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Sika Kaboré, épouse du chef de l’Etat :"Pour contrôler le cancer, il faut la détection précoce"

Publié le mercredi 8 aout 2018  |  Sidwaya
Mariage
© Présidence par DR
Mariage d’enfants au Burkina Faso : les femmes des 45 provinces font front commun contre le phénomène
Vendredi 19 janvier 2018 . Ouagadougou . L’épouse du Président du Faso, Madame Sika Kaboré a présidé l’ouverture de ce panel placé sous le thème : « lutte contre le mariage d’enfants au Burkina Faso : un défi commun pour la protection des droits de la fille et pour la promotion socio-économique des femmes ».Photo : Madame Sika Kaboré.
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L’épouse du chef de l’Etat, Sika Kaboré, a accordé une interview à Sidwaya, le dimanche 5 août 2018 à Ouagadougou, pour tirer les enseignements du séminaire de haut niveau sur le cancer tenu à Ouagadougou les 01 et 02 de ce mois.

Sidwaya (S.) : Vous êtes personnellement engagée dans la lutte contre le cancer au Burkina Faso à travers votre Fondation KIMI. Quel est le sens de cet engagement ?

Sika Kaboré (S.K.) : La Fondation KIMI existe depuis plus de 10 ans. A l’époque, c’était l’Association d’aide à la santé préventive. Notre objectif est de lutter contre la pauvreté. Nous avons pensé que nous pouvons, à travers la prévention, la sensibilisation des communautés, éviter un certain nombre de maladies. Nous pensons pouvoir aider à lutter contre la pauvreté en ce que, grâce à la prévention, les populations peuvent épargner sur les dépenses destinées à se soigner. Ce faisant, elles peuvent économiser et mettre cette épargne au profit d’activités beaucoup plus productives. C’est ainsi que nous avons commencé et ce, avec comme credo qu’il « vaut mieux prévenir que guérir ».

S : Environ 70% des décès dus au cancer surviennent dans les pays à faible revenu. Comment pouvez-vous expliquer cela?

S. K. : Pendant longtemps, l’on a pensé que le cancer était une maladie des pays riches. Alors qu’aujourd’hui, particulièrement en Afrique sub-saharienne, il touche plus de 500.000 personnes par an. Le cancer concerne tous les âges aussi bien les femmes, les hommes que les enfants. Il est la deuxième cause de mortalité dans le monde. Nous pensons que cette maladie augmente à cause de l’évolution de nos modes de vie, mais aussi en raison des pollutions environnementales auxquelles l’on ne fait pas attention. Un tiers (1/3) des décès sont consécutifs à des cancers causés par cinq facteurs principaux que sont l’obésité, l’alimentation pauvre en fruits et légumes, la sédentarité, le tabagisme et la consommation d’alcool. 25% des cancers sont liés à des infections. Si l’on prend le cas du cancer du col de l’utérus, il est assimilé à une maladie sexuellement transmissible parce qu’il est causé par un virus transmis par les rapports sexuels.
Dans nos pays, les taux de mortalité sont très élevés parce que les diagnostics sont tardifs. Lorsque les patients arrivent à l’hôpital, il est déjà trop tard, parce qu’il n’y a pas eu d’actions de prévention et de dépistage. Dans ce cas, la maladie a déjà évolué et le dispositif sur place pour traiter le cancer ne peut plus rien faire.

S : Un séminaire de haut niveau sur la lutte contre le cancer en Afrique s’est tenu les 01 et 02 août 2018 à Ouagadougou. Quelles ont été les conclusions de cette rencontre?

S. K. : Il faut savoir que l’objectif principal de cette rencontre sur la promotion de la sensibilisation à la lutte contre le cancer était d’informer et de donner une caisse de résonance à la prévention comme moyen principal de lutte contre le cancer. Il s’agissait de doter des premières Dames, venues à la tête des délégations des experts, d’outils nécessaires qui leur permettront de faire des plaidoyers dans leurs pays respectifs pour que la prévention soit prise en compte dans la lutte contre le cancer.

S : Qu’en est-il des recommandations issues de ce séminaire?

S. K. : Au terme du séminaire, nous avons abouti à l’adoption de quatre grandes recommandations, et de la Déclaration de Ouagadougou. Par cette déclaration, il s’agit essentiellement de fédérer l’engagement des parties prenantes pour mener de front la lutte contre cette pathologie qui fait beaucoup de victimes au sein de nos populations. Chaque Première Dame, dans son pays respectif, va renforcer son implication dans la lutte contre le cancer grâce aux outils dont elles ont bénéficiés. Il en sera de même pour le plaidoyer à faire, en faveur de la mobilisation de fonds de lutte contre le cancer, aussi bien au niveau national qu’international. Revenant sur les recommandations, la première porte sur l’adoption de programmes et de plans nationaux de lutte contre le cancer. Il faut mettre en place un plan ou un programme qui permette d’asseoir la stratégie dictant à chaque partie prenante de la lutte, le rôle à jouer. Ces parties prenantes sont l’Etat, les OSC (Organisations de la société civile), les associations, les communautés et les leaders d’opinion. La deuxième recommandation est celle relative à l’élaboration, l’adoption et l’application de lois spécifiques de lutte contre le cancer. Là également, il faut mettre en place l’arsenal de textes de lois et de décrets qui vont permettre de prendre en main la lutte contre le cancer. Il y a également des lois qui vont permettre aux populations d’aller vers les centres de santé sans avoir à l’esprit le problème financier. Nous pensons aux textes qui consacrent la gratuité de dépistage des cancers du col de l’utérus et du sein. La recommandation 3 porte sur la construction d’infrastructures dédiées à la cancérologie. Ces institutions construites et équipées mettront en œuvre des dispositifs qui permettront d’accueillir les malades du cancer, les dépister, les diagnostiquer et les prendre en charge. La recommandation 4 porte sur l’identification de tous les mécanismes pour lever les fonds au profit de la lutte contre le cancer. Vu l’ampleur des dégâts causés par cette maladie, nous devons appeler à une mobilisation, de la même façon que cela s’est fait pour le VIH Sida dans les années 1980.

