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Burkina/Putsch manqué : J’ai joué un mauvais rôle dans un mauvais film, assume le médecin lieutenant colonel Mamadou Bamba

Publié le vendredi 28 septembre 2018  |  AIB
Lieutenant-colonel
© RTB
Lieutenant-colonel Mamadou Bamba
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Ouagadougou - Le médecin lieutenant-colonel Mamadou Bamba qui a lu la déclaration de prise de pouvoir du Conseil national de la démocratie (CND) lors du putsch manqué de septembre 2015, a assumé son acte, mercredi devant le Tribunal militaire de Ouagadougou.

«J’ai pris une décision et je l’assume. J’ai joué un mauvais rôle dans un mauvais film», a déclaré mercredi le médecin lieutenant-colonel Mamadou Bamba devant la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou.

Le médecin lieutenant-colonel Mamadou Bamba est un officier qui ne faisait pas partie de l’effectif du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), chef d’orchestre du putsch.

Pourtant, il est celui qui a été chargé par le capitaine Abdoulaye Dao, pour la lecture des communiqués des putschistes dans la matinée du 17 septembre 2015 en remplacement du sous-lieutenant Boureima Zagré.

Devant le Tribunal militaire de Ouagadougou, le médecin lieutenant-colonel Mamadou Bamba a justifié son acte.

«J’avais peur du RSP. Des gens qui ont tiré des roquettes sur le domicile de leur patron (générale Gilbert Diendéré) en 2011, qui ont fait fuir le président du Faso (Blaise Compaoré, en 2011 à Ziniaré, 35km de Ougadougou), ce n’est pas moi qui ne suis connu que de ma famille, qui peux résister» a-t-il déclaré.

A la question de savoir pourquoi, lui un lieutenant-colonel a-t-il obéi aux ordres d’un capitaine, l’accusé estime qu’à l’allure où les événements étaient, le grade ne prévalait plus.

Face à la situation, le médecin lieutenant-colonel Mamadou Bamba dit avoir pesé le pour et le contre en faisant une évaluation entre les Menaces, les Opportunités, les Forces et les Faiblesses.

«Les cadrans ‘‘Menaces’’ et ‘‘Faiblesses’’ étaient positifs alors que ceux ‘‘Opportunités’’ et ‘‘Forces’’ étaient négatifs », a-t-il expliqué d’autant plus qu’il ignorait selon lui, si le capitaine Abdoulaye Dao était le chef du coup d’État ou pas.

Selon son récit des faits, c’est aux environs de 4 heures du matin dans la nuit du 16 au 17 septembre 2015, qu’il a reçu un appel téléphonique du capitaine Abdoulaye Dao, l’informant qu’un coup d’Etat était en cours et qu’à cet effet, il (médecin lieutenant-colonel Mamadou Bamba) a été choisi pour lire un communiqué à la télévision nationale.

«Je n’en revenais pas», a dit l’accusé à la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou. Et de préciser qu’il a jeté un coup d’œil par la fenêtre de son domicile pour s’assurer que des hommes armés n’y étaient pas positionnés.

Selon ses dires, le capitaine Abdoulaye Dao le rappellera un peu plus tard pour lui demander de porter sa tenue «Terre du Burkina» de l’armée et de le retrouver au petit matin dans les locaux de la télévision nationale.

Lors de son audition devant le Tribunal militaire de Ouagadougou, le capitaine Abdoulaye Dao avait pourtant affirmé que c’est le médecin lieutenant-colonel Mamadou Bamba qui s’était proposé lui-même de lire le communiqué.

L’accusé s’inscrit en faux contre cette déclaration face aux propos de celui qui était encore selon ses dires, enfant de troupe alors que lui était médecin-chef du Prytanée militaire de Kadiogo et de demander quel intérêt lui qui était conseiller technique au ministère de la Communication et des Relations avec le parlement, pouvait-il avoir avec le RSP.

«J’ai écouté Dao le premier jour de son audition et quand je suis rentré, j’ai pleuré. Dao a dit ici que c’est de manière fortuite qu’il m’avait appelé. (…) Je ne sais pas ce qui a traversé son esprit pour m’appeler pour lire le communiqué. J’aurai souhaité ne pas connaître ce monsieur » a-t-il déclaré.

Le médecin lieutenant-colonel Mamadou Bamba est poursuivi pour complicité d’attentat à la sûreté de l’État, meurtre sur 13 personnes, coups et blessures volontaires sur 42 personnes.

«Je reconnais ma part de responsabilité mais je ne pouvais pas prévoir les conséquences » a-t-il affirmé.

Et concernant les conséquences du putsch à savoir les morts et blessés, l’accusé a présenté ses condoléances aux parents des victimes mais également à la famille de son défunt avocat, Me Mamadou Keita.

«Les condoléances ne réveillent pas les morts mais renforcent la confiance entre les vivants » a-t-il déclaré.

Le médecin lieutenant-colonel Mamadou Bamba a aussi reconnu avoir reçu des mains d’un émissaire de Fatoumata Diallo, (l’épouse du général Gilbert Diendéré) également accusée mais en fuite, la somme de dix millions de francs CFA.

Une somme qu’il dit avoir partagé à parts égales avec le colonel Abdoul Karim Traoré.

L’avocat de l’accusé Me Mamadou Sombié a tenté de démontrer le sens du patriotisme de son client en expliquant qu’après son Master of Business Administration (MBA), celui-ci a eu des propositions d’offres d’emploi aux États-Unis, en Belgique et en Suisse, mais a préféré rentrer pour servir son pays.


Wurotèda Ibrahima SANOU
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