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«Nous nous sentons acculés», Daouda Simboro de l’UPC/RD

Publié le mardi 7 aout 2018  |  Sidwaya
Daouda
© Le Pays par DR
Daouda Simboro, président du groupe parlementaire UPC RENOUVEAU DEMOCRATIQUE (UPC/RD)
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La dislocation du groupe parlementaire de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) à l’Assemblée nationale continue de faire le buzz. A la suite d’une plainte du « parti du lion », la justice a sommé, le vendredi 3 août 2018, le groupe parlementaire UPC-RD à ne plus utiliser les symboles (logo et nom) de l’UPC. Daouda Simboro, président dudit groupe de députés, donne sa lecture de la situation dans cet entretien, réalisé le lundi 6 août à Ouagadougou.

Sidwaya (S) : Comment avez-vous accueilli la décision de justice vous interdisant de tout usage des symboles de l’UPC ?

Daouda Simboro (D.S.) : C’est en mi-juin que l’UPC a référé une requête auprès du Tribunal de grande instance de Ouagadougou contre Daouda Simboro et 12 autres députés pour demander de nous interdire non seulement l’utilisation des symboles du parti mais aussi la mise en place des comités de soutien dans nos fiefs. En réalité, le parti s’est fondé sur une délibération de son bureau politique national pour nous demander de ne plus utiliser les symboles du fait que nous avons créé un groupe qui n’a pas reçu l’aval du parti. Aujourd’hui, c’est un premier verdict qui est tombé. Le référé c’est un jugement caractérisé par l’urgence et/ou l’évidence. Nous n’avons pas encore vu la décision du juge ni son argumentaire, encore moins la formulation exacte de la décision. Donc nous nous réservons de commenter ou de critiquer la décision du juge sans avoir reçu la notification de son ordonnance.

S. : Que feriez-vous si vous veniez à recevoir la notification du juge ?

D.S. : Naturellement, nous ferons appel de cette décision. En matière judiciaire, c’est la procédure. Lorsqu’un verdict tombe, il est soit favorable à une partie ou à une autre. Ainsi, dès lors que la décision va nous parvenir, tous les treize élus nationaux aviseront afin de faire appel de la décision.

S. : Regrettez-vous d’avoir créé un groupe parlementaire dissident ?

D.S. : Non. Malgré tout ce qu’on peut entendre, le groupe parlementaire UPC-RD est un outil de travail du parti au sein de l’hémicycle. Mais il convient d’apprendre aux gens à accepter la contradiction à l’intérieur d’un parti.

S. : Vous clamez toujours votre appartenance à l’UPC. Est-ce que vous participez aux activités de ce parti ?

D.S. : Nous avons toujours cherché à rencontrer le président du parti pour échanger. A titre d’exemple, dès la dernière semaine du mois d’octobre 2017, nous avons envoyé sept députés le rencontrer et partager notre vision. A cette occasion, nous l’avons rassuré que le groupe est un deuxième levier entre ses mains. Et que c’était à lui d’en faire usage à souhait. Mais contre toute attente, c’est une réaction d’égo que nous avons constatée, lorsqu’il a dit que ce groupe ne verra pas le jour. Or, nous avons tous contribué à faire du parti ce qu’il est. C’est dommage !

S. : Qu’est-ce qui justifie votre absence au dernier congrès de l’UPC?

D.S. : Ce congrès a mobilisé cinq mille militants conformément à ce qui a été communiqué à la presse. C’est peu.
Comprenez par-là, que beaucoup de militants n’ont pas pris part au congrès. Il y en a qui n’avaient pas le temps, d’autres empêchés et certains comme nous, demandaient des gages de sécurité avant de faire le déplacement.

S. : Mais pourquoi exiger une protection?

D.S. : On sait que des jeunes ont été manipulés depuis lors pour faire violence sur les députés membres de l’UPC-RD. Donc, si les conditions de sécurité ne sont pas réunies, il ne faut pas prendre le risque. Nous ne sommes pas en dehors du parti. Nous sommes toujours de l’UPC, mais dans certains cas on évalue le dispositif sécuritaire par rapport à sa propre personne.

S. : Ne craignez-vous pas de perdre vos mandats à la suite de la décision de justice?

D.S. : Non ! Ça n’a aucun rapport. Nous sommes a priori des députés nationaux. Et les textes à l’Assemblée prônent l’indépendance du député vis-à-vis de son parti. Donc, il est possible de ne pas suivre les injonctions du parti tant qu’elles ne sont pas dans l’intérêt des populations que nous représentons. Certes, on se présente sous la bannière d’un parti, mais cela ne veut pas dire qu’on devient l’esclave de ce parti. Ce serait un recul démocratique terrible et une attitude antirépublicaine regrettable si c’était le cas. Donc, il n’y a pas de rapport. Il y a actuellement six groupes parlementaires à l’Assemblée nationale, mais tous ne portent pas le nom d’un parti politique. Et nous estimons qu’à l’hémicycle, les groupes parlementaires les plus homogènes sont les groupes UPC-RD, UPC, MPP et CDP. Ces groupes ne sont pas hybrides et sont entièrement composés des députés de leur parti. RD n’étant pas un parti politique, les élus du groupe parlementaire UPC-RD représentent valablement l’UPC. Les textes de l’Assemblée nationale qui stipulent que dès lors que dix députés décident de créer un groupe parlementaire, ils peuvent le faire librement, ne dictent pas un nom ou une quelconque appartenance du groupe à un parti. Ce qui est sûr, la légalité de notre groupe a été établie sans problème et conformément à la loi. Nous sommes convaincus que le temps nous donnera raison, étant donné que le groupe travaille et participe à la vie de l’hémicycle. D’ailleurs, dans l’histoire de ce pays c’est la première fois qu’un parti politique de l’opposition dispose de deux groupes parlementaires à l’Assemblée. Et ça, c’est rentrer dans l’histoire politique du Burkina Faso à jamais. UPC-RD, c’est sous cette terminologie que le monde entier et la presse nous ont découverts et on compte garder l’appellation.

S. : Comment allez-vous vous adapter à l’astreinte de 100 mille francs CFA par jour imposée par le tribunal en cas de non-respect de la décision ?

D.S. : Ce que la population ne sait pas est que dans la requête de l’UPC, il était demandé au groupe, la somme de 10 millions francs CFA par jour de retard. Et le tribunal a décidé de la somme de 100 mille francs CFA. Certes, nous nous sentons acculés et bousculés mais nous avons toujours agi avec pondération et justesse. Cette fois-ci, nous allons prendre des décisions qui vont faire prospérer le droit et la justice. Et ce, en toute responsabilité. Quand nous allons recevoir la décision, nous verrons s’il y a lieu d’obtempérer ou non.

Propos recueillis par Wanlé Gérard COULIBALY
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