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Procès du putsch : Le "plus menaçant du commando" et l’inconnu

Publié le jeudi 30 aout 2018  |  Sidwaya
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© aOuaga.com par DR
Comme le 27 février dernier à son ouverture, le procès du putsch manqué de septembre 2015 qui a repris ce mercredi 21 mars, s’est limité à des préliminaires comme la composition du tribunal et la dénonciation des vices de formes.
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Ce mercredi 29 août 2018, a eu lieu la suite de l’audition du sergent Amidou Pagbelgem, spécialisé en transmission militaire dans le cadre du procès du putsch manqué de 2015. En liberté provisoire, le « transmetteur » est prévenu de complicité d’attentat à la sûreté de l’Etat, de meurtre, de coups et blessures et dégradation volontaire aggravée de biens.

L’accusé, le sergent Amidou Pagbelgem, est revenu sur l’épisode de l’arrêt des émissions de radios, dont celle la « Résistance », la 108. FM, retrouvée au siège de Savane FM, à la séance du mercredi 29 août 2018 du procès du coup d’Etat. A la question du tribunal de savoir quand est-ce qu’il a été informé du putsch, l’accusé a maintenu la date du 18 septembre. C’est alors que le parquet a lu sa déposition à l’instruction, dans laquelle il a déclaré qu’il l’a su lorsqu’il revenait de l’expédition d’extinction de l’émetteur de Kamboincé, le 16 septembre 2015.

Mais le sergent Pagbelgem a repris : « Sur le chemin du retour, j’ai entendu les radios faire état de ce que ça n’allait pas à la présidence, que personne ne savait ce qui s’y passait et qu’elles y reviendraient dans les émissions suivantes ». Au sujet des raisons de couper des émetteurs et du lien éventuel de ces interruptions avec le putsch, Amidou Pagbelgem a fait savoir au ministère public et à Me Prosper Farama de la partie civile, qu’il n’a pas accompli de telles missions de son propre chef mais sur ordre de ses supérieurs qui pourraient donner des réponses satisfaisantes.

S’agissant en particulier de l’expédition à la radio Oméga, les débats se sont focalisé sur la possible concertation entre l’équipe de l’accusé et le « civil non identifié » qui a servi d’éclaireur au commando et aurait débranché les appareils. « Pourquoi vous n’avez pas vérifié son identité ? », a questionné le parquet. « Il repartait furtivement. Je l’ai rattrapé dans l’escalier au 2e deuxième étage. Il m’a dit qu’il est le caporal … (il n’a pas retenu le nom) et m’a montré une carte militaire. Comme c’était dans la foulée, c’est-à-dire du tic au tac, je n’ai pas eu l’idée de vérifier son identité. Je me suis préoccupé de retrouver mon binôme resté en arrière », a soutenu le transmetteur.

Intrigante intervention du civil

Pour les avocats de la partie civile, tel que Me Yanogo, c’est intriguant que des militaires acceptent la collaboration d’un « civil » inconnu dans l’accomplissement de leur mission. Me Prosper Farama en a conclu que le commando a adhéré à l’action de l’inconnu. Inconnu qui, selon Me Awa Sawadogo aussi de la partie civile, s’est à la limite imposé comme chef de mission. L’avocate a ajouté qu’il y avait une concertation entre ledit individu et l’équipe de Pagbelgem. L’autre aspect qui a intéressé le parquet est la composition du commando.

Se fondant sur le témoignage de l’ancien DG dudit média, Jean Paul Badoun, le ministère public a identifié le sergent Pagbelgem comme « le militaire petit de taille, de teint clair, excité comme un drogué et qui était le plus menaçant du commando ». La défense a soutenu ne pas se reconnaître dans ledit témoignage qui doit faire l’objet d’« un grand débat ». Pour le conseil de l’accusé, Me Ignace Tougma, le témoin aurait fait des confusions entre plusieurs groupes qui ont fait une descente à Oméga FM. L’avocat a, du reste, demandé au parquet de cesser de tirer des éléments d’un procès-verbal contesté pour charger son client, cela en attendant la décision du tribunal.

Revenant sur le civil inconnu qui aurait débranché les fils à radio Oméga, Me Neya de la partie civile a voulu comprendre pourquoi l’accusé ne l’a pas interrompu, et encore, pourquoi n’a-t-il pas donné l’alerte quand il a constaté que des engins étaient en feu. « Je vous demande de me croire. J’ai fait d’autres missions avant Radio Oméga et il n’y a pas eu de dégâts », a répondu le prévenu. Son conseil, Me Tougma a fait remarquer que la répétition des questions témoigne, en son sens, de la difficulté à caractériser l’infraction qu’on reproche à son client. « S’il y a des preuves vidéos du dossier, nous sommes prêts à les visionner…une radio sérieuse devrait avoir des caméras dans le studio », a-t-il soutenu.

Mais pour le parquet, l’assistance aux auteurs de l’attentat était manifeste et donc par conséquent, il est complice des meurtres, coups et blessures volontaires qui en ont découlé. Avocats parquetiers et partie civile d’une part et Me Ignace Tougma de l’autre se sont ainsi lancé des répliques quant à l’existence ou non de preuves pour prouver la culpabilité du transmetteur Pagbelgem. Mais pour la partie civile, le tribunal aura la conviction de la culpabilité du prévenu lorsqu’ils en arriveront aux témoignages. C’est sur ces entrefaites que, invité à dire son dernier mot, le sergent a insisté qu’au moment des faits, il ne pouvait savoir que les ordres qu’il a exécutés entraient dans le cadre d’un quelconque coup d’Etat. Le tribunal a alors suspendu l’audience qui reprendra vendredi matin à 9h.

Jean Philibert SOME
& Fabé Mamadou OUATTARA
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