Il s’agissait d’une promesse ferme du président Emmanuel Macron lors de son passage dans la capitale burkinabè. «Tous les documents produits par les administrations françaises pendant la Révolution burkinabè et après l’assassinat du Capitaine Thomas Sankara seront déclassifiés et remis à la justice du Burkina Faso», avait-il promis.
Un an après, les choses semblent avoir bougé dans le bon sens. Selon une source diplomatique qui s’est confié à Libération, «une partie des archives a déjà été déclassifiée mais n’a pas encore été transmise à la justice burkinabè». Ces documents proviennent de la présidence française, du ministère de la Défense et celui des Affaires étrangères. Ils seront «transmis dans les jours à venir au juge qui instruit le dossier de l’assassinat de Thomas Sankara», assure notre interlocuteur. L’objectif est d’avoir transmis la totalité des documents d’ici le 28 novembre prochain, soit un an après le discours du chef d’Etat français.
L’enquête a été ouverte le 29 septembre 1997 à Ouagadougou suite à la plainte de la veuve Mariam Sankara. Avec ses deux fils, elle s’est constituée partie civile.
Depuis octobre 2016, le juge au tribunal militaire de Ouagadougou, François Yaméogo, réclamait une commission rogatoire internationale auprès de Paris. Autrement dit, la justice burkinabè missionne l’autorité judiciaire française de procéder en son nom à des mesures d’instruction, comme l’explique le site de la diplomatie française. D’après Le journal du continent, c’est donc le juge français Cyril Paquaux qui a été désigné en février 2017 pour suivre l’instruction. Il a déjà travaillé sur plusieurs affaires judiciaires en Afrique et sera en charge d’auditionner, sur le sol français, les personnes susceptibles d’apporter des éléments à l’enquête.
La déclassification prend un certain temps car elle dépend du niveau de classification des archives: confidentiel défense; secret défense ou très secret défense. «Des télégrammes du Quai d’Orsay sont communiqués plus vite que les documents secret défense», explique cette même source.
L’unique moyen pour déclassifier ces archives est de demander une dérogation à l’Instruction générale interministérielle (IGI). «Si la requête émane du Président de la République, la procédure administrative peut néanmoins être accélérée», confie une autre source diplomatique.