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Pénurie de carburant provoquée par la grève des routiers : Ce sont les vendeurs ambulants qui se frottent les mains

Publié le mardi 28 aout 2018  |  Le Pays
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© Autre presse par DR
Baisse du prix des hydrocarbures : le silence suspect des transporteurs routiers
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Depuis le 24 août 2018, les membres de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (URCB) observent un arrêt de travail et exigent la démission du président de l’Organisation des Transports Routiers du Faso (OTRAF), Issoufou Maïga. Ce qui a entraîné une pénurie de carburant dans les stations-services. Nous en avons fait le constat le 27 août dernier, dans la ville Ouagadougou. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce sont les vendeurs ambulants de carburant qui se frottent les mains. Non seulement ils vendent plus de produit que d’habitude, mais aussi ils augmentent le prix de vente. Ainsi, le litre d’essence super est passé de 630 F CFA à 1 000 F CFA.


Les membres de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (URCB) ont interdit tout déplacement des gros camions au Burkina, depuis le 24 août 2018. Cette situation n’est pas sans conséquence sur l’économie nationale. Déjà, le carburant, notamment l’essence, se fait rare dans les stations-services. Nous avons visité quelques-unes de la capitale burkinabè, Ouagadougou, le 27 août 2018. Le constat est que ce sont les vendeurs ambulants de carburant qui en profitent pour vendre beaucoup de quantité et plus cher que d’habitude. Ils se frottent les mains, pourrait-on dire ! En effet, profitant de la détresse des usagers, certains ont augmenté le prix du carburant. Ainsi, le litre d’essence super est passé de 630 F CFA à 1 000 F CFA. Salif Tondé, un jeune Burkinabè, a profité de cette situation pour installer son lieu de commerce à la station SOGEL-B située sur la circulaire, à quelque 500 mètres du SIAO. Aux environs de 11 h, lorsque nous le rencontrions, il avait déjà écoulé 50 bidons de 20 litres d’essence Super. A la question de savoir comment il s’approvisionne, Salif Tondé a confié que la technique est toute simple. Elle consiste à remettre un billet de 2 000 F CFA de plus au pompiste chargé de remplir son bidon d’essence à la station. Même avec cette technique, il faut parcourir plusieurs kilomètres pour avoir ce liquide devenu rare, après 3 jours de grêve. Au début de la crise, a-t-il confié, il partait vers la gare routière pour s’approvisionner. Mais, depuis un certain temps, il faut aller jusqu’à Kouba, à la sortie Sud de la ville de Ouagadougou, pour espérer avoir de la provision. A la question de savoir s’il était sûr de la qualité du produit qu’il livre aux clients en détresse, il a dit se référer à la bonne foi des stations où il s’approvisionne. D’ailleurs, pour rassurer ses clients, il leur donne son numéro de téléphone afin qu’on puisse le joindre en cas de problème. Tout comme lui, Abdoul Aziz Yaogo fait de bonnes affaires au niveau de Boinsyaaré. Aux environs de 11h, il avait déjà écoulé 9 bidons de 20 litres d’essence, à raison de 1000 F CFA le litre. Comme bénéfice, il dit avoir engrangé 4 000 F CFA sur chaque bidon. Tout comme son prédécesseur, pour avoir rapidement du carburant pour satisfaire sa clientèle, il donne 1000 F CFA ou 2000 F CFA aux pompistes afin qu’on le serve. Si ces revendeurs ou commerçants circonstanciels font de bonnes affaires, c’est sur le dos des usagers qui doivent débourser plus d’argent. Parfois, après une partie de sport forcée, c’est-à-dire après avoir parcouru plusieurs kilomètres à pied. C’est le cas de Moulaye Assane Koné. En effet, il est tombé en panne d’essence au niveau du grand marché. Ce qui l’a obligé à marcher jusqu’à la station Shell de Dapoya, vers l’école des douanes. Et c’est avec un ouf de soulagement qu’il a pu se procurer le précieux liguide pour vaquer à ses occupations. Et ce, après avoir visité 5 stations-services sans avoir eu la moindre goutte d’essence. Comme Moulaye Assane Koné, Dr Robert Zoungrana, médecin de son Etat, a eu du mal à avoir du carburant pour sa voiture. Pour arriver à son domicile, il était obligé de débourser 25 000 F CFA pour s’offrir 25 litres d’essence auprès de Salif Tondé qui avait installé son quartier général en face de la station SOGEL-B sur la circulaire. « L’Etat ne doit pas laisser un produit de première nécessité comme le carburant manquer. Nous avons trop souffert et nous continuons de souffrir de ces choses », s’est indigné Dr Zougrana. Signalons qu’en plus des usagers, les gérants des stations-services font partie des premières victimes de cette grève des chauffeurs routiers. En effet, la plupart d’entre eux n’ont plus de produit à offrir à leurs clients. Zemba Charlotte, gérante de la station SOGEL- B, n’a rien vendu ce lundi 27 août 2018, parce que son stock de carburant est épuisé. Et ses pertes sont estimées à 2,5 millions de F CFA par jour. Ses inquiétudes sont partagées par Sidiki Lougué, gérant de la station Shell ex-gare routière, sis au quartier Dapoya, en face de l’école des Douanes. A l’entendre, c’est le samedi qu’il a été informé que ses camions n’ont pas été chargés au niveau de la SONABHY, à cause d’un mouvement d’humeur des chauffeurs routiers. Fort heureusement pour lui, il avait déjà du stock disponible. Ce qui lui a permis d’ailleurs de faire face à la demande très forte en ce premier jour de travail de la semaine. Et ce, depuis 5 h du matin. Même s’il dit disposer d’un stock de carburant, il a reconnu que ce n’est pas pour longtemps. Et il n’a qu’un seul souhait : celui de voir les protagonistes fumer le calumet de la paix. « Nous souhaitons que les différentes parties s’asseyent autour d’une même table afin de trouver rapidement une solution à cette crise », a-t- il dit. Son souhait est partagé par Dembega, gérant de la station Shell Saint Camile sis aux 1200 logements de Ouagadougou, qui venait, à notre arrivée aux environs de 10h, d’épuiser son stock d’essence super. Et si sa station n’est pas vite approvisionnée en carburant, ses pertes s’évalueront à 2, 5 millions de F CFA, soit l’équivalent de sa vente journalière. « Je lance un appel au gouvernement afin qu’il fasse tout pour résoudre cette crise», a-t-il indiqué. En rappel, les chauffeurs du Burkina, sur un mot d’ordre de l’Union des conducteurs routiers du Burkina (UCRB), avait entamé, le 8 février 2017, une grève de 72 heures. Ils protestaient contre les rackets, les tracasseries routières et autres phénomènes qui handicapent leurs activités. En août 2017, ce même mouvement d’humeur des chauffeurs routiers avait occasionné une pénurie à travers tout le pays. Au moment ou nous bouclions cet article, une discussion entre les différentes parties était en cours mais aucune solution n’avait été trouvée.

Issa SIGUIRE
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