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«Depuis quand on fait un coup d’Etat et les gens viennent négocier ? C’est un cas d’indiscipline qui devait être sanctionné » Lieutenant Abdoul Kadri Dianda

Publié le vendredi 14 septembre 2018  |  netafrique.net
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© Présidence par DR
Le 57ème anniversaire des Forces armées nationales sous le signe de la synergie entre civils et militaires
La place de la Nation a abrité ce mercredi 1er novembre 2017, une manifestation entrant dans le cadre des festivités du 57ème anniversaire des Forces armées nationales. Cette année, la célébration est placée sous le thème : « L’Armée et la Nation, solidaires face aux défis sécuritaires du moment ». Le Président du Faso, chef suprême des Armées, Son Excellence Monsieur Roch Marc Christian KABORE a présidé la cérémonie commémorative.
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Décidément, dans la salle des banquets de Ouaga 2000, les lieutenants se succèdent et se ressemblent.
Après le passage du lieutenant Gorgo, qui avait affirmé lors de son interrogatoire, on se rappelle que » le rôle de la hiérarchie militaire n’est pas à négliger dans le Putsch de septembre 2015″, ce fut au tour d’un autre lieutenant de se présenter devant le juge Seidou Ouedraogo avec à degré près, la même assertion.

Natif de Fakouna, localité située à l’ouest du pays, précisément dans la région de la boucle du mouhoun, l’officier ex RSP répond au nom de Abdoul Kadri Dianda. 31 ans révolu, il était au moment des faits, commandant du Groupe d’intervention anti terroriste (GIAT). Le lieutenant, dans ce procès, est poursuivi pour:

-Attentat à la Sûreté de l’Etat,
-Meurtres, coups et blessures volontaires,
-Incitation à commettre des actes contraires au règlement militaire.

A la barre, hier, l’accusé n’a reconnu aucuns des faits.

Le lieutenant affirma être arrivé au camp Naaba Kom II, le mercredi 16 Septembre 2015, à 5h30mns, pour le sport quotidien, mais on lui annoncera que le sport de ce jour n’aura pas lieu car il y aurait une crosse de l’armée. Il dit être rester dans son bureau jusqu’à 16h avant de se rendre en ville »aux encablures de l’université Ouaga 1″ pour des courses personnelles. «c’est de là-bas que j’ai reçu un coup de fil du lieutenant Gorgo qui m’a informé qu’il a reçu l’ordre de rejoindre le camp» affirme-t-il avant d’ajouter:

«J’avais à peine raccroché que j’ai reçu un autre appel. C’était le Commandant Aziz Korogo (mon chef hiérarchique direct). Il me demanda: « Position ? » Je répond position ville. Il poursuivi » il y’a un problème au camp ? » J’ai répondu que je n’en savais peu, mais je vais me renseigner et lui revenir. J’ai immédiatement appelé l’adjudant Chef Major Coumbia Moutuan. Ce dernier m’a dit » ah mon lieutenant ça va pas. On a enlevé les patrons (NDLR les autorités de la transition) ». J’ai alors appelé l’adjudant Nion pour avoir de plus amples informations. Ce dernier m’a dit » il y’a un problème mais je ne peux pas te dire au téléphone ». J’ai pas insisté. J’ai fais le « CR » au commandant Korogo qui m’a instruis de rejoindre dare-dare la base. Je suis rentré me mettre en « tenue militaire » pour me rendre à la Présidence».

Le lieutenant, arrivé devant la présidence, saurait vu refusé l’accès. « sans commentaire » il aurait continué au camp Naaba Kom II. Arrivé, il trouva déjà que la « fameuse réunion » entre le Gl Diendere et les officiers, pour annoncer l’arrestation des autorités de la transition, avait déjà débuté.

L’accusé a affirmer, néanmoins, tenter de sonder quelques soldats, présents au début de la réunion, mais c’était peine perdue. «Lorsque que j’ai approché personnellement le sergent chef Moussa Nebie (ndlr Rambo) pour qu’il me dise exactement c’etait quoi le problème, il m’a répondu ceci: « Mon lieutenant faut laisser ça comme ça « ».

