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Procès du putsch manque : « Il y a eu beaucoup de mains noires dans mon dossier », dixit Lota

Publié le lundi 8 octobre 2018  |  Le Pays
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© Autre presse par DR
le procès du putsch manqué de septembre 2016 reprend ce mercredi 9 mai 2018, à la salle des Banquets de Ouaga 2000
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L’audition du colonel et magistrat militaire Abdoul Karim Traoré s’est poursuivie le 4 octobre 2018 au Tribunal militaire, dans la salle des Banquets de Ouaga 2000. La défense du colonel a estimé que les procédures de poursuite contre son client, sont de nullité absolue. A la suite du colonel, c’est Abdoul Karim Baguian dit Lota, un commerçant, militant du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), qui lui succède à la barre pour répondre de deux chefs d’inculpation, à savoir « coups et blessures volontaires sur 42 personnes et destruction aggravée de biens ».

L’audience s’ouvre avec les observations des avocats de la partie civile, le 4 octobre. Me Séraphin Somé qui a fait des observations sur les dépositions du colonel Traoré, finit par conclure que celui-ci laisse voir que la page de la Transition est tournée lorsqu’il a suggéré au général Diendéré de remettre le pouvoir aux civils. De ce fait, le colonel était dans la dynamique de la consommation du putsch, à l’entendre, cela d’autant plus que le colonel a souhaité que le CND ait un visage représentant toutes les composantes de l’Armée.

Il indique que le « privilège de juridiction imaginaire » que l’accusé invoque en sa propre faveur a disparu, et de ce fait, il a été traité en citoyen ordinaire. Sur le rapport d’expertise téléphonique que l’accusé conteste, Me Séraphin Somé indique que la loi offre des « fenêtres de tir » à tout accusé pour attaquer les actes irréguliers pris à son encontre.

Ce que le colonel n’a pas fait, dit-il. L’accusé n’a pas souhaité commenter les propos de l’avocat qui lui attribue des choses qu’il ne reconnaît pas, selon ses mots. Me Dieudonné Willy, conseil de l’accusé, indique que l’article 105 du code de procédure demande la reprise du travail dès lors que des procès-verbaux (PV) d’audition ne sont pas signés. Ce qui est le cas du colonel qui n’a pas signé certains PV.

L’avocat soutient que les PV d’audition n’ayant pas été présentés au colonel pour signature, ils sont nuls et non avenus, au regard des dispositions combinées des articles 105 et 150 du code de procédure pénale. Pour lui, l’ordre de poursuite du colonel date du 2 octobre 2015. Sur commission rogatoire, son audition a commencé le 5 octobre 2015 et la Cour de cassation a reçu l’ordre de poursuite le 7 octobre 2015, et indique que des indices de culpabilité existent à l’endroit du colonel Traoré qu’il faut poursuivre après l’audition du colonel Bamba.

Me Justin Sogodogo, l’autre conseil de l’accusé, indique qu’un arrêt a été rendu le 6 novembre 2016, à la demande du commissaire du gouvernement. Un officier de police judiciaire « incompétent », dit-il, qui ordonne une enquête dont l’avocat s’interroge sur le sort à réserver aux résultats de ladite enquête.

« L’instruction a révélé la faiblesse de l’accusation »

Il soutient que les poursuites contre le colonel devaient commencer après l’arrêt du 6 novembre, mais elles ont commencé avant, à l’entendre. Et pourtant, dit-il, il faut veiller à ce que les droits de la défense, sacrés selon ses termes, soient respectés à toutes les étapes de la procédure. Qu’est-ce qui reste du dossier du colonel Traoré, s’interroge-t-il ? Des déclarations d’autres accusés, laisse-t-il croire.

Pour l’avocat, l’intime conviction du tribunal ne peut se fonder que sur des choses claires. Et de souligner qu’« il n’y a rien dans le dossier du colonel Traoré, à part des interprétations tendancieuses ». Sa profonde conviction, dit-il, c’est que la question de la nullité des PV et des poursuites fonctionne comme des sables mouvants.

