A l’occasion du IIIe anniversaire du coup d’Etat manqué, Sidwaya a rencontré le dimanche 16 septembre 2018, le président de l’association des parents des victimes de ce douloureux événement, El Hadj Aboubacar Yelnongo.
Les parents et proches des victimes du coup d’Etat de septembre 2015 ont commémoré dans le recueillement, le IIIe anniversaire de l’événement. A cette occasion, le président de l’Association des parents des victimes du coup d’Etat du 16 septembre 2015 (APVCE), El Hadj Aboubacar Yelnongo, s’est réjoui du déroulement du procès, qui a débuté le 27 février 2018 dans la salle des banquets de Ouaga 2000. « Les auditions des accusés, devant le Tribunal militaire de Ouagadougou permettant à la lumière de se faire sur les circonstances dans lesquelles nos proches ont trouvé la mort, marquent un début d’apaisement chez bon nombres d’entre nous », a-t-il indiqué dès l’entame de notre entretien, à l’issue d’un nettoyage du cimetière municipal où reposent leurs martyrs. Il a également levé un coin de voile sur les difficultés que vivent les familles des victimes. « Les ayants-droit de certains martyrs vivent dans des conditions très déplorables. Nous organisons des visites périodiques, quand on arrive chez certains, c’est une misère indescriptible et la désolation totale », s’indigne-t-il. Après l’enterrement des disparus, sous la Transition, relate « Ladji » Yelnongo, les familles des victimes avaient reçu des vivres et des sommes d’argent comme soutien du gouvernement.
En plus de cela, la Transition avait décidé d’octroyer un montant forfaitaire de 75 000 francs CFA à chaque orphelin pour la prise en charge de la scolarité. Poursuivant son récit, le président de l’APVCE soutient que dès l’installation du nouveau pouvoir, le président Roch Marc Christian Kaboré s’est engagé à poursuivre l’œuvre de soutien aux orphelins, mais les promesses tardent à se réaliser. « Si les frais de scolarité sont versés aux proches de victimes, ce n’est pas le cas des vivres que certaines familles attendent avec beaucoup d’impatience », indique-il. Pourtant, fait observer Aboubacar Yelnongo, le chef de l’Etat a donné des instructions fermes à certains membres du gouvernement de veiller sur les familles des martyrs, lors d’une audience avec l’APVCE. « Il faut œuvrer avec la Société nationale de gestion des stocks de sécurité alimentaire (SONAGESS) pour leur donner des vivres chaque trimestre », avait dit le président du Faso, à en croire M.Yelnongo. Et le natif de Dapoya, qui a perdu son frère cadet lors du coup d’Etat, lequel a laissé une veuve et trois enfants tous élèves (CP1, CE1 et 5e), de se demander pourquoi les « ordres » donnés par le président du Faso ne sont toujours pas exécutés par les ministères en charge de la question. De l’avis de M. Yelnongo, fraichement rentré d’un pèlerinage à la Mecque, les familles des victimes éprouvent aussi des difficultés à faire face à la scolarité des orphelins avec le montant de 75 000 francs CFA par an et par enfant qui leur est accordé. « Cette somme ne couvre pas les frais d’inscription demandés par les établissements, la majorité des enfants étant dans des écoles privées au post-primaire et au secondaire. Nous avons entrepris des démarches auprès des autorités afin de revoir l’enveloppe à la hausse mais la situation demeure la même », déplore-t-il.
Pour cette rentrée, fait-il savoir, certains enfants n’iront pas à l’école car leurs mères (veuves) ne sont pas en mesure de trouver le complément aux 75 000 francs CFA pour satisfaire la demande des responsables d’établissement. « Je demande aux autorités gouvernementales de nous aider à voler au secours des veuves et orphelins dont les conditions de vie se dégradent progressivement », plaide le président Yelnongo.
A l’écouter, le gouvernement a annoncé des mesures, mais avec les lourdeurs administratives, il est souhaitable d’envisager des dérogations pour accélérer les choses, afin que les proches des victimes, notamment les veuves et les orphelins, retrouvent un tant soit peu, le sourire.