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Changement a la tête de la force du G5 Sahel

Publié le vendredi 20 juillet 2018  |  Le Pays
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© Autre presse par DR
Le nouveau dirigeant du G5 Sahel. M. Hamena Ould Sidi
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Le nouveau commandement n'a pas droit à l'erreur

Le Général de division malien, Didier Dacko, en poste depuis un an, a passé, il y a de cela quelques jours, le bâton de commandement de la force du G5 Sahel à son homologue mauritanien, Hamena Ould Sidi, qui sera assisté par le Tchadien Oumar Bikimo Jean. La décision du débarquement avant-port de l’officier supérieur malien et de son adjoint, le Burkinabè Yaya Séré, a été prise le 2 juillet à Nouakchott, en Mauritanie, lors de la rencontre en marge du sommet de l’Union africaine (UA) entre les chefs d’Etat du G5 Sahel et le président français, Emmanuel Macron. En effet, on reproche à l’ancienne équipe des erreurs de commandement lors de l’attaque du Quartier général de Sévaré par un groupe terroriste et de celle perpétrée, il y a peu, contre une patrouille conjointe menée par la force française Barkhane et les Forces armées maliennes (FAMA) et qui se sont soldées par plusieurs morts.

Les motifs invoqués pour casser le tandem Dacko-Séré ne sont qu’un prétexte destiné à maquiller des mobiles plus profonds

Dans le réquisitoire contre l’ancien commandement du G5 Sahel, l’on retrouve aussi la tuerie de civils par des éléments liés à l’armée malienne, à Boulikessy. Mais la question que l’on peut se poser est de savoir si l’on n’a pas fait que déplacer le problème.

En effet, les attaques qui ont offert le mobile au limogeage du général Didier Dacko et de son adjoint, ne sont pas seulement une question d’hommes. « Ce n’est pas, dit-on, en cassant le thermomètre que l’on fera baisser la fièvre ». Le problème auquel il faut s’attaquer est ailleurs. L’on peut évoquer, entre autres, la lenteur dans l’opérationnalisation de la force du G5 Sahel qui offre des espaces de liberté aux nombreux groupuscules terroristes qui écument la bande sahélo-saharienne, la faiblesse du renseignement et l’insuffisance des équipements, l’absence d’une vraie coopération avec les populations locales sans oublier l’imbroglio socio-politique au Centre et au Nord maliens, qui sert de terreau fertile à toutes sortes d’exactions. C’est pourquoi l’on est en droit de penser que les motifs invoqués pour casser le tandem Dacko-Séré ne sont qu’un prétexte destiné à maquiller des mobiles plus profonds, qui peuvent se résumer essentiellement à la sourde rivalité qui oppose les différents Etats membres du G5 Sahel.

En effet, la posture du président tchadien, Idriss Deby, qui a toujours considéré les armées malienne, burkinabè et nigérienne comme les ventres mous de la lutte contre le terrorisme, est connue de tous. Surfant sur les victoires de son armée au Mali, au Niger et au Nigeria, Deby qui s’est taillé la stature de guerrier du Sahel, a toujours considéré que le commandement du G5 Sahel revenait de droit à son pays. Par ailleurs, l’on a aussi l’impression que la Mauritanie, jusque-là, très timide dans l’aventure de la force du G5 Sahel, marchandait son adhésion. C’est en raison de tout cela, que l’on peut dire que l’équipe du Général Dacko a été sacrifiée sur l’autel des intérêts divergents des Etats parties prenantes à la force du G5 Sahel.

Cela dit, quelles que soient les raisons officielles ou officieuses du renvoi comme des malpropres des officiers

malien et burkinabè, l’instabilité à la tête de la force du G5 Sahel ne donne pas de bons signes. Car, non seulement le G5 Sahel fait preuve de fébrilité, mais il donne aussi l’impression de jouer le jeu des groupes terroristes qui trouvent leur intérêt dans tout ce qui entrave la bonne marche de l’institution et retarde sa montée en puissance.

Une chose est d’avoir les hommes qu’il faut, une autre est de leur donner les moyens

Pire, ces ingénieurs du mal peuvent se sentir galvanisés par ce pouvoir qu’on leur donne de faire et défaire les commandements de la force.

En tout cas, le nouveau couple qui prend le commandement de la force du G5 Sahel, sait désormais à quoi s’en tenir. Il n’aura pas droit à l’erreur et a l’obligation de résultats. Et il faut le dire, il en a les moyens. Car, en plus de bénéficier du soutien des nations les plus fortes militairement dans l’espace sous-régional, les deux officiers qui ont été installés dans leurs nouvelles fonctions il y a quelques jours, ont des parcours très éloquents. Le nouveau commandant a dirigé dans son pays les renseignements militaires, un domaine dans lequel la force du G5 Sahel a de nombreuses lacunes. Quant à son adjoint, le Général de Division Oumar Bikimo, il est l’une des figures majeures de l’armée tchadienne. Plusieurs fois Chef d’Etat-major, il a été le commandant du contingent tchadien en Centrafrique lors de l’intervention militaire régionale en 2006-2007 puis en 2008 et 2013. Mieux, il connaît très bien le Mali où il a été le commandant des forces tchadiennes déployées en 2013 dans le cadre de la lutte contre les groupes islamistes et a été aussi chef adjoint des forces onusiennes de la MINUSMA en 2014-2015. On peut donc s’attendre à ce que le changement intervenu apporte du nouveau. Et c’est tant mieux !

De toute évidence, une chose est d’avoir les hommes qu’il faut, une autre est de leur donner les moyens pour qu’ils soient à la hauteur de la tâche qui leur est confiée. Et c’est véritablement là qu’il y a urgence à agir. A défaut, la nouvelle équipe risque de connaître le même sort que la précédente car, comme le dit la sagesse populaire, «la plus belle femme du monde ne peut donner que ce qu’elle a».
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