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Issa Benjamin Baguian, DG de l’APEX Burkina

Publié le jeudi 2 aout 2018  |  Sidwaya
Conférence
© aOuaga.com par A. O
Conférence de presse sur la Foire Internationale Multi sectorielle de Ouagadougou( FIMO )
Ouagadougou. Le comité d`organisation de la conférence de presse sur la Foire Internationale Multi sectorielle de Ouagadougou( FIMO ) qui aura lieu du 27 au 5 novembre 2017 a été installé ce matin. Photo: DG de l`APEX Isac-Baguian
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L’Agence pour la Promotion des exportations du Burkina (APEX-Burkina) ex-Office national du commerce extérieur reste toujours méconnue de son public-cible. Pourtant, cette innovation s’est opérée grâce à la volonté des autorités du Burkina Faso d’améliorer l’efficacité de cette structure en charge de la promotion des exportations. Dans un entretien qu’il nous a accordé, le directeur Général de l’APEX-Burkina, Issa Benjamin Baguian, nous présente sa structure et nous fait une lecture de l’état des échanges commerciaux du pays des Hommes intègres.

Sidwaya (S) : Comment est née l’Agence pour la promotion des exportations du Burkina (APEX-Burkina) ?

Issa Benjamin Baguian (I.B.B.) : Les origines de la création de l’APEX-Burkina remontent dans les années 1974 où, à la suite d’une étude sur la balance commerciale, on a constaté que le Burkina Faso n’exportait pratiquement pas. C’est ainsi que les autorités de l’époque ont décidé de la création d’une structure qui allait développer et promouvoir les produits et services burkinabè à l’étranger dans le but d’améliorer la balance commerciale, d’où la création de l’Office national du commerce extérieur (ONAC). L’ONAC avait une double mission qui était de promouvoir les exportations et de rationaliser les importations. Ce qui n’était pas la mission classique d’un Office de promotion des exportations (OPE). Il a fallu donc recentrer sa mission, adopter de nouveaux statuts et un nouvel organigramme. Aussi, une nouvelle dénomination s’imposait, en conséquence l’Office national de commerce extérieur (ONAC) s’est mué en Agence pour la promotion des exportations du Burkina (APEX-Burkina) et cela s’est opéré en 2011.

S. : Quelles sont les missions de l’agence ?

I. B. B. : La mission principale de l’APEX-Burkina est de promouvoir et de développer les échanges commerciaux entre le Burkina Faso et les autres pays à travers la recherche de marchés porteurs et le positionnement stratégique des produits d’exportation sur ces marchés.

Elle se décline en trois actions principales : l’appui conseil aux entreprises, les formations sur les techniques et pratiques du commerce international, l’organisation et la participation aux manifestations commerciales.
De façon spécifique, nous faisons la collecte, le traitement et la diffusion de l’information commerciale. Il s’agit des informations dont les exportateurs ont besoin pour la réalisation de leurs transactions commerciales. Au niveau national, il s’agit d’identifier le potentiel exportable, la capacité de production, mais aussi la qualité des produits. Il y a aussi l’identification des exportateurs ainsi que leur niveau par filière. Sur le plan international, nous identifions les produits que nous avons et nous recherchons les pays qui les consomment. A partir de ce moment, nous pouvons entreprendre des actions pour conquérir ces marchés. Nous signons aussi des accords de coopération entre l’APEX-Burkina et les structures homologues et partenaires des autres pays pour faciliter les échanges.
Une activité non moins importante que nous menons, est l’organisation et la participation du Burkina Faso aux foires et salons à l’échelle nationale et internationale. Ces manifestations commerciales sont des lieux et des opportunités de mise en relation avec des acheteurs professionnels, des lieux d’échanges et de présentation des produits et services en vue de nouer des partenariats commerciaux.
Au plan national, l’APEX-Burkina organise régulièrement la Foire internationale multisectorielle de Ouagadougou (FIMO) qui est une manifestation commerciale que nous voulons positionner comme celles des foires de Lomé, Dakar ou d’Accra.
L’une des innovations introduites dans les nouveaux statuts de l’APEX-Burkina est la création d’un mécanisme de soutien à la promotion de l’exportation qui permettra à l’APEX-Burkina d’accompagner les acteurs en termes de formation, de participation aux manifestations commerciales, à l’adaptation des produits, à la certification pour être compétitifs.

S : L’une de vos missions est la collecte et la diffusion de l’information économique et commerciale. Avez-vous l’impression que cette information est utilisée par les acteurs du commerce ?

