Après avoir adopté une tactique "hérisson " basée sur l’abnégation tout au long du tournoi, la France est parvenue au bout de son rêve, en battant la Croatie en finale sur le score probant de 4 buts à 2, le 15 juillet 2018 à Moscou. C’est le couronnement de la carrière d’entraîneur de Deschamps "l’italien” qui devient du même coup l’un des personnages les plus importants du football français.
L’école italienne (le fameux catenaccio) portée sur les fonts baptismaux par Helenio Herrera, puis perfectionnée lors du Mondial 1982 par Enzo Bearzot et parachevée en 2006 par Marcelo Lippi lors du tournoi allemand, a vraiment du bon. Didier Deschamps nous en a donné, une fois de plus, la preuve lors de la dernière levée de la Coupe du Monde en bâtissant une équipe basée essentiellement sur le contre, avec la vitesse de Mbappé et la précision de passe de Paul Pogba comme clés de voûte. C’est vrai que ce jeu manque de flamboyance, qu’il n’est pas "bandatif " comme on le dit dans notre milieu, mais l’efficacité qu’il y a au bout, rend toute critique inopérante. Et puis, en dépit d’un manque de maîtrise dans le camp français en raison du poids de l’enjeu et de la jeunesse de l’effectif, les deux éclairs de génie de Paul Pogba et de Kylian Mbappé sont venus apporter un peu de baume au cœur des amoureux du beau football. Le jeu justement, parlons-en pour dire qu’il n’a pas atteint les cimes en raison donc de la fatigue nerveuse et physique constatée dans les deux camps. Les Croates qui avaient trois prolongations dans les jambes n’avaient plus la "gnac” nécessaire pour développer leur football qui en raison du redoublement des passes, exige de la tonicité au niveau des joueurs. N’ayant plus de jus dans le réservoir, le triangle d’or croate (Modric-Rakitic-Mandzukic) s’est éteint progressivement, et, seule la fébrilité des Français aura empêché le score d’être plus lourd. Une fébrilité compréhensible disions-nous, en raison de la jeunesse de l’effectif français qui a failli plomber le rêve. Avec une moyenne d’âge de 26 ans, les Bleus sont promis à un bel avenir, même si les habituels cadors, tous minables lors de ce tournoi, ne les laisseront pas installer une dynastie. Surtout qu’il leur faudra trouver très rapidement une pointe de classe mondiale, place qui semble toute promise au golden boy, Kylian Mbappé. Un Mbappé sur lequel on ne peut que s’attarder en raison des exploits qu’il réalise à un aussi jeune âge. Si l’on osait la comparaison avec leurs aînés de 1998, on pourrait dire que Mbappé est le Thierry Henry de 2018, avec sa pointe de vitesse et ses "feuilles mortes” qui rappellent l’ancien Gunner. Avec sa large gamme de dribbles, le meilleur jeune de cette Coupe du Monde se présente comme le "monstre” de la prochaine décennie. Surtout que Neymar et Messi ont le blues et que l’âge de la retraite approche pour Ronaldo. A lui donc de faire les bons choix dans sa carrière pour continuer à rester au sommet. De plan de carrière, parlons-en pour nous interroger sur celui de Deschamps qui va certainement gamberger dans sa tête ses prochaines semaines. Le Basque semble user aussi bien physiquement que mentalement et, après avoir touché le Graal, il pourrait se dire que tout est accompli. Dans la bouche du nouveau messie du football français, avouez que cela ferait classe. Pour
l’heure, les Français ont quatre ans pour célébrer ce titre suprême (la 2e de son histoire après 1998), et on peut parier qu’ils ne s’en priveront pas. En définitive, seule la victoire est belle et cela restera comme la marque de fabrique de Didier Deschamps. Le "petit” Basque est devenu définitivement grand.