Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Alpha Barry (Ministre burkinabè des Affaires étrangères) : « Roch Kaboré sera le premier Président à faire voter les Burkinabè de l’extérieur 60 ans après l’indépendance »

Publié le vendredi 10 aout 2018  |  L'INTELLIGENT D'ABIDJAN
Alpha
© aOuaga.com par DR
Alpha Barry, Ministre des Affaires étrangères
Comment


Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Burkina Faso dresse dans cette interview le bilan de la Conférence au sommet du Traité d’amitié et de coopération (TAC) entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire tenue à Yamoussoukro le 27 juillet 2018. Alpha Barry se prononce également sur le vote des Burkinabè de l’extérieur aux prochaines élections de 2020, la controverse sur le nouveau Code électoral et sur la Carte consulaire.





Les rideaux sont tombés fin juillet sur le TAC7 à Yamoussoukro. Y-a-t-il eu des avancées notables au cours de ce sommet entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire ? Si oui, lesquelles ?



Il y a eu de nombreuses avancées qui ont été constatées au cours de ce TAC7. Comme exemple, on peut citer les discussions qu'il y a eu entre nous sur le tarif d'assistance en escale de la compagnie Air Burkina à l'aéroport d'Abidjan qui était jugé en hausse par la compagnie burkinabè, mais c'était un tarif qui était applicable à toutes les compagnies. Avec l'appui du gouvernement ivoirien, nous avons pu obtenir de la société privée, NAS, qui exploite le Handling au niveau de l’aéroport d’Abidjan, une baisse de 30%. Le gouvernement ivoirien s'est engagé à continuer les négociations avec nous afin qu'il y ait un tarif particulier pour la compagnie Air Burkina. Vous avez le Fonds d’insertion économique pour les jeunes qui avait été créé lors du TAC6 à Ouagadougou en 2017,qui est maintenant opérationnel. Puisque les jeunes de Côte d'Ivoire et du Burkina Faso ont déjà été sélectionnés pour bénéficier du Fonds pour monter leurs projets. Il y a eu également un accord qui est intervenu entre la Société ivoirienne de raffinerie (Sir) et la Société nationale burkinabè d'hydrocarbures (Sonabhy), et aussi avec la Sitarail pour l'augmentation des importations du Burkina Faso des produits pétroliers passant de 175 000 tonnes à 400 000 tonnes à travers le corridor ivoirien. Il y a une imposition qui fait que le corridor ivoirien n’était utilisé que pour les seules importations au niveau de la Sir. Donc, la société burkinabè n'importait que 175 000 tonnes parce qu'elle jugeait les prix assez élevés. Mais un accord est intervenu entre les deux parties avec une baisse, qui permet une augmentation des importations de 175 000 à 400 000 tonnes sur une durée de 5 ans. En matière d'éducation, il y avait un problème au niveau des élèves burkinabè qui obtenaient des diplômes en Côte d'Ivoire. Quand ils retournaient au pays, ils n'avaient pas leurs diplômes tout de suite à leur disposition, ce qui les pénalisait pour passer des concours. La délivrance des diplômes prenait des années. Nous avons pu tomber d'accord sur la délivrance immédiate de ces diplômes, et c'est quelque chose qu'il faut saluer. En ce qui concerne la matérialisation des frontières, il fallait mettre en place les différents comités nationaux. Côté burkinabè, le comité a été créé l'année dernière et la Côte d'Ivoire a mis en place ce comité cette année. Les deux comités vont alors se mettre ensemble pour travailler pour la matérialisation définitive de la frontière. C'est une opération normale, ce n'est pas qu'il y a un problème de frontière entre les deux pays. Il y a aussi le Mont Péko, où une mission conjointe est allée sur le terrain pour recenser les populations qui y sont, afin de pouvoir trouver une solution définitive à ce problème. Il y a eu donc beaucoup d’avancées au cours de ce TAC7. Nous attendons d'ici la fin de l'année, une amélioration en termes de transport de l'électricité permettant au Burkina Faso de suivre pleinement l'accord qui a été signé l'année dernière à Ouagadougou. Accord qui devrait permettre d’importer 90 Mgw de la Côte d'Ivoire. Pour le moment nous n'arrivons pas à le faire parce que les lignes de transport ne sont pas bonnes, et il y a des travaux en cours côté ivoirien qui devraient s'achever d'ici à la fin de l'année. Ce qui devrait permettre à la Côte d'Ivoire d'exporter les 90 Mgw contractuels au Burkina Faso. Il y a eu également une avancée au niveau politique du fait que tout cela s’est passé dans une ambiance de fraternité et d’amitié à Yamoussoukro. C'est pourquoi le dernier Conseil des ministres tenu récemment au Burkina Faso a remercié les autorités ivoiriennes avec le président Alassane Ouattara en tête, pour l’hospitalité et aussi pour les résultats qui ont été obtenus dans cet esprit d’amitié et de partage.