Un juge relevant de la juridiction de droit commun a initié une procédure contre le colonel Traoré, ce qui est contraire au code de procédure ici, selon l’avocat, puisque, dit-il, le Code de justice militaire n’est pas un code de droit commun. Pour Me Sogodogo, on a eu droit à des commentaires, à des tiraillements, sans qu’on n’apporte la preuve matérielle de la culpabilité du colonel, au-delà des subjectivités.

« Qu’a fait exactement le colonel ? », s’interroge-t-il. « La caution morale ou l’avis qu’il a donné au général ? » questionne-t-il toujours. Lorsque Me Zanliatou Aouba, avocate de la défense, prend la parole, elle fait savoir que ce sont les articles 111 et 114 du Code de procédure pénale qui régissent les PV des inculpés et les dispositions de l’article 105 dudit code disent que les ratures et les PV non signés sont nuls et non avenus.


Et sur la base des dispositions de l’article 170, poursuit-elle, la défense ou l’accusé peut renoncer à attaquer des procédures sans qu’il ne lui soit reproché de n’avoir pas attaqué les irrégularités de la procédure. Me Bonkoungou, après quelques questions à l’accusé, fait observer que si l’on n’élague pas tout ce qui est inutile du document d’expertise, le travail du tribunal sera inutile. Il prie le tribunal de faire en sorte que ce qui est irrégulier ou nul le soit et tout ce qui viole les droits de la défense soit considéré comme tel.

Pour le parquet, la défense du colonel invoque la nullité de certains actes de la procédure parce qu’elle a le dos au mur. « Ils (les avocats) trouvent l’occasion de saborder la procédure parce qu’ils ont du mal à défendre la cause » et plaident « le doute », mentionne-t-il, avant de les inviter à déposer les requêtes et que l’on en discute. Pour Me Hervé Kam, le colonel ne dit pas la vérité sur sa présence à Naaba Koom II, dans la nuit du 16 au 17 septembre 2015.

Me Ouily, conseil de l’accusé, fait observer que l’instruction a révélé la faiblesse de l’accusation dans la mesure où le parquet dit que la défense plaide « le doute », selon lui. Il estime que le colonel a eu la faiblesse d’aller offrir ses services, son expertise pour la résolution de la crise, en vue d’en limiter les dégâts. La faiblesse d’un homme ne doit pas constituer une infraction, martèle-t-il. C’est sur ces notes que le président du tribunal suspend l’audience à 13h.

« Je reconnais avoir porté des coups sur Nicolas Kaboré »

L’audition du colonel Abdoul Karim Traoré se poursuit à la reprise à 14h. Après l’intervention du conseil de l’avocat, la parole est aux avocats de la partie civile. Et c’est Me Séraphin Somé qui a la parole. Celui-ci laisse entendre que « le colonel est un homme politique et non un analyste politique comme il le dit, car en se déplaçant au camp Naaba Koom II, il était dans l’action politique ».

Selon Me Séraphin Somé, les raisons de curiosité que l’accusé invoque pour expliquer ce qui l’a amené au camp, sont risibles. Quant au nombre de morts que l’accusé déplore, Me Somé affirme que « c’est une pure hypocrisie ». Il estime que quand le colonel Abdoul Karim Traoré dit qu’on aurait pu éviter ces morts, « il veut transporter sa responsabilité personnelle sur la hiérarchie militaire pendant que d’autres rendent les subalternes responsables ». « Que le juge ne se laisse pas émouvoir », ajoute-t-il.

Après l’intervention de Me Somé, Me Ali Neya des parties civiles prend la parole. Au cours de son intervention, il signifie qu’étant magistrat, le colonel Abdoul Karim Traoré sait que le fait d’être sur les lieux, est un acte de complicité. Lire et corriger le communiqué sont des actes positifs, des actes de complicité par collaboration. « Reconnaissez ce que vous avez fait et demandez pardon au peuple », fait-il remarquer.

Dans un monologue, l’accusé fait entendre : « Je suis dans une situation difficile, je ne suis pas du RSP, je pars foutre quoi là-bas ? ». Le colonel Traoré est défendu par trois cabinets d’avocats et au cours des observations finales, Me Dieudonné Willy affirme que « l’accusé est allé au camp Naaba Koom II chercher l’inspiration pour écrire un ouvrage qui va paraître. Et cela ne peut être qualifié de démarche politique ».

