Loada et des grands défenseurs de la Constitution burkinabé comme Me Kam, se concerter avec le lieutenant-colonel Yacouba Zida, le 31 octobre 2014, avant de se rendre compte plus tard que c’était le « coup d’Etat de Guy Hervé Kam » qui était en préparation. « Pendant qu’on juge la sorcière, elle dit qu’il veut pleuvoir », a répondu l’avocat, demandant à l’accusé de s’en tenir aux faits qui lui sont reprochés.


Le groupe électrogène en panne ?


Dans la soirée, l’audience a été perturbée par des coupures intempestives de courant. Sa reprise a d’abord accusé un léger retard dû à cette situation. Une fois l’électricité rétablie, la parole a été donnée aux parties civiles. A peine Me Prosper Farama a commencé à faire ses observations, qu’une autre coupure de courant intervient. Le président du tribunal a décidé de suspendre momentanément l’audience. Pendant que certains patientaient dans la salle obscure, d’autres ont préféré « prendre de l’air » dehors. La réapparition de la lumière, après une vingtaine de minutes, avait suscité de l’espoir pour la suite de l’audience mais cela n’a été que de courte durée. Poursuivant ses observations, Me Farama a signifié au prévenu Damiss que ce n’est pas sa présence au camp Naaba Koom II, ni le fait d’avoir contacté des personnalités lors du putsch qui font de lui un coupable. Pour l’avocat, ce sont surtout les propos du Gal Diendéré selon lesquels Damiss a été sollicité dans le cadre de la rédaction de la déclaration du CND qui l’incriminent. C’est pourquoi, il a estimé que le journaliste doit plutôt chercher à convaincre la juridiction pour sauver son honneur. Avant de continuer, Me Farama a voulu savoir si l’accusé souhaite réagir. Mais celui-ci n’aura pas le temps de le faire. Une coupure d’électricité s’invite encore dans la salle. Cette fois, le président du tribunal a été obligé de suspendre l’audience du jour. Dans l’assistance, on susurre que le groupe électrogène de la salle des banquets où se tient le procès serait en panne. L’audition du journaliste se poursuit ce mercredi à partir de 9h.


Djakaridia SIRIBIE &
Mady KABRE
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