Cette conférence au sommet marquait aussi le dixième anniversaire du TAC. Dites-nous comment ce Traité qui lie ces deux pays a pu survivre aux intempéries politico-diplomatiques de ces dernières années ? Quel est le secret ?



Le secret, c'est d'abord le côté sacré de la relation entre le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Ces deux pays sont intimement liés. Lors du dernier recensement de la population ivoirienne, il a été indiqué qu'il y a 4 000 000 de Burkinabè vivant en Côte d'Ivoire. Un pays où vous avez 4 000 000 de vos ressortissants, vous ne pouvez pas avoir une relation quelconque et vice-versa. Donc, c'est une relation particulière, une relation sacrée à protéger. Et politiquement, c'est assez important que les dirigeants des deux pays le comprennent. Les présidents Alassane Ouattara et Roch Kaboré l’ont bien compris. Et ils donnent des orientations nécessaires à leurs gouvernements respectifs pour non seulement consolider l'amitié et la fraternité mais aussi pour renforcer l'intégration entre les deux peuples.





Votre pays s’est doté d’un nouveau Code électoral le 30 juillet 2018, qui va régir les prochaines élections prévues pour 2020. Pour la première fois, les Burkinabè de l’extérieur prendront part à un vote dans leur pays ; ce que cette communauté salue d’ailleurs. Mais Monsieur le ministre, ce nouveau Code déchaîne des passions actuellement tant au Burkina Faso qu’à l’extérieur. Certains de vos compatriotes, surtout ceux vivant en Côte d’Ivoire dénoncent un Apartheid électoral, un recul grave pour la démocratie. Ils estiment que le rejet de la Carte consulaire est une mutilation du Code électoral à des fins électorales…N’avez-vous pas le sentiment Monsieur le ministre, d’avoir trahi des millions de Burkinabè vivant à l’extérieur ?





Non pas du tout. En fait ce qui a été dit est conforme à une disposition générale. Le principe d'une loi, c'est d'être équitable pour tous ceux qui sont visés par la loi. On a dit que pour le principe de base, les deux documents de vote sont la Carte nationale d'identité burkinabè et le passeport. La Carte consulaire est exclue parce que son obtention ne se fait pas dans les mêmes conditions que la Carte nationale d'identité burkinabè pour ceux qui sont nés à l'extérieur. C'est une loi qui s'est voulue équitable à l’endroit de tous les Burkinabè : des Burkinabè de l’extérieur comme ceux de l’intérieur. Si vous prenez un Burkinabè né à l'extérieur, pour l’obtention de la Carte nationale d'identité au Burkina, il lui faut présenter en plus de son acte de naissance, un certificat de nationalité s’il est né à l'étranger. Ça veut dire que pour qu'un Burkinabè né à l'étranger puisse voter au Burkina Faso, il lui faut faire la preuve de sa nationalité en ayant produit un certificat de nationalité, condition sine qua none pour qu'il puisse avoir une Carte nationale d'identité ou un passeport. Et cela n'est pas exigé pour la Carte consulaire. Si vous permettez de voter avec la Carte consulaire, c'est comme si un Burkinabè né en Côte d'Ivoire, s'il reste en Côte d'Ivoire peut voter sans avoir fait la preuve de sa nationalité alors que s'il traverse la frontière pour retourner chez lui au Burkina Faso, on lui demandera de faire la preuve de sa nationalité puisque là-bas, il va devoir voter avec la Carte nationale d’identité ou le passeport. Donc vous voyez la nuance. La nuance tient en cela. Donc, cela veut dire que tous ceux qui sont nés à l’extérieur, qu’ils soient revenus au Burkina ou qu’ils soient restés à l’extérieur, on leur demandera de faire la preuve de leur nationalité. C’est aussi simple que cela !



