Ouagadougou, Le procès du putsch manqué de septembre 2015 au Burkina Faso, suspendu il y a deux semaines, a repris jeudi à Ouagadougou en présence des principaux accusés, les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé.
L'audience, suspendue pour les vacances judiciaires, a repris avec l'audition du soldat Sidiki Ouattara, poursuivi pour ''complicité d'attentat à la sûreté de l'Etat, meurtres, coups et blessures volontaires, destruction volontaire aggravée de biens''.
Assisté d'un interprète car ne s'exprimant pas en français, le soldat Ouattara a nié les faits, bien qu'il ait reconnu s'être rendu à la radio Savane FM dont les matériels avaient été emportés par des militaires alors qu'elle diffusait des appels à la résistance au putsch.
Au cours de cette "mission corvée", il dit avoir seulement aidé à transporter le matériel jusqu'au camp de l'ex-Régiment de sécurité présidentielle (RSP), qui a mené le putsch, et n'avoir pris connaissance du coup d'Etat que lors de son arrestation.
Selon le parquet militaire, ces déclarations à la barre contredisent le procès-verbal d'audition dans lequel le prévenu reconnaissait sa participation au coup d'Etat.
Selon le parquet militaire, l'accusé y avait confié que le général Diendéré avait promis cinq millions de francs CFA (7.500 euros) à chacun des soldats qui lui resterait fidèle.
Pour son avocat, Me Lassané Daboné, le soldat Ouattara, qui a été "torturé lors de son arrestation et de son audition", a signé le procès-verbal "sans en connaitre le contenu", car ne sachant ni lire et écrire.
"Seules les déclarations faites devant votre barre devront être considérées", a-t-il lancé.
Le 16 septembre 2015, des soldats du RSP avaient tenté en vain de renverser le gouvernement de transition mis en place après la chute du président Blaise Compaoré. Le RSP était la garde prétorienne de Compaoré, chassé le 31 octobre 2014 par la rue après 27 ans au pouvoir.
Au total, 84 accusés sont jugés dans cette affaire, dont les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, cerveaux présumés du coup d'État manqué qui a fait 14 morts et 270 blessés.
Une trentaine d'accusés ont déjà été auditionnés depuis le début du procès.