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La corruption comme système de gouvernance : l’aveu du parti au pouvoir, le CDP
Publié le mercredi 14 aout 2013   |  Autre presse


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© Autre presse par DR
Dr Claude Wetta, secrétaire exécutif du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC)


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Les propos ne laissent pas indifférent, surtout quand ils émanent du premier responsable du parti au pouvoir. Lors d’une rencontre entre le Secrétariat Exécutif du CDP et les secteurs structurés du parti le 19 juillet 2013, Assimi KOUANDA confiait aux commerçants ceci : «Ceux qui nous contredisent le jour prennent nuitamment des enveloppes». Méprise, désinvolture ou insouciance ? En tous les cas, cette déclaration reprise par le journal Le Quotidien n°822 du samedi 19 au dimanche 20 juillet 2013 fait froid au dos. Des aveux sur un système de gouvernance bâti sur la corruption.


Le vendredi 19 juillet 2013, veille du meeting convoqué par la Coalition nationale contre la vie chère, la corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC), le CDP a organisé une rencontre expresse avec les commerçants de la ville de Ouagadougou. C’était sans doute pour les dissuader de se lancer dans cet élan populaire autour des préoccupations profondes des Burkinabè. A cette occasion, le Secrétaire Exécutif de ce parti, Assimi KOUANDA, a laissé entendre ceci : «Ceux qui nous contredisent le jour prennent nuitamment des enveloppes» . Cette déclaration ne manque pas de susciter des interrogations. Dans quel dessein le parti au pouvoir remet-il nuitamment des enveloppes à «ceux qui le contredisent le jour»? Qui en sont les bénéficiaires? En tout état de cause, ceux qui reçoivent ces enveloppes sont tout aussi condamnables que ceux qui les remettent.

Cette déclaration du premier responsable du parti au pouvoir n’est autre chose qu’un aveu de ce que la corruption constitue un système de gouvernance privilégié par le parti au pouvoir. Et comme aucun membre du Secrétariat Exécutif du parti majoritaire présent sur les lieux ne l’a contredit, nous comprenons que la remise nuitamment des enveloppes représente un sport favori au sein du parti. L’on a encore en mémoire cette affaire des trente (30) millions de l’Opposition Burkinabé Unie (OBU). A l’époque, les animateurs de ce regroupement de partis politiques avaient vu dans ce geste un acte de générosité d’un pouvoir à la recherche d’une opposition forte pour le challenger. L’on se rappelle également l’affaire des djembés, dans laquelle le Franco-libanais Jaffar Robert Bourgi affirmait avoir servi d’intermédiaire à cinq chefs d’État africains, dont Monsieur Blaise COMPAORE, pour le financement de la campagne présidentielle de Monsieur Jacques Chirac en 2002, à hauteur de 10 millions de dollars environ. Puis, il renchérissait : «…Un soir, j’étais à Ouagadougou avec le président Blaise Compaoré. Je devais ramener pour Chirac et Villepin 3 millions de dollars. Compaoré a eu l’idée, "connaissant Villepin comme un homme de l’art", a-t-il dit, de cacher l’argent dans quatre djembés. Une fois à Paris, je les ai chargés dans ma voiture jusqu’à l’Élysée. C’est la seule fois où j’ai pu me garer dans la cour d’honneur ! C’était un dimanche soir et je suis venu avec un émissaire burkinabè, Salif Diallo, alors ministre de l’Agriculture. Je revois Villepin, sa secrétaire, Nadine Izard, qui était dans toutes les confidences, prendre chacun un djembé, devant les gendarmes de faction… Les tams-tams étaient bourrés de dollars. Une fois dans son bureau, Villepin a dit : "Blaise déconne, c’est encore des petites coupures!"»

Et que dire de ces gadgets et billets de banque distribués à tour de bras lors des campagnes électorales ? Au-delà de ces pratiques, l’on note la protection dont on couvre les militants du parti, auteurs de scandales, à travers des promotions politiques en tout genre. Combien sont ces grands du pouvoir publiquement dénoncés pour des malversations diverses (y compris la corruption), qui siègent au parlement ou qui sont à la tête d’administrations prestigieuses?

Peut-on s’attendre à l’affirmation d’une volonté politique réelle de combattre cette gangrène quand celle-ci est érigée en système de gouvernance privilégié du parti au pouvoir? Assurément non ! Mais, il est connu de tous que la pratique à grande échelle de la corruption, voire son érection en mode de gouvernance, fait peser de graves menaces sur la stabilité et la quiétude sociale. En 2011, à l’occasion de ses Journées Nationales du Refus de la Corruption (JNRC), le REN-LAC attirait l’attention du Président du Faso lui-même à travers cette conclusion du Rapport sur le développement dans le monde publié par la Banque mondiale : «Les pays où l’efficacité de l’administration, l’Etat de droit et la lutte contre la corruption sont déficients, courent un risque de 30 à 45% de fois plus élevé de devenir le théâtre d’une guerre civile et un risque sensiblement accru de connaitre des violences criminelles extrêmes que d’autres pays en développement » ! Une fois de plus, le REN-LAC tient à mettre le focus sur ces graves menaces et invite, par conséquent, tous les acteurs, en premier lieu, le parti au pouvoir et le gouvernement à bannir la pratique de la corruption. Il dénonce et condamne avec la dernière énergie ces pratiques. A tous les honnêtes contribuables qui triment pour s’acquitter de leurs obligations fiscales et à tous les Burkinabè dont le quotidien est fait de misère, le REN-LAC lance un appel à la mobilisation dans le cadre des luttes engagées contre la corruption, la mal gouvernance, l’impunité, pour un Burkina véritablement prospère et débarrassé de cette gangrène.

Le REN-LAC lance également un appel à la justice burkinabè pour s’autosaisir de ce dossier («enveloppes du CDP remises nuitamment») au nom de la transparence dont elle doit être la garante.

Le Réseau National de Lutte Anti-Corruption (REN-LAC)

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