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Colonel Abdoul Karim Traoré: Diendéré m`a dit qu`il n’était pas intéressé par le pouvoir

Publié le jeudi 4 octobre 2018  |  netafrique.net
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© Sidwaya
Le colonel Abdoul Karim Traoré
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L’audience du putsch manqué a repris ce mercredi 3 octobre 2018 avec un nouveau accusé à la barre. Il s’agit de l’ex-expert en médiation internationale, le colonel Abdoul Karim Traoré. Il est reproché d’être complice d’attentat à la sureté de l’Etat.

Lorsque le Président du tribunal pose la question à savoir si l’accusé reconnaît le fait qui lui est reproché, l’écrivain lâche : « Monsieur le Président, je ne reconnais pas le fait qui m’est reproché, ni par action ni par omission ».

Expert en médiation au niveau mondial, le colonel Traoré a joué un rôle dans la résolution des crises dans le monde notamment au Mali, en Cote d’Ivoire etc. Ce qui lui a donné la force de rester dans une logique de sortie de crise au moment des évènements du putsch manqué en allant convaincre le général Diendéré pour qu’il remette le pouvoir aux civils. Mais le général lui a fait savoir que le pouvoir ne l’intéressait pas.

« Si Zida n’avait pas été Premier ministre, on n’allait pas être dans cette crise. J’ai toujours dit aux militaires de quitter la Transition. Diendéré n’était pas le virus Ebola. Pourquoi suspecter aujourd’hui toute initiative de paix ? Ce sont les enfants de pauvres qui sont morts. Diendéré m’a dit qu’il n’était pas intéressé par le pouvoir. Qu’il ne le voulait pas. J’étais soulagé. J’ai proposé au Général la création d’une cellule militaire pour aller aux négociations. Mais, à un moment donné, j’ai vu le Général Diendéré pleurer, supplier ses subordonnés. Il a même été menacé, je ne sais plus par qui. Quelqu’un lui a dit une fois qu’il n’est pas irremplaçable. Golf ne contrôlait pas la chose totalement ».

Après avoir été mis au courant que le coup a été perpétré par des éléments de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP) et que du fait que les autres militaires n’ont pas été associés, la hiérarchie n’a pas voulu s’ingérer, le colonel Traoré aurait confié au général que cette affaire «est mauvaise» et l’aurait conseillé de contacter des membres de l’ex-opposition, notamment Roch Kaboré, Zéphirin Diabré, Me Bénéwendé Sankara et Ablassé Ouédraogo, qui ont lutté contre la modification de l’article 37 de la Constitution, pour leur expliquer la situation et les laisser gérer. Pour lui, le général Gilbert Diendéré était dans une disposition de négociation.

Cet accusé aurait également donné des avis sur la déclaration du Conseil national de la démocratie (CND). «Quand j’ai vu (le document) j’ai dit au général que s’il est dans une dynamique de dialogue, il ne doit pas suspendre la Constitution et la Charte de la transition, (comme cela est consigné dans la déclaration)», car «si on le fait, il n’y aura plus de négociation», a déclaré le colonel Karim Traoré, ex-conseiller technique de l’ex-ministre burkinabè des Affaires étrangères, Djibrill Bassolé. Il a fait noter que le général Diendéré lui aurait dit, après, qu’il n’a pas pu prendre contact avec les acteurs politiques ci-dessus cités, du fait de son calendrier chargé.

Selon le parquet, le colonel a formé une cellule composée de militaires pour le général afin qu’il aille à la négociation. Pour le parquet, il a apporté une caution au général Diendéré. Et le colonel Traoré de répondre qu’il a vécu les évènements en donnant des avis là-dessus mais en aucun cas il n’a participé aux évènements.

Aussi, le colonel affirme être allé au camp par curiosité personnelle. Il est allé pour des recherches afin d’écrire son livre. Le colonel a eu les informations pour la rédaction de son livre mais à quel prix, s’interroge son conseil Me Dieudonné Bongougou. Aujourd’hui à la barre, l’ex-magistrat militaire ne peut que s’en prend à lui-même. Car, « Ses propres attitudes lui ont causé des problèmes », a-t-il regretté.

TRANSCRIPTION DES APPELS VOCAUX

Relativement à la transcription des écho-téléphoniques le colonel se dit être étonné d’entendre parler de ces éléments sonores. Et il a exigé que le parquet lui présente les éléments sonores. Toute chose que le parquet a refusé de faire l’exception car ces mêmes éléments sonores ont été évoqués lors du passage des autres accusés sans être présentés. Et le colonel de retorquer que si un élément ne doit pas être ressorti, il ne doit pas être évoqué non plus.

PROCÈS-VERBAUX DE LA GENDARMERIE : point de distorsion entre l’accusé, le parquet et les avocats de la partie civile

Selon le colonel Traoré, la gendarmerie a dénaturé ses propos. Elle n’a pas traduit ce qu’il voulait dire. Donc pour lui, ces procès-verbaux contiennent du faux qu’il a d’ailleurs refusé de signer. Il avait refusé catégoriquement à la barre de répondre à toute question du parquet relative à ces PV. Mais il a répondu entre temps à certaines questions sous demande du présidant du tribunal.

Il faut dire que cette audience est suspendue sur une note de distorsion et de coup de colère entre l’accusé et les avocats de la partie civile relativement aux questions liées à ces procès-verbaux lors de son interrogatoire à la gendarmerie. Le procès reprend demain matin à 9h avec le même accusé.
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