Me Dieudonné Willy, comme pour signifier une ironie du sort, déclare : « Il y a 10 ou 15 ans, il prenait des décisions qui faisaient trembler tout le monde et aujourd’hui, c’est le même qui se retrouve devant les juges ». Comme leçon à tirer, il ajoute qu’on a beau vilipender son client, personne ne sait de quoi sera fait demain et le cas de son client est illustratif.

A la suite de son conseil, le colonel Abdoul Karim Traoré fait remarquer ceci : « je n’ai pas rédigé un texte du CND, je n’ai jamais incité le général à garder le pouvoir ». A la fin de son audition, le colonel a tenu à présenter « ses sincères condoléances aux familles éplorées, souhaité prompt rétablissement aux blessés ».

Dans la soirée, à la suite du colonel Abdoul Karim Traoré, le juge appelle à la barre, Abdoul Karim Baguian dit Lota, commerçant de son Etat et militant du CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès). On l’accuse de « coups et blessures sur 42 personnes et destruction aggravée de biens ». Abdoul Karim Baguian dit Lota, dit reconnaître partiellement les faits. « Je reconnais avoir tapé Nicolas Kaboré », en son temps garde du corps de Roch Marc Christian Kaboré.

Il raconte sa version des faits : « Le 16, j’étais entre le marché et mon bureau. Le 17 septembre, aux environs de 9h, j’ai reçu un appel de Madame Bikienga qui m’a demandé de la rejoindre au rond-point des Nations unies parce que des éléments du CDP y étaient. Et c’est au deuxième appel que je me suis rendu au rond-point des Nations unies. Il y avait du monde ».

C’est au rond-point des Nations unies que des jeunes lui ont dit que Salifou Sawadogo a dit d’aller incendier la maison de feu Salifou Diallo. « Je leur ai dit que ce n’est pas la raison de notre présence au rond-point des Nations unies ». C’est après que Baguian dit s’être approché de Salifou Sawadogo pour demander s’il avait réellement dit d’aller incendier le domicile de Salifou Diallo.

« Il m’a dit qu’il n’a jamais dit cela et que nous sommes au rond-point des Nations unies pour marquer notre adhésion à l’inclusion ». Au cours de la même journée du 17, il a eu l’information que des jeunes du quartier ont été arrêtés chez feu Salifou Diallo et il y est allé pour chercher à comprendre.

C’est ainsi qu’il a demandé à un de ses amis de l’y accompagner. Le commerçant dit qu’arrivé au domicile de feu Salifou Diallo, il y avait un pick-up avec des militaires et qu’il y avait certains qui tiraient en l’air et d’autres donnaient des coups de cordelettes aux jeunes sur place. « Un militaire donnait des coups de cordelettes à un jeune rasta.

Je lui ai dit de le laisser mais il m’a dit que je n’ai pas vu ses dreads et qu’il doit être du Balai citoyen », confie Abdoul Karim Baguian. Le 18, l’accusé dit avoir effectué un voyage à la frontière du Ghana avec son ami et ils ne sont revenus que le soir aux environs de 18h. Et c’est le même soir qu’il a appris sur France 24 que le domicile de feu Salifou Diallo a été incendié. Pour ce qui est du 20 septembre, le commerçant dit s’être rendu à l’hôtel Laïco et c’est là-bas, avec d’autres jeunes, qu’il a donné des coups de poing à Nicolas Kaboré. « Je ne sais pas ce qui m’a poussé à donner des coups à Nicolas.

Je présente mes excuses à la victime et à ses parents », déclare-t-il publiquement. Après la narration des faits, le parquet militaire fait cette observation : « Vous n’avez pas le choix que de reconnaître que vous avez donné des coups à Nicolas Kaboré parce que vous avez été filmé ». Le parquet fait remarquer qu’au début, Abdoul Karim Baguian dit Lota a nié avoir donné des coups jusqu’à ce que le juge d’instruction sorte la vidéo.

