Les chauffeurs routiers ont observé un arrêt de travail, le samedi 25 août 2018, perturbant les sorties et entrées de Ouagadougou. Ces derniers réclament de meilleures conditions de travail et de traitement.
Les sorties et entrées de Ouagadougou ont connu une ambiance particulière, le samedi 25 août 2018, au point qu’il était difficile pour les usagers de ces axes de se frayer un passage. A notre arrivée à la sortie-Ouest de Ouagadougou sur la Route nationale N°4 (RN) aux environs de 16 heures, ce fut une file de camions stationnés sur une longue distance qui nous a été donnée de constater sur le bas-côté de la route, créant par moment, un bouchon au niveau des postes de contrôle des taxes routières.
Le même scénario était observé sur les RN5 et 1 où nous nous sommes rendus. Sur la RN1 par exemple, pendant que certains chauffeurs échangent par groupe, à côté des mastodontes, d’autres, réunis sur la voie, arraisonnent les camions qui n’observent pas l’arrêt de travail. Il s’agit principalement de ceux transportant du carburant et des produits non périssables.
Les véhicules personnels, les cars des compagnies de transport et les camions de transport des aliments périssables peuvent continuer leur trajet. A la question de savoir pourquoi un tel mouvement sur les différents axes routiers, les chauffeurs dénoncent leurs conditions de travail et de traitement par leurs employeurs.
« Pendant que certains chauffeurs touchent 100 000 F CFA comme salaire, d’autres n’ont que 30 000 F CFA. Il y a une injustice quelque part », se plaint Mathieu Zongo, un chauffeur. Pour son collègue Tidiane Berthé, c’est inimaginable qu’un patron achète des camions à hauteur de 100 000 000 de F CFA et qu’il ne puisse pas verser 100 000 F CFA comme salaire à son employé. « C’est une punition que nos patrons nous infligent », lâche-t-il.
A en croire ces conducteurs, c’est le président de l’Organisation des transporteurs routiers du Faso (OTRAF), Issoufou Maïga, qui est responsable de leur malheur. « Il a monopolisé tout le transport de produits dans la sous-région », informe Abdoul Kinda, un autre chauffeur visiblement remonté.
Selon ce dernier, le mouvement d’humeur aurait débuté jeudi dernier où des chauffeurs se réclamant de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina (UCRB) se sont regroupés au siège de l’OTRAF pour dénoncer une telle situation. A l’UCRB où nous nous sommes rendus par la suite, c’est la tête du président de l’OTRAF qui est réclamée.
En effet, dans une déclaration évoquant les griefs faits au premier responsable de l’organisation que les représentants de l’Union ont mise à notre disposition, il ressort que Issoufou Maïga « s’est accaparé » de la quasi-totalité du fret routier au Burkina Faso, étouffant par la même occasion, les petits transporteurs selon la déclaration.
Les griefs faits au président de l’OTRAF
De l’avis de Zakaria Belem, propriétaire de camions, les transporteurs qui détiennent très peu de camions ont du mal à avoir des chargements dans les ports dans la sous-région. « Quand vous êtes propriétaire d’un à cinq camions au Burkina, sachez que vous roulez toujours dans la misère parce qu’il faut 30 à 50 jours pour avoir ne serait-ce qu’un chargement.
Dans ces conditions, il est difficile de payer le chauffeur décemment », avoue-t-il. Aux environs de 19 heures, les battants du siège de l’OTRAF étaient clos. C’est finalement le lendemain, dimanche 26 août, que le président de l’OTRAF a été joint au téléphone.
Mais Issoufou Maïga a préféré que son vice-président, Assimi Ouédraogo, se prête à nos questions pour des raisons de deuil. Selon le vice-président, le jeudi dernier, une trentaine de chauffeurs est venu au siège pour exiger le départ du président de la tête de l’organisation.
La raison, dit-il, est qu’il a fait venir un grand nombre de camions pour des chargements au détrimen,t des petits transporteurs. Pis, ajoute Assimi Ouédraogo, les chauffeurs auraient accusé le président de les avoir traités de délinquants. Une version que le vice-président rejette. Pour lui, le président aurait employé le terme indélicat et non délinquant.
En ce qui concerne le monopole du fret, Assimi Ouédraogo dit qu’il n’en est rien. « Le système de transport est fait de telle sorte que quand on est à Lomé au Togo ou au Ghana, il y ait et un système de répartition des frets qui fait que s’il y a un chargement par exemple de dix camions. Le pays-hôte prend le tiers et les deux autres reviennent aux Burkinabè.
C’est un protocole qui a été signé depuis 1984 entre les Etats. Concernant les différents contrats du président de l’OTRAF, quand il faudra 20 camions pour le chargement, il fera partir ses 20 camions parce que c’est son contrat à lui », explique-t-il.
Selon Ambroise Ouédraogo, un chauffeur membre de l’UCRB, une rencontre a eu lieu entre les représentants de l’Union et le ministre des Transports, Vincent T. Dabilgou, dans l’après-midi du samedi, mais, les négociations n’ont pas abouti. L’URCB a été sommée, dit-il, de mettre fin à sa manifestation, faute de quoi, la loi sera mise en application. Au moment où nous tracions ces lignes, une rencontre devrait se tenir dans la soirée du dimanche.