S : En quoi l’implication des épouses des chefs d’Etat peut-elle être décisive dans la lutte contre la maladie?

S. K. : J’ai invité les premières Dames à venir à ce séminaire régional de haut niveau parce que, pour nous, c’était l’occasion de montrer que nous faisons cause commune contre ce fléau aussi bien au niveau régional qu’international. Là où aucune action n’est encore menée pour prévenir le cancer, nous pensons être désormais outillées pour faire le plaidoyer afin que chaque Etat prenne conscience de ce que cette maladie décime nos forces vives, raison pour laquelle les Premières Dames se mettent au premier plan en tant que leaders dans cette lutte contre le cancer. Ce séminaire était l’occasion également de faire un plaidoyer pour l’instauration d’une démocratie sanitaire. Nous pensons également que les premières Dames sont les mieux placées en tant que «mères» de la nation pour porter ce message de démocratie sanitaire qui va permettre aux populations de se déplacer et aller vers des pays africains où le plateau technique de prise en charge de cancer est complet. Nous comptons moins de dix centres de radiothérapie dans les 17 pays membre du groupe Afrique de l’OCI, alors qu’aujourd’hui, la radiothérapie constitue un des maillons de la prise en charge du cancer. Il s’est agi pour elles de défendre des populations des pays qui ne disposent pas encore de moyens techniques suffisants pour leur prise en charge. C’est ce que nous pouvons qualifier de diplomatie sanitaire.

S : Après cette rencontre, quelles sont les actions à entreprendre au niveau national et régional?

S. K. : Au niveau régional et dans nos Etats respectifs, il s’agit de veiller à ce que des mesures soient prises pour favoriser la sensibilisation des populations qui, elles-mêmes, sont parties prenantes de cette lutte. Au niveau des programmes d’activités des premières Dames, ce sont également des actions qu’elles devraient pouvoir prendre en compte.

S : Il a été estimé à plus de 5 000, le nombre de nouveaux cas de cancer enregistrés au Burkina Faso. Qu’est-ce qui peut concrètement être fait pour éradiquer ce fléau?

S. K. : Pour éradiquer ce fléau, nous pensons que la prévention, la détection précoce, et le traitement précoce constituent les trois axes majeurs autour desquelles nous devons nous concentrer. Au Burkina Faso, nos autorités sanitaires ont élaboré depuis 2013, un plan stratégique de lutte contre le cancer qui tient compte de ces axes et qui est mis en œuvre en partenariat avec les organisations non gouvernementales et les associations.

S : Quels sont les résultats engrangés par votre fondation dans la lutte contre le cancer?

S. K. : La Fondation KIMI, dès le départ, a compris que pour prévenir le cancer, il faut éduquer et sensibiliser. Il y a beaucoup de comportements alimentaires que nous adoptons qui ne sont pas bons et qui peuvent conduire au cancer. Il y a également des mauvaises habitudes que nous avons qui conduisent au cancer. Je prends par exemple le cas de l’alcoolisme. Il cause, et cela est connu, le cancer de foie. Il faut donc éduquer les populations afin qu’elles sachent que la consommation d’alcool et celles de boissons frelatées peuvent donner le cancer du foie. Nous savons également que le cancer du col de l’utérus est causé par un virus sexuellement transmissible. Il faut sensibiliser les populations aux bonnes habitudes pour éviter d’attraper ce virus. Nous luttons aussi contre le tabagisme, car nous savons qu’il cause le cancer du poumon. Là également, il faut sensibiliser les populations pour qu’elles évitent le tabac. Il y a également l’alimentation : il faut manger les légumes et éviter les viandes trop grasses. Nous ne disons pas que si vous vous en tenez à ce comportement, vous n’aurez pas de cancer, parce que la maladie est également génétique et cela est démontré. Nous faisons la promotion des avantages du dépistage pour amener les gens à se faire dépister pour que le cancer, s’il y a, soit découvert à sa phase naissante. En ce moment, vous pouvez vous soigner sans que cela n’entraîne de grosses dépenses. C’est en cela que le nom de la Fondation KIMI prend tout son sens à savoir «parapluie ou prévention» en langue dioula.

Interview réalisée par
Elélé KANTORO
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