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Sanctions contre des agents du MFSNF : Le SYNTAS et le comité CGT-B dénoncent « un abus d’autorité »

Publié le mardi 14 aout 2018  |  Le Pays
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© aOuaga.com par DR
Juste Koumara Logobana, SG SYNTAS
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Le Comité CGT-B (Confédération générale des travailleurs du Burkina) et le syndicat des travailleurs de l’Action sociale (SYNTAS) ont animé une conférence de presse le 13 août 2018 à Ouagadougou. Les responsables syndicaux ont dénoncé, à l’occasion, ce qu’ils considèrent comme une remise en cause des libertés démocratiques et syndicales par le ministre en charge de la Femme, de la solidarité nationale et de la Famille, Laurence Ilboudo Marchal et une gestion fascisante de l’administration avec « la complicité morbide d’une tourbe de sbires acquis à sa solde ». Le syndicat entend donner la réplique nécessaire à « l’abus d’autorité et au détournement de pouvoir » de la ministre, après le conseil syndical prévu dans les jours à venir.

« Une offensive répressive pour étouffer l’esprit de lutte du peuple qui a conduit à l’insurrection populaire et à la résistance au putsch de type fasciste… en vue de briser et détruire les organisations syndicales et les organisations authentiques du peuple ». C’est ainsi que Juste Koumara Logobana, Secrétaire général du SYNTAS, et ses camarades du comité CGT-B caractérisent les actes de la ministre Laurence Ilboudo Marchal qui a infligé des sanctions de « suspension de fonction » d’un mois à l’encontre de 247 agents du ministère, au motif que ceux-ci n’ont pas déféré à des réquisitions lors de la grève de 96 heures des 24, 25, 26 et 27 avril 2018. En clair, les agents visés par la suspension de fonction sont privés d’un mois de salaire, à entendre les syndicalistes. Pourtant, soutiennent-ils, les réquisitions en question étaient manifestement illégales au regard des dispositions de la loi 45-60 portant règlementation du droit de grève des fonctionnaires et des agents de l’Etat. En outre, ils allèguent que les sanctions de « suspension de fonction » d’un mois des militantes et militants ne respectent pas les dispositions de l’article 161 de la loi 2015-081/ CNT portant statut général de la Fonction publique. La suspension de fonction est une sanction disciplinaire de premier degré selon la loi, rappellent les conférenciers qui estiment que la procédure existante en la matière a été royalement ignorée par la ministre Laurence Ilboudo Marchal. Puisque, de leur point de vue, la sanction disciplinaire de premier degré relève du supérieur hiérarchique immédiat de l’agent, et non du ministre. Pour avoir décidé, la ministre, aux yeux des syndicats, fait non seulement preuve d’abus d’autorité, mais également de détournement de pouvoir. La conviction des syndicalistes est que la ministre Laurence veut mater les luttes syndicales à travers la criminalisation des actions de lutte, les lettres d’explication sans fondement, les sanctions arbitraires, les menaces et intimidations, selon les termes des conférenciers. Pour eux, la ministre s’arroge les pleins pouvoirs et s’emploie à museler systématiquement le syndicat. Avant sa nomination à la tête du ministère, elle a donné ce signal en confiant que « c’est intrigant que tout le monde se mette à revendiquer », rappelle le SG du SYNTAS. Les deux syndicats n’entendent pas se laisser faire et vont se battre pour renforcer leurs espaces de liberté et défendre leurs droits. «Des dispositions sont prises pour apporter la riposte appropriée à la forfaiture», rassurent les conférenciers qui annoncent la mise en place d’une caisse de solidarité d’urgence en soutien aux agents « suspendus de fonction ». Ils condamnent ce qu’ils considèrent comme des atteintes aux libertés démocratiques et syndicales en cours au sein du ministère ainsi que les sanctions de « suspension de fonction » infligées aux militants.

Une opération de retrait qui ignore la technicité, la compétence et les outils éprouvés en la matière

Sur l’opération de retrait des personnes vivant en rue lancée le 9 août dernier, les conférenciers relèvent que toute la technicité, la compétence, les procédures et les outils éprouvés en la matière ont été ignorés. Une insulte faite surtout aux institutions partenaires qui accompagnent le ministère dans la gestion d’une problématique qui date de longtemps, selon les syndicalistes conférenciers. « La ministre rejette tous les avis techniques hautement professionnels sur l’opération de retrait des personnes vivant en rue », soulignent-ils, avant d’ajouter que « si des techniciens à l’ombre de la ministre mettent leur esprit de technicité au cachot, c’est dommage ». De leur point de vue, l’opération de retrait, avec l’usage de la force, viole les droits des cibles et cela pose problème. « Des gens meurtris dans leur âme et dans leur chair qu’on veut sortir de la rue, sans des moyens conséquents », déplorent-ils. Tout cela explique le fait que des partenaires comme l’UNICEF n’y participent pas, assurent-ils. Les syndicats déplorent un paradoxe dans l’opération de retrait des personnes vivant en rue : le tapage médiatique autour d’un projet d’assassinat des enfants du peuple alors que le dossier des personnels des garderies (qui concerne majoritairement des femmes) est en souffrance depuis longtemps. Le rêve des syndicats, c’est de voir les centres d’accueil des personnes en détresse transformés en centres d’apprentissage. En attendant, les syndicats estiment que la ministre veut débarrasser les personnes en situation de rue de la vue de la bonne société, avec une approche conjoncturelle face à un problème structurel. Ils notent à son intention que 90% de la population sont candidats à la rue, au regard des politiques publiques mises en œuvre dans notre pays.

Lonsani SANOGO
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