Ouagadougou - Le soldat de première classe Abdou Compaoré a reconnu vendredi à la barre du Tribunal militaire de Ouagadougou, avoir effectué deux tirs de sommation lors du putsch manqué de septembre 2015 mais précisé que c’était pour se protéger.
Le 17 Septembre 2015, le soldat de première classe Abdou Compaoré s’est rendu avec le sergent Yahaya Guiré à la place de la Nation pour une mission de dépannage de moto à la demande de leur supérieur hiérarchique l’Adjudant-chef Idani.
Une fois la mission accomplie, les deux sous-officiers ont repris le chemin de retour au camp mais ont croisé selon les dires du soldat de première classe Abdou Compaoré, des manifestants qui leur lançaient des pierres.
Aussi pour se défendre, il a expliqué avoir fait un tir de sommation pour éloigner lesdits manifestants.
Un peu plus loin, devant le jardin du 8 mars, le soldat de première classe Abdou Compaoré dit avoir effectué un autre tir de sommation pour éloigner d’autres manifestants qui accouraient vers leur direction.
« Ma vie était menacé. C’est pourquoi, j’ai tiré en l’air pour me sauver. J’ai même reçu un gros caillou sur mon dos qui me fait mal jusqu’à aujourd’hui » a expliqué le soldat de première classe Abdou Compaoré au Tribunal militaire.
Pour cet acte, le soldat de première classe est poursuivi pour trois chefs d’accusations pour lesquels il a plaidé non coupable. Il s’agit de complicité d’attentat à la sureté de l’Etat, meurtre sur 13 personnes, coups et blessures sur 42 personnes.
Cependant, le parquet militaire estime que la mission de dépannage à la place de la nation a contribué à soutenir les éléments du régiment de sécurité présidentiel (RSP) qui s’y trouvaient pour empêcher toute protestation contre le coup d’Etat.
C’est pourquoi le parquet affirme que l’accusé « a participé (au putsch) en tant que complice de l’infraction d’attentat duquel découle des morts et des blessés ».
Le soldat de première classe Abdou Compaoré a demandé « pardon pour l’incident malheureux » survenu au retour de leur mission de dépannage tout en précisant que c’est à la demande de son supérieur qu’il s’y est rendu.
« Vous avez tiré à deux reprises pour vous dégager des manifestants. Comment avez-vous tirez précisément ? » a demandé le parquet militaire à l’accusé.
« Au moment des tirs, vu l’émotion, je ne peux plus préciser aujourd’hui si mes coups en l’air étaient des rafales ou des coups par coups » a répondu l’accusé.
« Pourquoi, portez-vous une arme de guerre pour aller effectuer une mission de dépannage ? » a aussi demandé le parquet militaire.
« Le quartier était consigné. Il y avait une absence de confiance entre nous, chacun devait avoir son arme de dotation sur lui » a également répondu le soldat Abdou Compaoré.
Le parquet a évoqué une vidéo réalisée par un journaliste au moment des faits sur laquelle, l’on verrait un manifestant grièvement blessé couché au sol au moment où le soldat Abdou Compaoré assis sur une moto derrière le sergent Yahaya Guire était en train d’effectuer des tirs de sommation.
Pour l’avocat de l’accusé Me Paul Kéré, la vidéo où l’on voit son client tirer est différente de celle où l’on voit le blessé agonisant.
«Rien dans les procès-verbaux, n’établit la culpabilité de mon client. Les circonstances qui l’on obligés à tirer sont connues», a-t-il affirmé.