L’auteur du point de vue ci-dessous tresse des lauriers au président de l’Assemblée nationale, Bala Alassane Sakandé, qui, dit-il, au cours de son dernier séjour à Bobo-Dioulasso, a posé des gestes louables, en l’occurrence le don de vivres aux femmes de ladite localité au nom des députés du Houet. Et l’auteur de saluer le style tout aussi particulier du successeur de Salifou Diallo. Lisez !
Le président de l’Assemblée nationale, Alassane Bala Sakandé, était dans la région de l’Ouest, précisément dans la capitale économique du Burkina, Bobo-Dioulasso, du 6 au 8 septembre 2018, pour un séjour qui l’a conduit sur plusieurs fronts et auprès de plusieurs couches sociales. C’est sa deuxième visite en une année dans la région après celle de décembre 2017. A l’époque, il s’y était rendu en car et avait promis de donner la moitié de son salaire aux orphelinats. Si les images du récent déplacement ont circulé abondamment sur la toile et dans l’opinion nationale le week-end dernier, on n’a cependant pas vu des analyses politiques ou sociologiques des actes posés par l’occupant du perchoir, surtout dans une ville où le mercure était monté. Nous allons tenter de donner quelques grilles de lecture politique de ce déplacement. De prime abord, il est bon de souligner que Alassane Bala Sakandé comme homme politique ne laisse pas indifférent. Ceux qui l’ont connu du temps du CDP, ont toujours retenu de lui son franc-parler, même dans les instances de haut niveau. Ce caractère bien trempé en ce qui concerne ses convictions trouvent peut-être ses origines dans son engagement estudiantin que d’aucuns estiment plutôt controversé au regard des luttes suivies par la majorité des étudiants de l’époque. Qu’à cela ne tienne, en tant que député MPP, il a été au centre de polémiques pour ses déclarations vivement contestées par l’opposition (sur la paternité de l’insurrection). Sur ce plan, ce n’est pas un caractère nouveau de l’homme que les Burkinabè découvrent quand Alassane Bala Sakandé arrive au perchoir après la mort de Salifou Diallo, le stratège (le titre du documentaire diffusé un an après sa disparition sur la RTB). Sur ce plan donc, Sakandé est sur les traces de l’immense Gorba, l’homme de la célèbre phrase « on s’en fout. Point barre ». Mais, peut-être que là s’arrête seulement la comparaison, qui n’a d’ailleurs pas lieu d’être pour des hommes politiques de cette trempe. Alassane Bala Sakandé est arrivé à la tête de l’Assemblée nationale avec son style à lui, sa jeunesse, ses convictions… Et on l’a vu à Bobo-Dioulasso dans ses interventions.
La richesse des symbolismes
Avant d’évoquer la teneur de ses propos lors de son séjour dans l’Ouest, il est bon de se demander si Bala Sakandé a fait une visite de leader politique du MPP (avec des calculs politiciens) ou de président de l’Assemblée nationale venu dans le cadre du contrôle de l’action gouvernementale. La question vaut son pesant d’or. En effet, la veille de son arrivée à Bobo-Dioulasso, la Police a usé de gaz lacrymogènes pour disperser des militants MPP venus perturber les travaux du comité local d’organisation de son séjour. L’on était en plein cœur de la contestation du bureau de la section du MPP Bobo-Dioulasso avec des manifestations qui avaient déjà eu lieu. Certaines rumeurs évoquaient une possible médiation de Bala Sakandé pour réconcilier les deux camps. Mais, selon des sources bien introduites, le président de l’Assemblée nationale, qui était accompagné de députés de la majorité et de l'opposition dans sa tournée, n’a reçu aucun des deux camps, préférant ainsi laisser la résolution du différend au Bureau exécutif national de son parti. Prudence ! Il s’est donc consacré entièrement aux visites aux notabilités coutumières et religieuses, au barrage de Samandéni, à la prière du vendredi et à la rencontre avec les Forces vives de la région. Un fait important qu’il convient de souligner, est l’hommage qu’il a rendu à Daniel Ouezzin Coulibaly dont on célébrait le 60e anniversaire de la disparition (ce dernier est décédé le 7 septembre 1958). Si Alassane Bala Sakandé s’est éloigné des bagarres de son parti, c’est surtout au cours de la rencontre avec les forces vives de la région qu’il a asséné ses vérités et exprimé ses convictions. Sur la question foncière, il a, par exemple, déploré l’accaparement des terres par les sociétés immobilières et appelé le ministère de l’Habitat à prendre des mesures fermes contre cette pratique. En visitant le barrage de Samandeni (l'un des projets importants pour l'économie de la région), son objectif était de montrer son intérêt pour la relance économique dans cette partie de notre pays. Sur la question sécuritaire, il a martelé l’urgence de l’union sacrée autour des Forces de défense et de sécurité. « Lorsque le pays est attaqué, il n’y a pas de coloration politique », a-t-il affirmé Comment, en ce qui concerne ce point, ne pas reconnaître l’intelligence de sa prise de position politique quand il appelle Zéphirin Diabré, « son enseignant », à s’asseoir avec le gouvernement pour trouver des solutions à la plateforme du CFOP, objet de la marche du 29 septembre prochain ? On peut même me rétorquer que c’est du populisme, mais le faire ne fait que le grandir. Idem pour ce geste d’une grande valeur humaine qui est sa promesse faite au nom des députés du Houet, de donner 70 tonnes de maïs et 30 tonnes de riz aux femmes. Enfin, il faut se rappeler qu’en 2017, Alassane Bala Sakandé avait rencontré, dans la même salle du Palais de la culture de Bobo-Dioulasso, les représentants de la majorité présidentielle. Cette année, c’est le développement de la région à la loupe du contrôle de l’action gouvernementale qu’il semble avoir mis en avant. C’est pourquoi il a plusieurs fois appelé à l’union des fils et filles de la région pour relever les grands défis du développement. Toutes ces étapes ont, bien sûr, connu la forte mobilisation des populations depuis son arrivée dans la ville de Sya. Des populations qui ont accepté de bon cœur, les excuses du chef du Parlement quant aux désagréments causés à cette occasion. On peut conclure que Bala Sakandé a conquis le cœur des Bobolais avec ce séjour de 72 heures, riche en paroles et en symboles.
Oumar SANOU
Analyste politique basé à Bobo-Dioulasso