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Restauration du Lac Bam : ’’Il y aura pas d’inondations et les populations seront indemnisées’’ (Responsable)

Publié le vendredi 13 juillet 2018  |  AIB
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L’exécution du Projet de restauration, de protection et de valorisation du lac Bam, temporairement compromise par des incompréhensions de certains riverains, a repris de plus belle, au bonheur de son Coordonnateur Ousmane Bonkoungou. Il a confié à l’AIB que les populations ne connaitront pas de dommages collatéraux. Mieux, d’après lui, en plus des indemnisations, les infrastructures connexes (périmètres irrigués, routes, forages, magasins, étangs piscicoles…) changeront qualitativement leurs vies et celles de très nombreuses autres personnes.



Agence d’information du Burkina (AIB): Qu’est-ce qui a milité en faveur de l’avènement du projet de restauration, de protection et de valorisation du lac Bam ?

Ousmane Bonkoungou (OB): Le projet de restauration, de protection et de valorisation du lac Bam est un cri de cœur des populations du Bam qui, en voyant le lac menacé de disparition ont appelé au secours. Ce cri de cœur a été entendu par le gouvernement qui a décidé de réagir parce que le lac est aussi un site classé Ramsar.

C’est donc dans ce cadre que le gouvernement burkinabè et la Banque ouest africaine de développement (BOAD) ont décidé de mettre en place ce projet dénommé projet de restauration, de protection et de valorisation du lac Bam qui s’exécutera en deux phases. La première phase va de 2017 à 2021, et consistera à restaurer le lac (c’est-à-dire sa capacité), à entreprendre des mesures de protection et à valoriser le potentiel disponible.

AIB : En quoi consistera la mise en œuvre de la première phase qui a été lancé par le Président du Faso Roch Kaboré, en mars 2017 ?

O. B : Dans la première phase, qui coûtera près de 12 milliards 126 millions de franc CFA, il y aura trois volets essentiels.

Le premier qui est la restauration du Lac, consistera à réhabiliter le radier et en même temps il y aura un rehaussement de 25 cm pour mobiliser près de 7,2 millions de m3 d'eau.

La protection qui va consister à réaliser une bande de servitude large de 100 m dans laquelle, il sera planté des espèces d’arbres adaptés pour protéger les berges du lac.

Et enfin, la valorisation qui va consister à créer de nouveaux périmètres irrigués au profit des populations du Bam et particulièrement les populations riverraines. En plus de cela, il y aura aussi la réalisation d’infrastructures agro-pastorales et de pêche au profit des populations.

AIB : Quels sont les acteurs de mise en œuvre du projet ?

O.B : Il y a une unité de gestion du projet (UGP) qui a été mise en place. Cette unité qui assure la coordination des activités, regroupe au moins cinq cadres de différents profils et du personnel de soutien.

Aussi, le projet fait appel à plusieurs structures, principalement celles décentralisées et déconcentrées pour une meilleure mise en œuvre du projet.

Ceci dit, nous aurons la participation de plusieurs acteurs à commencer par la population bénéficiaire qui doit s’organiser pour participer au projet en assurant l’exploitation et l’entretien des infrastructures.

Les groupements, à travers leurs représentants, vont assurer la fourniture d’intrants agricoles, l’organisation, le stockage et l’écoulement des produits agricoles et la négociation des prix.

Les collectivités territoriales comme les mairies de Zimtanga et de Kongoussi et les conseillers villageois de développement (CVD) des deux communes vont contribuer à la mobilisation sociale dans le but d’une meilleure adhésion des populations au projet.

On aura aussi les services techniques déconcentrés qui participeront à l’exécution des travaux du projet. Ce sont la Direction en charge des Infrastructures et du Désenclavement, de la Direction en charge de l’Eau, celle en charge de l’Agriculture, la Direction en charge de l’Environnement, et de celle en charge des Ressources animales.