Et c’est à partir de ce moment qu’il a reconnu et a commencé à demander pardon. Le parquet ajoute qu’il nie avoir incendié le domicile de feu Salifou Diallo alors que des individus, dont Yacouba Manli, de loin son aîné, disent l’avoir reconnu sur les lieux au moment des faits. Mais Baguian dit ne pas connaître Yacouba Manli. « C’est devant le juge que je l’ai connu », clame-t-il. L’accusé poursuit : « la malhonnêteté n’a pas d’âge. Ce n’est pas parce qu’il est de loin mon grand frère qu’il dit vrai ». Abdoul Karim Baguian martèle que son arrestation et son incarcération ont été ourdies par ses adversaires et ses détracteurs. Et que les preuves ont été montées de toutes pièces.

« Je suis le 2e à recevoir plus de visite en prison, après le Général Diendéré », dixit Lota

« Je suis victime d’un acharnement » ! c’est ce que soutient Abdoul Karim Baguian dit Lota à la barre. Il y était, pour son 2e jour consécutif, le 5 octobre dernier pour sa présumée implication dans l’affaire du putsch manqué de septembre 2015. Pour le parquet militaire, l’accusé n’est pas à sa première négation des faits.

En effet, a-t-il indiqué, ce dernier avait nié à plusieurs reprises les actes qu’il a posés le 17 septembre 2015 et jours suivants. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a été confronté à plusieurs reprises à d’autres témoins lors de l’instruction du dossier. Pour qu’il admette avoir été à Laïco et donné des coups à Nicolas Kaboré, relate le parquet, il a fallu lui présenter les vidéos le montrant en plaine action. Mais Abdoul Karim reste sur sa position.

Cependant, Lota reconnaît avoir donné, comme beaucoup de ses camarades, des coups a Nicolas Kaboré, le garde du corps de Roch Marc Christian Kaboré à l’Hôtel Laïco lors de la médiation de la CEDEAO. Il reconnaît également avoir été au domicile privé de l’ex- président de l’Assemblée nationale, Salifou Diallo, sis à Ouaga 2000, le 17 septembre 2015. Mais il nie avoir été chez Salifou Diallo le 18 septembre 2015, le jour de l’incendie de la maison, parce qu’il avait accompagné son ami Yacouba Kinda qui voulait se rendre à la frontière du Ghana pour donner des frais routiers.

Pour le confondre, le parquet lui a opposé des passages des procès-verbaux des dépositions de plusieurs personnes. Il s’agit de Yacouba Manli, de Nitiéma Hamidou et de Hervé Dabilgou. Mais Me Dabo, avocat de l’accusé, pour étayer la thèse de «montage», a fait savoir que les témoins Yacouba Manli et Hervé Dabilgou travaillent tous chez Salifou Diallo. Un autre témoin du nom de Rodrigue est major d’homme chez l’ex-président de l’Assemblée nationale à Ouahigouya (Nord) et Nitiéma Hamidou est un ex-accusé et un ami au président de l’Union des supporteurs des Etalons, Ablassé Yaméogo, quelqu’un avec qui l’inculpé avait eu un différend.

Comment expliquez-vous que votre nom se retrouve sur plusieurs lèvres à la fois ? a interrogé Me Séraphin Somé, avocat de la partie civile.

« J’étais un footballeur du Santos FC. J’ai même été responsable d’un club de la capitale, l’Asfa-Yennenga, à l’âge de 26 ans. J’ai fréquenté le lycée Zinda Kaboré, un lycée populaire. Je suis du quartier Patte d’oie, un quartier populaire de la capitale. Je suis un homme populaire en politique. Un domaine populaire. Pour moi, c’est tout cela qui fait que je suis populaire », justifie l’accusé.
Pourquoi étiez-vous à l’hôtel Laïco ?

J’ai appris que des présidents venaient pour la médiation. La loi CNT votée en avril 2015 avait exclu plusieurs partis politiques dont mon parti, le CDP (Congrès pour la démocratie et le progrès). Nous avions déposé un recours à la CEDEAO qui avait invité les autorités burkinabè à organiser une élection inclusive. C’est dans ce cadre que j’y étais. A la question de Me Somé de savoir pourquoi donner des coups à d’autres personnes alors qu’il y était dans le cadre de la médiation, il dit regretter son acte parce qu’il n’y a pas de lien entre médiation et donner des coups à des personnes.

