Le communiqué a surpris tout le monde dans la soirée de ce lundi 12 août 2013 : « Au regard des controverses et préoccupations qui traversent les différentes composantes de la société burkinabè, et relatives à la création du Sénat, le Président du Faso soucieux de garantir l’unité nationale, de préserver les acquis démocratiques, et fidèle à la longue tradition de dialogue et de paix qui ont toujours caractérisé le peuple burkinabè, a donné des instructions au Premier ministre et au ministre d’Etat, ministre chargé des Relations avec les institutions et des Réformes politiques, de convoquer dans les meilleurs délais le comité de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre des Réformes politiques consensuelles à l’effet de lui soumettre au plus tard le 31 août 2013, un rapport d’étape circonstancié sur le processus d’opérationnalisation du Sénat avec des recommandations et propositions appropriées dans un esprit de consolidation des institutions républicaines ».
Car pour Blaise Compaoré, président du Faso, « le raffermissement continu de la cohésion sociale ainsi que la mobilisation de l’ensemble des citoyens autour des enjeux de stabilité et construction du développement, constituent un impératif pour l’édification d’un Burkina Faso de progrès et de démocratie ».
Pour la troisième fois, mais cette fois-ci à travers un communiqué, Blaise Compaoré s’exprime sur le Sénat. En adoptant une autre posture qui fait croire qu’il veut donner une autre tournure à cette situation qui divise les Burkinabè. En effet, on peut comprendre qu’après avoir pris la mesure réelle de la situation sur la mise en place du Sénat, Blaise Compaoré passe de la politique politicienne à la realpolitik. Les Burkinabè en réalité ne sont pas contre le Sénat. D’autant plus qu’il ouvre la base des concertations et du dialogue démocratique sur les grandes questions de la nation. Mais, ce que certains comprennent mal, c’est son opportunité en ce moment de vie chère, de grands défis de développement à relever et de progrès à accomplir. C’est ce qui explique les marches et meetings de l’opposition politique, c’est également ce qui explique le pamphlet des évêques du Burkina, les déclarations de partis politiques affiliés ou non-affiliés à la majorité ou à l’opposition et de Burkinabé plus ou moins indépendants, dans la presse.
Blaise Compaoré veut donc trancher le débat, une bonne fois pour toutes, en convoquant le comité de suivi de mise en œuvre des réformes consensuelles à l’effet de lui fournir d’ici le 31 août un « rapport circonstancié sur le processus d’opérationnalisation du Sénat avec des recommandations et propositions appropriées dans un esprit de consolidation des institutions républicaines ». Blaise Compaoré veut que, par consensus, on lui dise donc ce qu’il doit faire « dans un esprit de consolidation des intuitions républicaines ».
Car, le Sénat étant constitutionnalisé, sa non-mise en œuvre au-delà d’un certain temps pose la question de l’anti-constitutionnalité du Parlement et des lois qui y sont votées. En même temps, cela suppose qu’il faut procéder à une révision de la Constitution. A partir de l’Assemblée nationale ou d’un référendum ? Le comité de suivi fera ses propositions.
Une autre possibilité sera de revoir la composition et le mode de désignation des membres du Sénat de sorte à le rendre « moins budgétivore » et à l’adapter davantage aux préoccupations des Burkinabè en lui donnant des prérogatives plus étendues et plus fortes. Pour lui conférer effectivement sa position de Chambre haute. Dans tous les cas, Blaise Compaoré, que ce soit sous la pression ou non, vient ainsi de montrer qu’il sait écouter son peuple, prendre en compte ses aspirations. Car, si après plus de vingt ans de présidence du Faso, il doit brader aussi facilement le patrimoine acquis au prix de mille efforts, il écrirait son nom à l’encre rouge sur les pages de l’histoire du Burkina. Que la sagesse continue de l’emporter…