Richard Karzoum Ouédraogo est le directeur de l’Agence de formation, d’études et de réalisation (AFER). Courant juin, il a conduit une étude sur l’implication des femmes dans les mines au Burkina et est arrivé à la conclusion que celles-ci sont faiblement représentées dans le domaine. Dans cet entretien, il estime qu’une étude sur les jeunes dans le secteur de l’orpaillage et de l’exploitation semi-industrielle serait une approche intéressante.
Sidwaya (S.) : Quelles sont les activités menées par l’agence que vous dirigez ?
Richard Karzoum Ouédraogo (R.K.O.) : Notre agence dispose de 3 départements : une composante formation, une autre qui a pour activité principale, la conduite des études et le dernier département qui s’occupe des réalisations et des suivis et contrôle des travaux.
Nous sommes une jeune équipe qui travaille depuis pratiquement plus de 5 ans et nous avons des collaborateurs qui sont des consultants et des partenaires fidélisés, avec lesquels nous tentons de répondre aux attentes de nos partenaires, notamment ceux qui nous font confiance en nous confiant l’exécution des études ou des travaux.
S. : Dans cette dynamique, vous avez conduit une étude sur l’implication des femmes dans les mines au Burkina Faso. Quels étaient les objectifs poursuivis ?
R. K. O. : Il faut rappeler que cette étude s’inscrit dans le contexte actuel de la promotion minière. Depuis un certain nombre d’années, le Burkina connaît une croissance significative de l’exploitation minière. C’est dans ce cadre que le Secrétariat permanent de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (SP/ITIE) a initié une étude, pour vérifier la participation des femmes dans le secteur minier industriel. Nous avons été commis pour réaliser cette étude qui a été financée par le Programme d’appui au développement du secteur minier.
Les objectifs qui étaient assignés à l’étude, étaient de vérifier le taux de participation des femmes dans ce secteur, au niveau de l’administration minière et des sociétés minières et de faire aussi des propositions pour améliorer l’implication des femmes dans le secteur minier industriel. L’étude a concerné le secteur minier industriel. C’est-à-dire que le domaine semi-industriel et l’orpaillage n’ont pas été pris en compte et l’étude est parvenue aux conclusions que les femmes étaient peu représentées dans le secteur minier industriel, et qu’il y avait très peu de filles qui s’orientaient dans les filières scientifiques. Parmi ces filières, il y a l’ingénierie civile et l’ingénierie minière, qui leur permettent d’être recrutées soit dans l’administration minière, soit dans les sociétés minières.
S. : Et quelles sont les autres conclusions auxquelles vous êtes parvenus ?
R. K. O. : L’étude a proposé des formules pour améliorer l’accès des femmes aux sociétés minières, et cela à travers l’encouragement des jeunes filles, en leur octroyant des bourses, pour les inciter à s’orienter dans les filières scientifiques. Egalement, il y a une recommandation qui a été faite à l’endroit des sociétés minières, visant à leur demander de créer des conditions incitatives à l’intégration des femmes dans les sociétés minières. Il y a aussi une recommandation très forte qui a été faite et qui demande au SP/ ITIE de poursuivre l’étude en permettant des investigations au niveau du secteur semi-industriel et au niveau de l’orpaillage, pour qu’on puisse parvenir à faire les constats et également faire des propositions pour améliorer la participation des femmes dans tout le secteur minier au Burkina Faso.
S. : On suppose que certaines recommandations s’adressent au gouvernement ?
R. K. O. : Pour l’octroi des bourses aux filles pour leur permettre de s’orienter dans des filières scientifiques, le ministère des Enseignements secondaire et supérieur est interpellé . Egalement, il faut permettre à l’étude de se poursuivre dans les secteurs semi-industriel et de l’orpaillage. Cela interpelle également le ministère des Mines et de l’Energie. Donc en quelque sorte, le gouvernement se reconnaît un peu dans ces recommandations qui ont été faites. Naturellement, leur mise en œuvre lui incombe.
S. : De nombreux jeunes se retrouvent dans le semi-industriel et l’orpaillage, dans un environnement pas toujours sain. N’ya t-il pas lieu de mener aussi une étude sur la présence de cette frange de la population dans ces secteurs ?
R. K. O. : Cette question est très pertinente, mais nous, en tant que bureau d’étude, je crois que nous sommes un peu mal placés pour répondre à la question, étant donné que nous n’avons fait qu’exécuter. C’est le gouvernement qui prend l’initiative de demander que l’on fasse des investigations dans tel ou tel domaine. La question est effectivement d’intérêt, dans la mesure où l’on s’intéresse à l’implication des femmes dans le secteur minier. Il devrait être tout fait normal que l’on jette un coup d’œil en ce qui concerne la participation des jeunes qui constituent la grande majorité de notre population et qui cconnaissent un taux de chômage très élevé dans notre pays. Mais je répète que cela concerne plus le SP/ITIE ou encore le ministère des Mines et de l’Energie.