I.B.B. : Vous savez qu’une information est utilisée quand elle a un intérêt. Lorsque nous diffusons par exemple la liste des foires et salons chaque année, les acteurs utilisent ces informations pour préparer, planifier leur participation. Nous diffusons des informations statistiques sur la production nationale, sur les importations et sur les exportations. Nous diffusons la réglementation en matière d’exportation. L’APEX-Burkina dispose d’une documentation commerciale qui est utilisée par les acteurs, les étudiants, les cabinets d’études pour les analyses. Nous avons aussi un site internet qui est fréquenté. Il s’agit de et www.facebook.com/apexburkina.
Mais nous devons reconnaître que toutes ces actions ont besoin d’être améliorées pour un accompagnement efficient et efficace des exportateurs. L’APEX-Burkina, de concert avec les structures d’appui au secteur privé travaille à mettre en place un système d’informations fiables qui permet la prise de bonnes décisions.

S. : A ce jour, quel est le niveau des échanges commerciaux entre le Burkina Faso et le reste du monde ?

I.B.B. : Les statistiques officielles à notre disposition indiquent que le Burkina Faso a intensifié ses échanges commerciaux avec le reste du monde ces dernières années. Le volume global des échanges de marchandises, qui totalise les importations et les exportations, s’est chiffré à 3 464 milliards de FCFA en 2016 contre une valeur de 3 053,5 milliards de FCFA en 2015, soit un accroissement de 11,8%.
Sur la période 2012-2016, l’accroissement annuel moyen du volume global du commerce des marchandises a été de 4,8 %.
Le pays a enregistré de bonnes performances à l’exportation ces dernières années. Les exportations se sont chiffrées à 1 490,9 milliards de FCFA en 2016 contre 1 287,6 milliards de FCFA en 2015, soit une hausse de 13,6%.

S : Quels sont les produits qui ont contribué à cette performance ?

I.B.B. : Les principaux produits exportés du Burkina Faso sont l’or, le coton, qui font à eux seuls 80% de la valeur des exportations. Ensuite nous avons le sésame, l’anacarde, le Karité, la mangue, le bétail- viande, cuirs et peaux, l’oignon et la tomate.

S. : Quels sont les principaux clients du Burkina Faso ?

I.B.B. : Pour ce qui est des destinations de nos exportations, nous avons en Europe, la Suisse pour l’or et le coton, les pays Bas ; pour la mangue séchée et le karité ; la France pour le coton, et le beurre de karité. En Asie nous avons l’Inde, Singapour, le Japon pour le coton, le sésame et l’anacarde,
En Amérique nos relations se développent avec les Etats Unis d’Amérique, le Canada pour l’anacarde et le beurre de karité. En Afrique, nos principaux partenaires commerciaux sont la Côte d’Ivoire, le Ghana, et le Nigeria pour le bétail/viande, la tomate et l’ognon.

S. : Qu’est-ce qui justifie le faible taux des échanges commerciaux de l’Afrique en général et du Burkina Faso en particulier, dans le commerce international ?

I.B.B. : De façon générale, il y’a un problème de compétitivité des produits burkinabè. Le faible niveau d’industrialisation fait que la plupart des pays africains exportent de la matière première. Nous avons le cas du coton, du sésame, de la tomate, du bétail etc. chez nous. Nous produisons des matières premières que nous exportons et ces matières premières sont transformées à l’extérieur et nous reviennent en produits finis. Je pense qu’avec la politique d’industrialisation que les pays africains ont entamée, il y a une forte chance qu’il y ait du progrès mais c’est un processus.

S. : Quels sont les défis que l’APEX-Burkina doit relever pour une meilleure promotion des produits burkinabè à l’extérieur ?

I.B.B. : Les défis de l’APEX-Burkina sont à plusieurs niveaux. Il faut que nous disposions de ressources financières et humaines appropriées parce que la promotion coûte chère. Nous travaillons à la recherche de partenaires techniques et financiers pour accompagner les efforts de l’Etat dans le financement des exportations. Pour la promotion des exportations, il faut des ressources humaines spécialisées dans le commerce international. Il faut avoir une bonne connaissance du secteur du commerce international pour encadrer les acteurs. Les cadres de l’Agence doivent être des formateurs et des spécialistes avisés dans la promotion des exportations. L’idéal est que l’APEX-Burkina dispose de spécialistes par filière porteuse. Ces derniers temps, des efforts ont été consentis pour recruter du personnel qualifié.

La diversification des produits et des marchés constitue également un grand défi que l’APEX-Burkina doit relever. Nous ne devons pas dépendre uniquement de deux ou trois marchés car une fois qu’il y a des difficultés sur ces marchés, cela entraîne une baisse de nos exportations.

Aussi, accompagner les exportateurs aux foires et salon est une chose, mais les aider à réaliser les commandes obtenues lors des manifestations commerciales est une autre chose. Nous sommes en train de nous déployer pour un suivi des manifestations commerciales jusqu’à la réalisation des transactions pour nous assurer que les commandes ont été bien exécutées. Cela nous permettra d’avoir aussi des chiffres très précis sur les devises engrangées.