Ces Burkinabè de l’extérieur s’interrogent donc sur ce déni de la Carte consulaire où il est inscrit au dos dudit document : « la présente carte délivrée aux résidants en Côte d’Ivoire tient lieu de carte d’identité burkinabè ». Alors Monsieur le ministre, que leur répondez-vous ?



Il faut savoir que la Carte consulaire est une exigence de l'État d'accueil. Pour ce qui est en Côte d'Ivoire, c’est une exigence de l’État de Côte d’Ivoire qui veut faire la différence entre quelqu'un qui est simplement de passage et quelqu’un qui y réside et faire la preuve que telle personne qui est détentrice de la Carte consulaire réside sur place. Mais cette Carte consulaire tient lieu de document d'identité parce qu'elle permet aux Burkinabè qui résident en Côte d'Ivoire de pouvoir effectuer des opérations bancaires, de pouvoir s’abonner à une compagnie de téléphonie mobile, de pouvoir de circuler librement, de pouvoir voyager en toute quiétude...Mais cette Carte ne peut pas être un document de vote. L'obtention de cette Carte consulaire n'est pas soumise à une présentation du certificat de nationalité. Le Burkinabé qui quitte la Côte d'Ivoire et qui vient au Burkina, pour pouvoir voter, il lui faut avoir une Carte nationale d'identité et pour cela, il lui faut présenter un certificat de nationalité. Donc ce serait deux poids, deux mesures si on dit que celui qui reste en Côte d'Ivoire peut voter simplement avec la Carte consulaire et celui qui vient au Burkina Faso, il est obliger de voter avec une Carte nationale d'identité burkinabé.



La carte consulaire est-elle toujours valable ?



Absolument ! La Carte consulaire reste valable et c’est un document qui est authentique et qui est même biométrique. En tant que ministre des Affaires étrangères, j'insiste pour dire que la Carte consulaire est valable. Il faut donc faire la différence entre la Carte consulaire qui est un document exigé par l'État d'accueil, qui facilite les démarches administratives de nos concitoyens, qui est reconnu par les forces de sécurité ivoiriennes et les documents de vote qui sont la Carte nationale d'identité burkinabé et le passeport.

Quel est votre message à l’endroit de la diaspora burkinabè qui entrevoie déjà un complot électoral de la part du pouvoir à quelques mois des élections présidentielles…

Il n'y a pas de complot dans la mesure où le Président Roch Marc Christian Kaboré, dès sa prise de pouvoir, a réaffirmé sa volonté et sa détermination à faire voter les Burkinabè de l’extérieur en 2020. Il est sur cette lancée. Et 60 ans après l'indépendance du Burkina Faso, le Président Roch Kaboré sera le premier Président, avec le premier gouvernement, à faire voter les Burkinabè de l'extérieur. Tout le monde sait que les Maliens, les Sénégalais votent, les Guinéens votent, les Nigériens votent à l’extérieur…mais les Burkinabè de l’extérieur n’ont jamais voté. Je voudrais rassurer les uns et les autres que cette promesse sera tenue. Nous sommes en train de prendre des dispositions pour que le maximum de Burkinabè ait les documents d’identité valables permettant de voter. Maintenant il se pose la question des bureaux de vote. La loi a indiqué que ce sont dans les ambassades et les consulats généraux. Ça c’est la loi qui le dit et c’est le principe normal, mais ce sont les négociations avec le pays d’accueil qui peuvent permettre une multitude des bureaux de vote.
Commentaires