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Dr nayi zongo, cancerologue au chu-yo : « le cancer du sein, chez l’homme, est un mal qui existe et qui tue »

Publié le mercredi 8 aout 2018  |  Le Pays
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Incroyable selon certaines personnes. Mais hélas, c’est bien une réalité ! Et c’est d’ailleurs un mal qui représente 2,6% de l’ensemble des cancers du sein au Burkina Faso. Il s’agit du cancer de sein chez l’homme dont il est question dans cette interview. Beaucoup ignorent l’existence de ce cancer, mais le cancérologue au Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo, Dr Nayi Zongo, nous en parle. Lisez !



« Le Pays » : Recevez-vous, en consultation, des hommes souffrant de cancer de sein ?



Dr Nayi Zongo : Le cancer du sein chez l’homme est rare, mais nous recevons des patients souffrant de ce mal de façon régulière. Ce cancer représente 2,6% de l’ensemble des cancers du sein au Burkina Faso.



Comment peut-on définir ce mal ?



Le cancer du sein de l’homme est une prolifération maligne développée au dépens des éléments constitutifs du sein de l’homme. Sa rareté dans le sexe masculin, est rattachée à la pauvreté du tissu du sein de l’homme.



Depuis combien de temps le cancer du sein chez l’homme existe-t-il ?



Il existe depuis que l’homme lui-même existe. C’est sans doute sa rareté qui fait qu’on en parle moins.



Quelles sont les causes de ce mal chez l’homme ?



Les facteurs de risque ou facteurs favorisants sont multiples, mais nous pouvons retenir :

- l’âge : le risque de cancer de sein augmente avec l’âge. Dans le monde, l’âge moyen de sa survenue est de 50 ans pour le sexe féminin et de 60 ans pour le sexe masculin,

- la prédisposition familiale : le risque relatif augmente de 2 à 3 lorsque qu’un(e) parent (e) de premier degré (sœur, mère, fille, père, frère) est atteint d’un cancer du sein,

- l’hérédité : des familles à cancer du sein sont décrites. Elle est le plus souvent liée à une mutation génétique portant sur les gènes BRCA1 et BRCA2. Les personnes présentant la mutation ont un risque de plus de 85% de présenter un cancer au cours de leur vie. Ces cancers surviennent le plus souvent à un âge jeune.

- les antécédents de pathologies mammaires bénignes comme les nodules, les abcès…

- les troubles métaboliques : diabète, obésité,

- les facteurs alimentaires : l’allaitement trop gras et pauvre en résidu favorise la survenue de cancer du sein,

- les facteurs environnementaux

représentés surtout par les radiations ionisantes.

Il faut noter qu’aucun facteur n’entraîne à coup sûr la survenue du cancer du sein et que l’éviction d’un facteur ne protège pas à 100% contre le cancer du sein. D’où la nécessité du dépistage et du diagnostic précoce.

Comment se manifeste-t-il ?



Il n’y a pas de signes spécifiques et pathognomoniques du cancer du sein, mais les patients consultent en général pour :

- une mastodynie, c’est-à-dire une douleur au niveau des seins,

- une perception de masse (boule) mammaire,

- un état inflammatoire du sein.

Lorsque nous examinons un patient nu sous un bon éclairage, nous retrouvons le plus souvent :

- une asymétrie du sein en rapport avec une augmentation du volume d’un des seins,

- une voussure (tuméfaction) mammaire,

- une ulcération cutanée (plaie du sein),

- une rétraction du mamelon (mamelon enfoncé),

- une peau inflammatoire.



Y a-t-il une particularité d’homme qui souffre de cette maladie ?



Oui, le groupe le plus à risque est constitué par les hommes qui présentent les principaux facteurs de risque sus-décrits notamment l’obésité, la consommation d’aliments gras, l’hérédité et les facteurs environnementaux. Cependant, tout le monde peut présenter un cancer du sein, même sans facteur prédisposant apparent.



Comment le diagnostiquer ?



Ce sont les mêmes étapes diagnostiques que le cancer du sein de la femme. Il est suspecté devant les manifestations cliniques sus-décrites et les signes radiologiques et confirmé par l’examen anatomo-pathologique.



Le cancer de sein chez l’homme est-il connu du grand public ?



Le public est assez bien informé du cancer du sein de la femme. Cependant, beaucoup ignorent encore l’existence du cancer du sein de l’homme. Cette méconnaissance est liée à sa rareté.



Peut-on guérir du cancer du sein ?



Une rémission complète (guérison) peut être obtenue. Pour se faire, deux conditions doivent être remplies : un diagnostic précoce et un traitement adapté.



Quelles sont ses complications ?



Comme tous les cancers, les complications du cancer du sein de l’homme sont : l’envahissement local de la peau et de la paroi thoracique, des ganglions axillaires. Le cancer va envahir ensuite d’autres organes à distance (métastases) comme le foie, les poumons et, sans un traitement efficace, aboutir à la mort de l’organisme hôte.



Existe-il une prise en charge chez les patients qui en souffrent ?



Il existe un traitement similaire à celui du cancer du sein de la femme.

Le cancer du sein est considéré actuellement comme une maladie hétérogène à la fois locale et générale. Le traitement concerne :

- Un contrôle locorégional (chirurgie, radiothérapie),

- La prévention ou le traitement des métastases par un traitement systémique, (chimiothérapie, thérapies ciblées),

- La présence de récepteur aux œstrogènes et à la progestérone (RE, RP) fait de ce cancer une tumeur hormono-sensible (traitement hormonal).



Comment peut-on prévenir le cancer de sein chez l’homme ?



Comme le cancer du sein de la femme, il n'y a pas de prévention efficace. Cependant, un autoexamen régulier des seins par les hommes comme cela est déjà bien codifié dans le sexe féminin, permet un diagnostic précoce et améliore le pronostic.

Autres commentaires à faire ?



Il n’y a pas de campagne de dépistage systématique du cancer du sein de l’homme, à cause de sa rareté. Il faut faire de chaque consultation chez les plus de 50 ans une occasion de dépistage. Aussi, les hommes doivent prendre conscience qu’ils sont aussi exposés au cancer du sein, même s’il reste rare dans ce sexe.



Valérie TIANHOUN
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