Le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Newton Ahmed Barry, a fait une déclaration à la presse, le mardi 25 septembre 2018 à Ouagadougou, sur la « crise » que vit son institution.
Face aux multiples accusations dont il fait l’objet, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Newton Ahmed Barry (NAB) est sorti de son silence, hier mardi, 25 septembre 2018, lors d’une déclaration faite devant la presse.
Dans son adresse, le président de la CENI a rappelé qu’après avoir constaté que le processus législatif concernant la révision du Code électoral est à son terme, il a exposé aux commissaires, la feuille de route qui devrait conduire son institution à la révision du fichier électoral et à la tenue du référendum constitutionnel « envisagé » pour le 24 mars 2019.
Newton Ahmed Barry a ajouté qu’avec ce chronogramme et « conformément aux différentes délibérations de nos précédentes plénières sur le nouveau mode d’enrôlement des électeurs », il allait engager la construction d’une plateforme multicanale, dont la réception était projetée le 30 octobre 2018, pour que dès la mi-novembre 2018, la révision du fichier électoral puisse être entamée, si les décrets nécessaires sont adoptés.
« C’est dès cet instant que la cabale contre la CENI, dans un premier temps, puis contre ma personne a commencé. Le mémorandum des commissaires de l’opposition invitant le président de la CENI à se ressaisir, avait déjà été prononcé dans les mêmes termes par la conférence de presse de l’UPC qui m’avait affublé de danger pour la démocratie », a-t-il relevé.
Ce mémorandum, a poursuivi M. Barry, vient donner un supplément de fondements aux « ragots » sur les réseaux sociaux, faisant état de démission de plusieurs Directeurs de l’administration et des finances (DAF) et du Directeur des marchés publics (DMP) de la CENI, parce que le président aurait, à leur insu, donné plusieurs marchés de gré à gré à des prestataires.
« … Toute personne qui a un minimum de connaissances du fonctionnement des règles de la dépense publique, sait qu’un ordonnateur ne peut pas octroyer un marché à l’insu du DAF et du DMP », a-t-il fait savoir. A l’entendre, cette accusation « ouverte et sibylline » doit faire l’objet de contrôle par les instances habilitées.
Des consultations les jours à venir
« Si, il s’avère que j’ai, d’une façon ou d’une autre manœuvré pour donner un marché à un proche ou à un copain dans le but de recevoir des rétributions occultes, je deviens automatiquement indigne à diriger la CENI et j’en tirerais les conséquences, en demandant à la communauté musulmane de bien vouloir procéder à mon remplacement », a-t-il lancé.
La main sur le cœur, Newton Ahmed Barry affirme que les réformes entreprises dans la Constitution et le fichier électoral répondent à un constant souci d’améliorer l’ingénierie électorale pour que le vote reflète « effectivement » la volonté des Burkinabè. « Notre diagnostic, confirmé par les avis avisés, est que le système actuel d’enrôlement des électeurs n’est pas bon », a-t-il noté, avant de poursuivre que si rien ne change, le choix démocratique va être dévoyé à court terme, avec à la clé, « des insurrections postélectorales ».
Pour lui, il est impossible de continuer avec un système d’enrôlement qui, en plus d’être inefficient, coûte 15 milliards de francs CFA si la diaspora est intégrée. « Les réflexions que nous avons collégialement conduit au niveau de la CENI de décembre 2016 à février 2018, avec l’appui de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), ont abouti à un procédé nouveau, qui abandonne le recensement électoral pour adosser le fichier électoral sur la base de données de la Carte d’identité nationale (CNIB) », a-t-il fait savoir.
Avec ce nouveau procédé, les évaluations ramènent le coût de l’enrôlement autour de 1,5 milliard F CFA y compris avec la diaspora. Newton Ahmed Barry déplore l’ambiance actuelle, « déjà délétère » depuis les discussions qui ont précédé la révision du Code électoral, qui ne semble pas permettre la mise en œuvre de la réforme.
« Les acteurs du dehors vont jusqu’à pousser une partie des commissaires à violer leur serment », a-t-il regretté, avant d’appeler les patriotes et démocrates à se saisir de cette question vitale pour la démocratie et l’avenir de la paix au Burkina Faso.
Déjà, le président de la CENI a annoncé qu’il entamera dans les jours à venir avec des personnes-ressources, les consultations nécessaires pour sauver la CENI. « Il faut que la CENI reste et demeure en dehors des tumultes politiques. Cette préoccupation ne peut pas trouver solution en interne, puisqu’ elle est alimentée et téléguidée de dehors », a-t-il soutenu.