Pourquoi êtes-vous violent, interroge à nouveau Me Somé ? « Je vous ai dit que je regrette mon acte. Ce que j’ai fait ne reflète pas ma personne. Plusieurs personnes sont venues me voir à la MACO. C’est la preuve que je ne suis pas un homme infréquentable », a-t-il indiqué. Il en veut pour preuve, plus de 800 visites reçues depuis son incarcération à la Maison d’arrêt et de correction des armées (MACA).

Le vendredi 5 septembre dans l’après-midi, Abdoul Baguian dit Lota a poursuivi sa déposition à la barre. Il est poursuivi pour coups et blessures volontaires, dégradation aggravée de biens au moment des évènements du 16 septembre 2015 et jours suivants . Lorsque Me Awa Sawadogo, avocate de la partie civile, lui demande s’il est allé d’initiative ou à la demande de son parti, à l’hôtel Laïco, l’accusé répond qu’il était membre du bureau politique du parti (le CDP) et c’est à ce titre qu’il s’y est rendu.

Sur la question des coups portés sur le garde de corps de Roch Marc Christian Kaboré, candidat à la présidentielle d’alors, Me Awa Sawadogo révèle que l’accusé l’a reconnu lorsqu’il se sentait acculé. L’avocate précise que des témoins l’ont vu chez le défunt Salifou Diallo, ce que l’accusé a récusé. « Il y a eu beaucoup de mains noires dans mon dossier », se lâche-t-il, indiquant qu’il ne remet pas en cause les témoignages mais attend la suite pour faire des déballages. Me Latif Dabo, le conseil de l’accusé, indique que les témoins qui chargent son client ont des liens avec la victime (Salifou Diallo).

Il fait observer que Lota est accusé à tort, il est « bavard et ouvert », ce qui fait qu’on le connaît un peu partout. Il ajoute que l’accusé est allé d’initiative à l’hôtel Laïco, est allé à l’aéroport pour accueillir des avocats qui devaient défendre le CDP dans le procès contre « la loi Chérif ». L’accusé, selon les confidences de l’avocat, s’est rendu chez Salifou Diallo le 17 septembre 2015, mais n’a pas incendié son domicile.

« Les gens ont eu la manie de jeter Lota en pâture pour solder des comptes », déclare-t-il, ajoutant qu’« il y a eu une cabale, vu que les gens se dépêchaient pour venir le charger ». Me Zanliatou Aouba, prenant la parole, a rétorqué contre sa consœur Awa Sawadogo que l’accusé ne se réfugie pas derrière les vidéos, comme elle l’a fait observer, mais que c’est l’accusation qui se réfugie derrière des témoignages alors que l’article 427 du code de procédure pénale exige d’elle des preuves tangibles pouvant aider le tribunal à statuer.

Pour le parquet, un faisceau d’indices existant permettent d’étayer l’implication de Lota dans les faits qui lui sont reprochés. Excepté le policier Yacouba Manli qui travaillait chez le défunt Salifou Diallo, les autres témoins n’ont pas un lien de subordination juridique avec celui-ci. Me Dabo a formulé une requête, à savoir l’ouverture d’une enquête pour obtenir des informations complémentaires sur la base de l’article 122 du code de procédure pénale, pour mieux situer la présence de Lota chez Salifou Diallo.

A la fin de son audition, l’accusé a remercié « ses détracteurs » qui l’ont envoyé en prison, dit-il, car « cela m’a permis de connaître le côté obscur de la vie, de me corriger et d’affronter la réalité ». Il confie être le 2è après le Général Diendéré à recevoir le plus de visite à la prison, avec un peu plus de 800 visites à ce jour, A la fin de son audition, il a présenté ses condoléances aux familles des disparus et souhaité prompt rétablissement aux blessés. L’audience reprend ce lundi matin à 9h avec un autre accusé à la barre : Ousseyni Fayçal Nanéma, poursuivi pour complicité et dégradation aggravée de biens et recel d’objets d’origine frauduleuse.

Françoise DEMBELE, Issa SIGUIRE et Lonsani SANOGO
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