Au 3e jour de son audition dans le cadre du procès du coup d’Etat manqué de septembre 2015, le capitaine Dao Abdoulaye a réfuté, ce lundi 24 septembre 2018, les contenus des téléphones portables qui lui ont été attribués.
Les auditions des présumés auteurs et/ou complices du coup d’Etat manqué de septembre 2015 se poursuivent. Ce lundi 24 septembre 2018, le capitaine Dao Abdoulaye s’est présenté devant les juges pour le 3e jour consécutif de son interrogatoire. Il a toujours nié les faits de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, meurtre, coups et blessures volontaires, incitation à commettre des actes contraires à la discipline militaire.
Le capitaine Dao dit n’avoir envoyé aucune patrouille ni au domicile de feu Salifou Diallo, ni à Savane FM pour arrêter les émissions de la « radio de la résistance ». « Dans la journée du 19 septembre, la police était aussi à la recherche de cette radio », a indiqué l’accusé.
Aussi, il a déclaré n’avoir pas été informé d’une quelconque mission de récupération de matériels militaires à la frontière ivoirienne. Son avocat, Me Mireille Barry, a fait observer que seul le RSP s’est préoccupé des conditions de détention des autorités.
« Ni le chef d’état-major général des armées, encore moins les médiateurs en ont fait une préoccupation, ils ont seulement demandé leur libération », a-t-elle argué. Et son client d’ajouter que c’est lui qui a aidé à l’exfiltration du président Kafando, en tant qu’officier de liaison de l’armée française.
Le capitaine est revenu sur question de son conseil et les circonstances de son arrestation. Après la dissolution de l’ex-RSP, il a reçu la liste des nouveaux postes d’affectation et s’est rendu, le 29 septembre, au Groupement central des armées (camp Guillaume) afin de les assister pour la constitution des soldats. C’est là, que la gendarmerie a procédé à son arrestation.
Le capitaine Dao a confié avoir été détenu préventivement pendant 16 mois. Au cours de sa détention, il dit avoir reçu un officier supérieur lui notifiant qu’il est sanctionné parce qu’il était commandant de groupement au RSP et qu’à ce titre, « il est responsable des actes posés par les soldats fautifs » sous ses ordres. Livrant un extrait du rapport de la commission d’enquête sur le putsch, Me Barry a accusé la hiérarchie d’avoir « fait preuve d’ambivalence » lors des évènements du coup d’Etat.
Pour leur part, les avocats de la défense, notamment Me Dieudonné Bonkoungou, continuent de jeter leur dévolu sur le rapport d’expertise électronique. En effet, il dit être convaincu que les téléphones ont été manipulés, exploités ou utilisés et d’autres contenus, cachés ou effacés avant d’être remis aux experts. « Il y a beaucoup de fiction dans ce procès… L’intégrité des preuves n’a pas été garantie. Le rapport n’a aucune foi, des éléments incohérents et étrangers s’y trouvent », a insisté Me Bonkoungou.
L’accusé a soutenu que ses deux téléphones de marque Nokia contenant ses trois numéros remis n’ont pas été utilisés. « J’ai reçu entre 2800 et 3000 appels, j’ai aussi envoyé et reçu beaucoup de messages. Mais on m’a attribué des sms et appels qui ne sont pas les miens », a-t-il ajouté.
Isaac Zida acculé
Sur insistance de Me Dieudonné Bonkoungou, le capitaine Dao est revenu sur la prise du pouvoir par l’ancien Premier ministre, Isaac Zida. Il a expliqué que le 30 octobre 2014, Isaac Zida est venu le trouver au carrefour de la télévision privée BF1. C’est au même moment que le Général Honoré Nabéré Traoré livrait son communiqué. « Zida voulait rentrer chez lui et m’a demandé de désigner quelques soldats pour l’escorter à domicile », a révélé l’accusé.
Ensuite, il lui aurait dit qu’il irait à l’état-major général des armées avant de rentrer. Sur place, Isaac Zida, à l’époque lieutenant-colonel, aurait fait appel à un renfort. « Il avait les moyens. Lorsque l’état-major a vu le dispositif de Zida noyé le sien, il lui a laissé prendre le pouvoir », a déclaré le capitaine. Une fois à la Présidence du Faso, « la tête du RSP a été décapitée.
Mes adjoints quittaient le camp pour se rendre au Premier ministère où il recevait des ordres », a-t-il noté. Et de poursuivre qu’il a été menacé chez lui par 4 individus, aux ordres de l’ancien Premier ministre. Il est également revenu sur l’affaire des voitures de l’Etat disparues au lendemain de la Transition.
« Tous les véhicules qui ont escorté le président Blaise Compaoré ont été tous réintégrés. Aucun n’a disparu », a indiqué le capitaine, avant de préciser qu’il y avait dans cette mission, des véhicules de l’Etat et des véhicules privés, appartement à la famille Compaoré. Ces derniers seraient gardés par la gendarmerie au domicile des Compaoré. Le procès reprend ce mardi à 9h.