L’Agence de l’Eau du Nakanbé et le comité local de l’eau (CLE) quant à eux, interviendront dans la délimitation de la bande de servitude, sa protection et l’appui à la réalisation des infrastructures hydro-agricoles et de pêche.

AIB : Quels seront les bénéficiaires du projet ?

OB : Le projet profitera à tous les Burkinabè. Mais les populations de la commune de Kongoussi et de Zimtanga profiteront beaucoup plus parce que leurs terres seront davantage valorisées et leurs productions agricoles connaîtront une hausse.

Un autre avantage est que les femmes seront assez représentatives parce une bonne partie des périmètres seront aux femmes. Les jeunes aussi bénéficieront du projet en ce sens qu’ils seront beaucoup plus sollicités dans les travaux aussi bien sur le terrain qu’à l’exploitation des périmètres et de la réalisation de certains ouvrages.

(AIB) : Quels sont les infrastructures qui seront réalisées dans la première phase du projet ?

OB : Au titre des infrastructures à réaliser, il y aura la réhabilitation du radier et la réalisation d’un ouvrage de franchissement (dalot multiple) au niveau du lac sur la route Kongoussi –Kaya (Ndlr : RN 15) pour permettre de traverser le Lac en toute saison.

Il yaura la réhabilitation de la piste passant par la paroisse Notre Dame du Lac et le quartier Saint-Paul, longue de 1,5 k, qui permettra de désenclaver cette partie de Kongoussi.

À ce niveau nous allons réaliser trois dalots et relever la côte de roulement par une route en remblai pour éviter que la piste ne soit encore inondable en saison des pluies.

D’autres ouvrages connexes comme des forages, des magasins de stockages, des latrines, des parcs de vaccination, des pistes à bétail des étangs piscicoles et bien d’autres, sont aussi prévus.

AIB : Pouvez-vous nous expliquer la notion de ‘’rehaussement technique du seuil du lac’’ qui fait souvent l’objet de débats à Kongoussi ?

OB : Parlant du seuil du lac, Il faut d’abord comprendre qu’il s’agit du radier qui sert de franchissement au niveau de la route Kongoussi Kaya. Pour ceux qui connaissent bien les lieux, ils verront que le radier est fissuré à plusieurs endroits et demeure impraticable en saison des pluies.

Donc il s’agira pour le projet de le réhabiliter tout en procédant à un relèvement technique de 25cm de son niveau (côte) actuel qui sera surmonté par un système de 11 doubles dalots, Le tout étalé sur une longueur de 196m. Ce rehaussement de 25 cm ne va pas entrainer une sortie de l’eau sur son ancien lit.

Aussi, permettra-t-il de retenir un surplus d’eau qui va servir à l’irrigation des périmètres qui seront aménagés dans le cadre du projet. Si tout se déroule convenablement, le dalot multiple qui mesure 196 m sera livré en fin juillet 2018.

AIB : Est-ce que le relèvement technique ne va pas occasionner des dommages pour les populations riveraines ?

OB : Pour ce qui est du rehaussement technique, Il faut dire que le dimensionnement hydraulique et la prise en compte des impacts de ce rehaussement en amont ont permis de faire une simulation et de pouvoir retenir 25cm qui ne peut pas avoir un impact significatif en termes de dommage. En claire, le rehaussement de 25 cm ne peut pas provoquer une inondation comme le pensent certains riverains.

AIB : Quels types d’aménagement agricoles seront réalisés pour cette première phase ?

OB : Comme aménagements agricoles, il est prévu la réalisation de périmètres en système d’irrigation semi- californien (système d’irrigation par pompage généralement utilisé par les producteurs) en amont et en aval du radier.

En amont on a prévu d’aménager 282 hectares et en aval 240 hectares. Les topographes sont en train de s’activer sur le terrain pour être dans les délais. Ceux qui habitent du côté de Zimtanga ont dû les apercevoir à l’œuvre.