Le même jour (16 septembre 2015 ), il y’aurait eu une rencontre avec les sages mais il n’y aurait pas eu consensus.
«Le 17, j’ai appris comme tous le monde, la déclaration du coup d’Etat à la télé.Le quartier fut consigné et le chef de corps nous a instruis de maintenir les hommes sur place. Le 18, c’était la « mission aéroport ». On devait préparer l’arrivée et l’escorte des chefs d’Etats étrangers. Le 19 septembre, il y’a eu lieu une réunion au PC ( poste de commandement central) avec le Gl Diendere. Ce dernier était venu voir la troupe. Il a affirmé qu’il avait échos de ce qui se passait en ville et qu’il exhorte les hommes à « respecter les ordres et arrêter les bavures »» relate le lieutenant avant de conclure que c’est finalement le 28 Septembre 2015, qu’il sortira du camp car c’est dans la matinée du 28, lors du rassemblement, qu’ils auraient « reçu la note d’affection ».

A une question du parquet militaire qui demandait à l’accusé s’il avait eu connaissance du communiqué du chef d’Etat major,le 17 Septembre, qui invitait les soldats à se rendre au camp PK11, l’accusé répond par la négative.
A la question d’un avocat de la défense de savoir quel était la réaction de la hiérarchie militaire, Le lieutenant affirme avoir « entendu de la bouche » de son chef hiérarchique, le 17 Septembre, que le Gl a soutenu qu’il « avait le soutien de toute l’armée » mais que « ce n’était pas encore officiel « .

Une question d’un avocat de la partie civile, qui demandait à l’accusé, par rapport à la prise d’otage des autorités de la transition, est ce dernier a eu le sentiment d’avoir fait son travail, étant donné qu’il était commandant d’un groupe qui avait pour spécialité « la libération d’otage, » à fait « monter la tension du lieutenant » au point qu’on a eu droit à un défoulement:

« Maitre, je vous répète que je suis dans la chaîne de commandement. J’ai des supérieurs. C’est tout ça qui me fais mal jusqu’à présent. Moi qui suis chargé d’informer la hiérarchie s’il y a problème à la Présidence pour recevoir des directives, c’est moi qui suis informé par mon supérieur. Je cherche des infos pour rendre compte. Arrivé au camp, celui que je dois informer qu’il y’a problème est déjà dans la salle avec le Gl Diendere. Pas lui seulement, mais aussi le Chef d’Etat major général des armées (CMGA) et autres chefs. La nuit ce sont des sages qui sont venus pour « une méditation ». Me, que le Tribunal m’excuse de ce que je vais dire, mais dans quel pays, l’armée a un problème et ce sont les civils qui viennent pour résoudre ? La hiérarchie militaire à failli totalement ici. C’est mon avis.
Depuis quand on fait un coup d’Etat et les gens viennent pour négocier ? C’est un cas d’indiscipline qui devait être sanctionné par le CMGA. Mais rien. Mieux à l’aéroport, pour accueillir les Présidents étrangers, je vous dit que que dans le protocole, toutes la hiérarchie étaient présents: Le chef d’Etat major de l’armée de terre, de l’armée de l’air, les hauts cadres de la police, la gendarmerie, de la BNSP… Vous voulez, qu’après avoir vu et constaté tout cela, que moi lieutenant Dianda, je fasse quoi ? Il fallait que je réfléchisse et décide à la place de mes supérieurs ? Je vais vous faire une confidence, Je n’ai jamais dis ça à aucune étape de la procédure. Lors des événements, entre temps, j’ai reçu un appel du CMGA. Le Gl_ZAGRE en personne. Il m’a entre autres confié que la situation n’était pas aussi simple. Il m’a affirmé que le Gl Diendere et lui se connaissaient depuis belle lurette, qu’ils ont « cheminé ensemble jusqu’à être Général et aujourd’hui si eux deux doivent avoir des rivalités féroces, c’est pas bon. Mais que de tout faire pour calmer nos éléments. Qu’on va trouver une solution ».

Le lieutenant Dianda affirme également, ce mercredi à la barre, que déjà le 22 Septembre 2015, le RSP était déjà dans la logique du désarmement mais dans la pratique, il avait un groupe réfractaire avec à sa tête Touaregh, Zoure et Ali Sanou qui bloquait sa bonne marche.

L’accusé, a la fin de son interrogatoire, aura vraisemblablement convaincu et le parquet militaire et les avocats de la partie civile qui ont écourté leurs observations finales tout en a le félicitant de son courage.

Son conseil, Me_Baziemo, dernière personne à prendre la parole a exhorté le Président du Tribunal d’inviter le greffier de bien consigner les paroles et éloges du Parquet militaire dans les PV « en grand caractère ».
«J’implore la clémence du Tribunal pour permettre à mon client soldat « hors pair « de servir son pays, surtout que sa spécialité c’est l’intervention anti-terroriste. Un fléau qui connait une recrudescence, ses derniers temps, dans notre pays. » a-t-il affirmé pour clore l’interrogatoire.
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