La vérité est que bien de candidats n’en n’ont pas le profil
En attendant que les voix les plus autorisées fassent le point du Baccalauréat 2018, l’on peut faire le constat que les choses ont pratiquement tourné à la catastrophe en ce qui concerne les résultats du 1er tour de la série A4. En rappel, cette série a une dominante littéraire. Les matières les plus emblématiques et qui de ce fait ont un coefficient très élevé sont le Français et la Philosophie. Tout candidat qui viendrait à avoir une note mauvaise dans ces disciplines est pratiquement condamné à ne pas réussir le premier diplôme universitaire. En théorie, ceux qui sont orientés dans les filières littéraires sont censés avoir des connaissances éprouvées dans la langue de Molière. Mieux, ils sont censés posséder la culture générale et littéraire au point de se donner plus de chances de tirer leur épingle du jeu face à l’épreuve de dissertation. En commentaire composé, les choses sont aussi compliqués. En effet, pour réussir cette épreuve, non seulement les candidats doivent comprendre le texte à commenter mais aussi posséder les outils d’analyse littéraire de sorte à justifier le fond par la forme. Toute chose qui s’apparente à un fleuve infranchissable pour les candidats qui ont un niveau approximatif en Français. L’épreuve de contraction de texte n’est pas moins contraignante. Ici en effet, il s’agit de comprendre le texte et de le restituer selon un volume requis. Et cela ne suffit pas pour avoir une bonne notre, puisqu’à cela, il faut ajouter la reformulation du texte. Cet obstacle franchi, le candidat doit expliquer deux mots ou expressions dans leur contexte. Le tout est couronné par un muni sujet de dissertation. Et les candidats y laissent très souvent des plumes. Bref, pour réussir l’épreuve de français, les candidats doivent faire preuve de rigueur dans l’analyse du sujet, du sens de la concision, de la reformulation et d’une maîtrise centaine des exigences en matière de construction de sens d’un texte. Tout cela manque cruellement à nos candidats. Résultat, les notes sont catastrophiques. Les rares élèves qui font de bonnes productions se recrutent généralement dans les établissements à caractère confessionnel ou encore dans les établissements sanctuaires où on ne badine pas avec les effectifs. Nous n’allons pas les citer ici mais tout le monde peut aisément les imaginer. En réalité, les échecs massifs au BAC série A4 pourraient s’expliquer par le fait que bien de candidats n’en n’ont pas le profil. Une foultitude d’entre eux sont orientés dans les séries littéraires par défaut. Après l’admission au BEPC (Brevet d’études du premier cycle) tout le monde s’arroge le droit d’aller au second cycle. Or le BEPC seul ne suffit pas. Il faut en plus, avoir l’entrée en seconde. Cet impératif est royalement ignoré des parents. L’essentiel est que leur enfant s’inscrive en seconde. Et la seconde « fourre tout » si l’on peut s’exprimer ainsi est la seconde A. En seconde C où les mathématiques et les sciences physiques sont d’un niveau élevé, ceux qui s’y aventurent alors qu’ils ne sont pas à la hauteur des matières qui l’on vient de citer risquent du jeter l’éponge à la fin du premier trimestre. Et très souvent, ces rebuts de la C trouvent leur salut en D ou en A. Une autre explication que l’on pourrait avancer pour justifier les mauvais résultats partiels au Baccalauréat série A4 est lié à ceci. A la faveur des réformes opérées par la Fonction publique, le BAC est devenu un diplôme qu’il faut obligatoirement posséder pour être autorisé à postuler à certains emplois, qui initialement, étaient ouverts au BEPC. Résultat, on a assisté cette année à une ruée massive de fonctionnaires et des candidats libres vers le BAC. Certains d’entre eux n’ont même pas eu le temps de se remémorer leur cours de mathématiques, d’anglais et d’allemand. Les résultats ont tout simplement été un désastre pour les candidats de ce profil. De l’avis de bien d’acteurs, les meilleures productions en Français et en philosophie sont celles curieusement des séries scientifiques (C, D, E). En l’on peut tenter d’expliquer cela. En effet, « les têtes bien faites » de notre système éducatif sont orientées dans ces séries, avec la complicité des parents. Le plus souvent, c’est avec la mort dans l’âme qu’ils envoient leurs enfants en A. De tout ce qui précède, l’on peut comprendre pourquoi les séries littéraires brillent par leur mauvais rendement au BAC.