Le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation organise du 12 au 14 août 2013 à Ouagadougou, des journées de réflexion sur les foyers coraniques. Il va s’agir pour les participants de trouver les voies et moyens pour une meilleure prise en compte de l’enseignement coranique dans le système éducatif du Burkina Faso.
Réfléchir aux stratégies en vue de sortir l’enseignement coranique de son exclusion du système classique, tel est le défi que le ministère de l’Education nationale et de l’Alphabétisation entend relever en organisant du 12 au 14 août 2013, les journées de réflexion sur les foyers coraniques. C’est la raison pour laquelle, durant 72 heures, les participants venus des différentes régions du Burkina vont réfléchir sur : « La problématique des foyers coraniques : enjeux et perspectives pour leur prise en compte dans le système éducatif du Burkina Faso ». Pour le représentant du maire de la commune de Ouagadougou, Isidore Bougouma, la tenue de la présente rencontre traduit l’intérêt que portent les acteurs de l’éduction pour le sous-secteur de l’éducation non formelle en général et pour la problématique des foyers coraniques en particulier. Pour lui, si les foyers coraniques ont pour mission de permettre aux talibés d’apprendre et de mémoriser le Coran, de nos jours, il est nécessaire que les programmes de formation soient aménagés pour mieux contribuer à la lutte contre l’analphabétisme et à la formation de citoyens dotés de plus de potentialités d’auto-prise en charge. C’est pourquoi, il est convaincu que les présentes journées de réflexion vont les situer sur les orientations à prendre pour y parvenir. Selon le représentant de Sa Majesté le Moogho Naaba Baongo, parrain de ces journées, le Samandin Naaba Koanga, l’organisation du forum sur la question des écoles coraniques témoigne de la volonté du ministère en charge de l’éducation nationale de n’exclure aucun enfant du système éducatif. Reprenant la citation de l’Imam Ali (un des compagnons du Prophète) qui a dit : « donnez à vos enfants une éducation différente de la vôtre, ils sont faits pour un monde différent du vôtre », le représentant du roi des Mossé souligne la nécessité de permettre aux talibés d’avoir accès aux savoirs de l’école occidentale. De ce fait, il a estimé que ce forum vient à point nommé car, il permettra aux participants d’analyser la situation actuelle des foyers coraniques et d’engager un processus favorable à leur intégration dans l’éducation non formelle. Et le président par intérim de la communauté musulmane du Burkina Faso, El Hadj Adama Sakandé, de confirmer que la situation des enfants en situation de rue n’est reluisante. A l’entendre, selon une étude menée dans la ville de Ouagadougou par l’ONG « Kéoogo » en 2009, 8 063 enfants sont dans cette condition.
Pour une intégration
des écoles coraniques dans le système éducatif
Jadis considérés comme des creusets du savoir, de la formation intellectuelle, mais surtout de l’acquisition de la morale islamique et de la discipline, El Hadj Sakandé s’est interrogé, si les mutations subies par les foyers coraniques ne les ont pas détournés de leur objectif premier. Ces journées de réflexion devront contribuer à améliorer durablement les conditions de vie et d’apprentissage des talibés et à réduire de manière significative le phénomène des enfants en situation de rue. Pour M. Sakandé : « Les défis que nous devons relever sont nombreux et nous interpellent à un élan de solidarité nationale pour une meilleure intégration des foyers coraniques dans l’organisation de notre système éducatif ». Pour le ministre délégué en charge de l’alphabétisation, Amadou Diemdioda Dicko qui a présidé l’ouverture des travaux, cette rencontre se veut être une réponse à la promotion de l’éducation pour tous. Pour lui, elle va servir de cadre pour la mise en œuvre d’une feuille de route à même de sortir les enfants en situation de rue de leur état, à condition que la communauté musulmane accepte l’intégration d’un programme mixte dans son système. Il a avoué que depuis 1960, date à laquelle le Burkina a pris son indépendance, plusieurs stratégies pour la promotion de l’éducation ont été élaborées en vue de renforcer les compétences des communautés à la base par le biais de l’alphabétisation-formation. Malheureusement, a-t-il dit, les écoles coraniques bien qu’elles soient les premières en Afrique au Sud du Sahara, ne furent pas prises en compte dans le système classique. A l’entendre, c’est pour corriger cette injustice et donner la chance à chaque citoyen de réussir sa vie et participer à l’œuvre d’édification nationale que ces journées ont été instituées. Il les a rassurés quant à un lendemain meilleur en précisant : « ces enfants talibés n’auront plus de places dans la rue à la recherche d’une subsistance journalière incertaine mais plutôt dans un local approprié où se dispensent des savoirs conformes aux attentes des parents et de la société ».