S. : Quelles sont vos perspectives ?

I.B.B. : Pour faire connaître nos produits, nous avons identifié un certain nombre de pays où nous voulons créer des vitrines de produits exportables. Ces vitrines permettront de faire connaitre les potentialités d’exportations du Burkina Faso dans les pays ciblés. A cet effet, nous avons des demandes de création de vitrines au Nigeria, au Canada, au Japon. Il y a aussi la Chine continentale avec qui nous venons de renouer des relations diplomatiques. C’est un grand marché et il est important que nous puissions aller vers ce pays pour présenter le potentiel exportable de notre pays.

Il existe un référentiel en matière de promotion des exportations en cours d’adoption, qui est la Stratégie nationale de promotion des exportations avec des axes stratégiques sur lesquels nous allons nous appuyer, de concert avec les structures d’appui telles que la Chambre de commerce, le Conseil burkinabè des chargeurs, l’Agence burkinabè de la normalisation (ABNORM) l’Agence burkinabè des investissement, le cadre intégré renforcé etc.

Le volet formation des acteurs est aussi à prendre en compte dans l’amélioration de nos performances sur le marché international. Il est important que nos exportateurs maîtrisent les techniques et pratiques du commerce international pour être compétitifs. A cet effet, l’APEX-Burkina a entrepris d’organiser des formations sur les chaînes de valeurs, la fixation de prix à l’exportation, les moyens de paiement, la contractualisation, les meilleures moyens pour réussir sa participation aux foires et aux salons, la certification et la démarche qualité, les documents exigés à l’exportation etc.

Afin de mettre à la disposition des acteurs un service différencié, nous avons entrepris l’élaboration d’un répertoire catégorisé des exportateurs car les besoins d’accompagnement diffèrent d’un exportateur à un autre. Ce répertoire nous permettra de mettre à la disposition des acheteurs, de nos ambassades et consulats, une liste fiable d’entreprises rompues aux tâches d’exportation.

S. : En mars dernier, les pays africains ont adopté la Zone de libre-échange continentale africaine. Quel est l’intérêt d’une telle initiative pour les Africains dans un contexte marqué par un faible taux d’échange entre Etats ?

I.B.B. : Tout d’abord, il faut saluer la signature de l’accord sur la Zone de libre-échange continentale le 21 mars 2018 à Kigali. Cet accord vise principalement à réduire les obstacles au commerce, promouvoir et intensifier les échanges commerciaux et intra africains. La levée de ces barrières aura donc pour effet de stimuler les secteurs d’activités non encore exploités par certains pays africains. Ainsi la ZLEC procurera des emplois et des richesses ce qui contribuera de façon appréciable à réduire la pauvreté, à créer des emplois et à promouvoir l’égalité
Elle ambitionne également de couvrir le commerce des marchandises, des services, l’investissement, la politique de la concurrence et la défense des droits de propriété intellectuelle. Donc, une bonne base pour la poursuite de la transformation structurelle inclusive des économies africaines. Cependant la libre circulation des biens et des personnes à une échelle continentale nécessitera de véritables réformes en matière d’infrastructures ainsi que de nombreux ajustements juridiques institutionnels économiques et politiques au sein de l’Union africaine.

S. : Comment un tel projet peut avoir des effets sans l’adhésion des premières puissances économiques du continent comme le Nigeria ?

I.B.B. : Le Nigeria a certainement ses raisons pour ne pas y aller. Mais quel que soit votre puissance, je ne sais pas si vous pouvez rester à l’écart longtemps, face à ce projet. Je ne maîtrise pas les raisons, mais je me dis que si dans l’application il se trouve que les craintes du Nigeria sont levées, il devrait pouvoir revenir. Il faut reconnaître que c’est un pays économiquement important et le laisser à côté, vu sa population aussi, c’est une part importante qui est écartée.

S. : Avez-vous un dernier message ?

I.B.B. : L’Agence pour la pour la promotion des exportations est disposé à accompagner tous ceux qui veulent se lancer dans l’exportation, à réussir parfaitement leurs opérations commerciales. Beaucoup ont connu l’ONAC et pensent que cette structure qui les assistés autrefois n’existe plus. Bien au contraire, elle a été restructurée pour la rendre plus opérationnelle dans l’appui des exportateurs. Je tiens donc à remercier les éditions Sidwaya de s’être déplacé vers nous afin d’éclairer la lanterne des opérateurs économiques burkinabè. La presse constitue pour nous un dispositif important pour nous aider à communiquer efficacement afin de permettre aux exportateurs de mieux utiliser leur structure de promotion.

Entretien réalisé
par Joseph HARO
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