Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Opération de retrait des personnes vivant en rue : le syntas dénonce une « publicité politique »

Publié le samedi 28 juillet 2018  |  Le Pays
Les
© aOuaga.com par A.O
Les premiers responsables du Syndicat des travailleurs de l`Action sociale (SYNTAS) ont animé une conférence de presse le 1er mars 2016 à Ouagadougou
Comment


Le Syndicat des travailleurs de l’Action sociale (SYNTAS) et le Comité de la confédération générale du travail du Burkina (Comité CGT-B) de l’ex-MPFG ont animé une conférence de presse le 26 juillet 2018 à Ouagadougou, pour alerter l’opinion publique sur l’opération de « retrait des personnes vivant en rue » et la gouvernance du ministère de la Femme, de la solidarité nationale et de la famille. Une volonté manifeste d’embrigadement des travailleurs et une véritable cabale contre les personnes vivant en rue, de l’avis des conférenciers qui pensent qu’il faut s’attaquer aux causes profondes du phénomène et non s’attaquer aux personnes.


Pour les conférenciers, l’opération de retrait des « personnes vivant en rue » intervient dans un contexte marqué par une volonté manifeste d’embrigadement des travailleurs qui est le style de management du ministre de la Femme, de la solidarité nationale et de la famille, Laurence Ilboudo Marschal, depuis son arrivée à la tête du ministère. Ils en veulent pour preuve la quantité de lettres d’explication adressées aux travailleurs ayant fait les grèves. Cela, de leur point de vue, est une façon de les empêcher d’exprimer leur préoccupation, une volonté de les museler ou de les bâillonner.

Ce qui affecte la sérénité du climat de travail. L’opération de retrait des enfants et des femmes en situation de rue est perçue par les syndicalistes comme une véritable cabale contre ces derniers, les enfants en situation de rue notamment, parce que cela viole royalement les principes d’intervention en éducation spécialisée, en plus d’ignorer le protocole d’intervention éducative en milieu ouvert et de bafouer l’éthique en travail social, tout en niant aux enfants concernés le droit à la participation dans les domaines qui les touchent. Pire, le jeu de provocation d’une présence policière, selon les conférenciers, ne peut qu’engendrer des dérapages et éventuellement une escalade de la violence contre les personnes vivant en rue. Pour ces raisons, l’opération de retrait est inappropriée, selon eux. Leur conviction : les travailleurs sociaux sont le tampon entre la société et les personnes en situation de rue.

Le phénomène des personnes vivant en rue est complexe et ne se résout pas dans la précipitation ou dans l’urgence tel qu’envisagé par le ministère de la Femme, de la solidarité nationale et de la famille. Rompre la confiance entre les travailleurs sociaux et les enfants en situation de rue, c’est amener un nouveau paradigme d’intervention qui n’est pas maîtrisé, selon Abdoulaye Ouédraogo, attaché d’éducation spécialisée, un des conférenciers. Quid des handicapés en situation de rue et des femmes avec ou sans enfant qui mendient ? Il faut, dit-il, de la stratégie pour eux. L’entrée en rue est un processus et non un fait spontané, ajoute-t-il. L’autorité croit qu’elle peut résoudre le problème en faisant un balayage, selon lui. Même si par extraordinaire, on ramassait toutes les populations en situation de rue, si on ne résoud pas les causes qui les amènent dans

la rue, des personnes dans les familles viendront dans la rue, foi de Abdoulaye Ouédraogo.

L’opération de retrait, une opération commando

L’opération de retrait, au résultat, va être catastrophique, selon lui. Il cite l’exemple du Sénégal qui a expérimenté cette opération de retrait où les enfants sont entrés dans une logique de résistance. Cela est un danger pour la vie sociale, à l’entendre. Pour le secrétaire général du SYNTAS, Juste Koumara Logobana, et ses camarades, il faut mettre les ressources nécessaires, utiliser les méthodes et les compétences appropriées et s’attaquer aux causes du phénomène au lieu de vouloir enlever des enfants et les « parquer » dans des sites inconnus.

L’opération de retrait est, à leurs yeux, une option « charlatanesque et mystificatrice » mise en selle par les autorités, là où des méthodes éprouvées existent à cet effet. Les conférenciers déplorent le pilotage à vue et le manque criard de ressources face à un phénomène qu’ils estiment préoccupant, avec le risque élevé que l’on déplace le problème à travers l’option de résolution choisie. Jean-Baptiste Badolo, l’un des conférenciers, prône le principe de la libre adhésion de l’enfant à ce qui lui est proposé alors qu’on veut retirer les enfants de gré ou de force de la rue, avec le risque que ceux-ci disparaissent dans la nature, puisque pour Jean Baptiste Badolo, inspecteur d’éducation des jeunes enfants, présent à la conférence de presse, l’autorité fait une publicité politique qui jette un discrédit professionnel sur les travailleurs.

L’opération de retrait des enfants en situation de rue n’a pas requis les ressources nécessaires, selon les conférenciers qui dénoncent et rejettent les réponses culpabilisant les personnes en situation de rue dont le sort est tributaire de la mal gouvernance. C’est une opération commando, selon l’inspecteur Badolo pour qui, toutes les opérations commando, dans l’histoire du Burkina, ont été des opérations de façade, techniquement sans effet, sauf pour la publicité politique ; laquelle est pourtant un discrédit professionnel pour les travailleurs. Les conférenciers tiennent l’autorité pour responsable de toutes les dérives qui découleront de cette opération et invitent l’ensemble des travailleurs à se départir de toute attitude non professionnelle.

Lonsani SANOGO
Commentaires