AIB : Et comment se fera la répartition des périmètres aménagés ?

OB : A ce sujet, il faut dire que nous avons eu des entretiens avec les populations riverraines du lac et nous sommes parvenus à des compromis avec eux. Nous allons nous inscrire dans la logique des pratiques habituelles. Ça veut dire que les périmètres seront utilisés comme des champs en hivernage par leurs propriétaires et exploités en saison sèche par ces mêmes propriétaires terriens et d’autres exploitants.

AIB : Que signifie bande de servitude ?

OB : La bande de servitude est une mesure de protection hydrographique. Il est encadré au Burkina Faso par des textes. La loi dit que c’est à partir de la limite des plus hautes eaux sur une largeur de 100m. C’est une zone dans laquelle l’activité intensive est interdite.

Seules les productions non dégradantes y sont autorisées. Pour le cas précis de notre projet, le lac sera délimité avec l’appui de l’agence de l’eau du Nakanbé qui est la structure de l’Etat habilité à le faire, et ceci en collaboration avec les différentes parties prenantes (collectivités, riverains du lac etc.)

AIB : Qu’est ce qui est prévu pour ces personnes qui seront impactées par cette bande de servitude ?

OB : Il faut rappeler qu’en rapport avec l’indemnisation des personnes affectées par le projet, des études ont été faites depuis 2013. Mais depuis ce temps, les choses ont évolué. Les chiffres qui se trouvent dans cette étude ne sont plus d’actualité.

Un comité d’actualisation et de vérification des biens a été mis en place par Madame le gouverneur du Centre Nord et il implique l’ensemble des parties prenantes. C’est sur la base des travaux de ce nouveau comité que les personnes concernées seront indemnisées.

Il faut aussi rappeler à ce sujet qu’il y a une nouvelle grille d’indemnisation qui a été adoptée par le parlement burkinabè récemment qui sera utilisée comme référence en temps opportun.

Qu’en sera-t-il du résultat des études de 2013 ?

OB : Comme je l’ai annoncé tantôt, Il faut dire que ces résultats ne sont plus d’actualité parce qu’il y a un nouveau comité qui a été mis en place.

Avec la matérialisation de la bande de servitude, il y aura certainement l’ajout d’un certain nombre de personnes qui n’étaient pas prises en compte en 2013. Donc l’indemnisation concernera toutes ces personnes et ce, conformément au référentiel du gouvernement. Parmi les biens, il y en a qui sont collectifs, d’autres sont individuels. Mais tous seront indemnisés.

AIB : Et si malgré tout il y’a toujours des voix discordantes par rapport à cette question d’indemnisation ?

OB : A ce niveau, nous avons aussi prévu un mécanisme qui permet à toute personne qui se sentirait lésée de pouvoir faire valoir ses droits. La mise en place d’un comité de plainte est en cours. Il pourra enregistrer toutes les plaintes et en statuer en se déplaçant sur le terrain.

AIB : En quoi consistera la deuxième phase du projet ?

OB : Pour ce qui est de la deuxième phase, Il s’agira pour le projet de faire une étude approfondie de l’envasement du lac et de la mise en œuvre du curage.

Pour ce qui est du curage, Il va consister à évacuer les matériaux qui se sont accumulés au fil des années. Il se fera selon les mesures et les recommandations qui seront définies par l’étude. Cela permettra de restaurer le lac à une capacité optimum et de mobiliser davantage d’eau pour beaucoup plus de production.



AIB : Un mot pour conclure…

OB : Nous demandons aux populations de rester à notre écoute, de toujours chercher la bonne information afin de nous aider à bien réussir l’exécution du projet. Je ne saurais terminer mon propos sans remercier l’ensemble des services techniques déconcentrés, les collectivités territoriales et toutes les autorités coutumières et administratives et personnes ressources qui nous ont toujours épaulé dans la réalisation de notre mission.

Agence d’information du Burkina

Entretien réalisé par Asmado RABO
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